Des stratégies appliquées aux élèves ayant des troubles d’apprentissage

Les élèves ayant des troubles d’apprentissage sont décrits comme des personnes douées d’une intelligence moyenne, qui éprouvent des difficultés à traiter l’information et des difficultés inattendues dans leur apprentissage scolaire. Les domaines de traitement de l’information pouvant être touchés sont les suivants: aptitudes phonologiques, langagières et visuelles, attention, mémoire, vitesse de traitement et fonctions exécutives. Les principes qui sous-tendent la programmation pour les élèves ayant des troubles d’apprentissage sont les suivants: la programmation doit se fonder sur les forces et les besoins de l’élève; la programmation est un processus actif qui doit être constamment ajusté pour répondre aux besoins de l’élève; les élèves ayant des troubles d’apprentissage doivent participer au programme d’études régulier.

Des recherches montrent que l’intervention la plus efficace en programmation pour les élèves ayant des troubles d’apprentissage est celle qui combine l’enseignement direct, l’enseignement de stratégies et la répétition avec la pratique. Il existe beaucoup de modèles d’enseignement direct de stratégies, et celui qui est le plus recommandé est le modèle de développement d’une stratégie d’autorégulation. Les troubles d’apprentissage se traduisent par des dysfonctionnements dans un ou plusieurs des processus neurologiques qui servent à l’acquisition et au développement du langage oral, de la lecture, de l’écriture, des mathématiques, des aptitudes sociales, des fonctions exécutives, de la mémoire et de la motricité. Certains comportements communs sont souvent observés chez les élèves ayant des troubles d’apprentissage:  hyperactivité, une faible capacité de concentration, orientation confuse spatio-temporelle, l’incapacité de suivre des instructions orales, l’inversion des lettres à l’écrit, des fautes d’orthographe faites fréquemment.

La planification de l’enseignement basée sur les principes de la conception universelle fournit aux divers types d’apprenants de multiples options pour: acquérir de l’information et des connaissances; démontrer ce qu’ils savent; être motivés, stimulés et intéressés. L’enseignement différencié est une méthode d’enseignement et d’évaluation où l’on modifie la présentation du programme d’études de façon à tenir compte des divers styles d’apprentissage, intelligences multiples, intérêts et points forts des élèves. L’adaptation est un changement apporté à la méthode d’enseignement, aux ressources, aux devoirs ou aux produits de l’élève. Le recours à des adaptations est compatible avec le principe de l’inclusion et de l’enseignement différencié. L’enseignement direct comprend la modélisation des processus explicites ainsi que les processus implicites (processus mentaux) qui sont nécessaires pour mener à bien une tâche. Si les élèves ont pour tâche d’écrire un essai, ils devront appliquer un processus de résolution de problèmes avec un certain nombre d’étapes implicites et explicites. Le processus impliqué dans le choix d’un sujet peut sembler simple à un élève quand l’enseignant écrit quelques mots pour décrire le sujet. Il s’agit d’un comportement explicite ou observable. L’enseignement d’échafaudage est une approche pédagogique qui permet à l’enseignant de fournir un enseignement hautement explicite et organisé à certains élèves tout en favorisant la transition entre les niveaux actuels de compétences et de connaissances et des niveaux plus élevés.

L’enseignement de stratégies est une méthode pédagogique qui aide à l’apprentissage des élèves où l’enseignant montre des façons d’organiser l’information, de comprendre le sens des nouvelles informations et de faire le rapprochement entre ces nouvelles informations et ce qu’ils savent déjà. Les stratégies suivantes sont particulièrement efficaces: poser des questions et y répondre; résumer les idées; utiliser des organisateurs graphiques. écoute active; pensée active; écrire pour apprendre; paraphraser. Le modèle de développement de stratégies d’autorégulation souligne la nécessité de fournir aux élèves les connaissances métacognitives essentielles sur les stratégies qui sont enseignées. La pratique répétée- l’application concrète de nouvelles informations renforce les connexions neuronales au cerveau et en crée de nouvelles. La pratique devrait être une répétition délibérée et axée sur un but précis.

L’emploi de supports visuels est l’une des stratégies pédagogiques les plus recommandées pour les élèves atteints de troubles du spectre autistique, car l’information visuelle est en général traitée avec plus d’efficacité que l’information orale. Il y a un lien entre le comportement, la communication et les supports visuels: les causes des difficultés de comportement sont souvent liées aux difficultés de communication; le remède pour améliorer le comportement est d’améliorer la communication. La méthode consiste à utiliser des stratégies visuelles pour appuyer la communication. Des méthodes efficaces de support visuel sont: le modelage passif- pour que les élèves puissent voir ce qu’on attend d’eux, on leur fournit des exemples visuels et on démontre les tâches à réaliser; le modelage par vidéo: pour renforcer la notion de modelage passif, on utilise une vidéo pour montrer aux élèves des séries de tâches et des exemples de la façon dont elles sont réalisées. La technologie d’aide englobe des instruments informatiques très techniques (un processeur de synthèse vocal) et des ressources moins techniques (des supports visuels). La technologie utilisée pour appuyer les habiletés en communication d’un élève peut aussi servir à surmonter ses difficultés sur le plan de la motricité fine et l’aider à écrire. Beaucoup de stratégies pédagogiques qui s’avèrent efficaces auprès des élèves atteints de TSA peuvent aussi l’être pour les élèves atteints du syndrome d’Asperger.

La personne Asperger aura besoin d’une formation dans l’art de la conversation. Cette formation devrait comporter des explications sur les conventions et les codes sociaux, la possibilité d’apprendre et de pratiquer l’art de la conversation. On peut enseigner les nouvelles aptitudes aux enfants Asperger et les entraîner à leur mise en pratique à l’aide de jeux et d’activités de rôles. En classe, une activité pour inciter à la discussion peut consister à demander aux enfants de travailler en binômes. Le programme pour améliorer les aptitudes de conversation se compose d’activités destinées à améliorer: la capacité d’écoute, l’aptitude à faire et à recevoir des compliments et des critiques, l’aptitude à faire une transition pour initier un changement de sujet. Les adolescents Asperger peuvent accepter un tutorat portant sur la capacité à tenir une conversation, lorsque ce tutorat fait partie intégrante d’un cours de théâtre. Les conversations autour de bandes dessinées peuvent être utilisées pour expliquer ce que quelqu’un pense ou ressent dans une conversation. Les enfants Asperger font les plus grands progrès dans les aptitudes intellectuelles et scolaires dans un environnement calme. Il faudra faire très attention à la surcharge sensorielle et au stress.

Les élèves qui éprouvent des difficultés à suivre les cours peuvent utiliser du matériel audiovisuel (films, albums, diapositives, dessins, etc.) ou des objets. Pour les élèves qui n’ont pas une bonne mémoire, les idées essentielles doivent être écrites au tableau ou sur une feuille de travail. D’autre méthodes d’apprentissage individualisées peuvent également être utilisées. Si un élève ne peut pas écrire aussi vite que les autres ou a des difficultés d’orthographe, l’un des collègues peut l’aider ou l’enseignant peut enregistrer la présentation. Le travail en groupe offre aux enfants ayant des difficultés d’apprentissage la possibilité de collaborer avec les autres, à travers des  discussions ou des jeux de rôle. Le groupe d’opinion se déroule  à travers des discussions libres, mais sur un certain sujet. Le groupe de travail guidé vise à atteindre plusieurs objectifs. Le petit nombre de participants permet à chacun de participer activement et on peut évaluer rapidement comment chaque élève acquiert individuellement. Le groupe de discussions libres est utile pour apprendre certaines compétences de base. On fait appel au groupe de simulation, inspiré par le jeu de rôle, pour étudier des situations réelles. Les avantages de l’utilisation d’un ordinateur pour éduquer les élèves ayant des difficultés d’apprentissage sont nombreux: correction instantanée; possibilité de répéter les exercices; individualisation des sujets; interaction avec l’élève; évaluation continue du niveau d’apprentissage et de compréhension de l’élève; uniformité de présentation, d’application et d’évaluation.

Les activités de systématisation du vocabulaire peuvent être effectuées à l’aide de mots écrits ou d’images: sur une feuille on répertorie certaines catégories (jeux, animaux, fleurs) avec ou sans images. On peut donner à l’élève des tâches variées: écouter ou lire les mots qui entrent dans ces catégories; écouter ou lire des phrases à transformer en leur donnant le sens opposé; reconnaître les éléments les plus courts d’une phrase. Parmi les méthodes de développement du langage et de la pensée on peut compter: la méthode Stauffer- méthode d’apprentissage de la lecture en résolvant des problèmes en groupe, développée par Russell Stauffer; la méthode Giasson- l’apprentissage de la lecture basé sur l’utilisation des différences fonctionnelles du langage, décrites par J. Giasson et J. Theriault, permettant à l’enfant d’atteindre un objectif précis, de poursuivre un intérêt personnel; la méthode collective Dorsey Hammond- pour une meilleure compréhension par l’élève de la lecture faite ; la méthode des questions, décrite par A. V. Manzo, enseignant aux élèves à poser des questions, à comprendre ce qui a été lu; la méthode des textes piégés- l’omission volontaire par l’enseignant de certains mots du texte (uniquement les adjectifs, les verbes, les adverbes et les noms) et leur complétion par l’élève; la visualisation- méthode permettant aux élèves de représenter mentalement ce qu’ils ont vu, lu ou entendu; la méthode du cadre semantique- expliquée par Glenn Freedman et Elisabeth Reynold, favorisant la compréhension de la lecture par l’organisation visuelle de l’information; la méthode de la lecture guidée- développée par A. V. Manzo, permettant aux élèves de se rapporter à ce qu’ils ont lu.

Les méthodes d’intervention dans l’apprentissage de l’orthographe sont: la methode Stauffer – permettant d’explorer les ressources intellectuelles, linguistiques et culturelles de l’enfant. (L’élève dicte une histoire à l’enseignant et voit comment ses mots se transforment en mots écrits); la méthode Cunningam- les élèves qui n’ont pas acquis un vocabulaire suffisant recevront une phrase qu’ils devront compléter; la méthode Lentin- basée sur des méthodes antérieures, visant à améliorer le langage oral avant de l’appliquer à la lecture et à l’écriture. En tant que stratégies d’apprentissage on peut mettre en évidence: la schématisation, la technique des parcours répétés, l’autointerrogation, la rédaction d’un paragraphe. La schématisation permet aux élèves d’améliorer les compétences d’étude personnelles, ainsi que la capacité d’organiser le sujet, de résumer et de planifier un essai. Cette méthode peut être utilisée pour développer la mémoire à long terme, ainsi que pour les révisions. La technique des parcours répétés permet de recueillir des informations à partir de plusieurs sources. L’élève lit le texte plusieurs fois, poursuivant à chaque fois un objectif différent. L’autointerrogation est utile pour améliorer les compétences en lecture. Les élèves posent des questions pendant qu’ils lisent et notent leurs réponses lors d’une deuxième lecture. La rédaction d’un paragraphe est un procédé qui implique les étapes suivantes: rédaction d’une phrase d’introduction; rédaction de trois phrases descriptives; formulation d’une dernière phrase.

En guise de conclusion, on constate qu’il est nécessaire d’offrir à l’élève ayant des troubles d’apprentissage les conditions propices pour améliorer ces troubles: un support visuel pour illustrer le message verbal; la répétition d’une règle, d’une explication; la facilitation de la mémorisation; l’intégration des notions nouvelles sous forme de jeu (les jeux de rôle, les cours de théâtre, les bandes dessinées); l’emploi des méthodes variées pour développer le langage, la pensée. Avant de commencer un nouveau module, il est nécessaire de donner à l’enfant le temps d’explorer les notions en lui demandant de regarder les titres, les sous-titres et les images de ce module; répéter l’exposé; avoir recours à l’ordinateur. La collaboration entre les élèves et les professeurs, le partenariat dans l’apprentissage et l’ouverture de l’école vers les besoins de toutes les catégories d’élèves offrent à l’institution scolaire le rôle de composante fondamentale du système social, capable de résoudre des problèmes concernant la capacité de chaque individu de s’adapter au cadre de la société.

Bibliographie
– Attwood, Tony, 2010, Le syndrome d’Asperger. Guide complet, Ed. De Boeck, Bruxelles.
– Barabe, Danielle, Labranche, Louise, Laflamme, Josée,1999, Élève en deficit d’attention. Guide d’intervention de l’enseignant, Commission Scolaire de l’Énergie, Quebec.
– Éducation Alberta, 2007, Révéler le potentiel: Éléments clés de la programmation à l’intention des élèves ayant des difficultés d’apprentissage. Edmonton.
– Gherguţ, Alois, 2006, Psihopedagogia persoanelor cu cerinţe speciale, Editura Polirom, Iaşi.
– Ministère de l’Éducation, 2007, Pratiques pédagogiques efficaces pour les élèves atteints de troubles du spectre autistique. Guide pédagogique, Imprimeur de la Reine pour l’Ontario.
– Muşu, Ionel, 2000, Ghid de predare-învăţare pentru copiii cu cerinţe educative speciale, Editura Marlink, Bucureşti.

 

prof. Livia Păvălașcu

Școala Gimnazială Nr. 18, Galați (Galaţi) , România
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