L’article traite de l’impact de l’intelligence artificielle (IA) dans l’enseignement-apprentissage du FLE. L’idée centrale est que l’IA peut améliorer l’enseignement des langues à condition que les enseignants et les élèves l’utilisent de façon éthique. Si pour les enseignants, l’IA aide à la préparation des cours, y compris à l’évaluation des acquis, pour les élèves, elle offre un soutien précieux à l’écriture, à la recherche et au développement de la pensée critique. Une utilisation responsable de l’IA pourrait transformer l’éducation, ouvrant la voie à des expériences d’apprentissage et d’enseignement enrichissantes.
Qui n’a pas encore utilisé l’IA ou, au moins, entendu parler de cette révolution technologique qui a bouleversé le monde ? Une „découverte” qui est perçue différemment par les gens. Certains croient que l’IA a plus d’inconvénients que d’avantages, le problème le plus important étant celui du plagiat, parce qu’elle utilise des données stockées en ligne depuis des dizaines d’années. D’autres, au contraire, trouvent que c’est une avancée technologique qui nous aidera à accomplir des tâches plus rapidement et donc à gagner plus de temps pour nous. Les perspectives sont bien différentes, ce qui est clair et qui ne peut pas changer, c’est le fait que cette technologie va se développer à un rythme de plus en plus alerte et qu’elle est devenue plus qu’une nécessité. Il est urgent de bien comprendre son fonctionnement et de l’utiliser de manière responsable et efficace. Ne pas le faire revient à scier la branche sur laquelle on est assis, à s’isoler du progrès et créer des décalages plus grands entre les générations. Faire un allié de l’IA est une vraie nécessité : « (…) il est tout à fait légitime de penser que l’IA a tout le potentiel pour révolutionner l’enseignement/ apprentissage du FLE. Ce n’est pas un monstre. Il ne faut donc pas tomber dans la technophobie, qui ne mène nulle part. Il s’agit plutôt pour les enseignants et les apprenants d’en faire un allié. » (Bentifraouine, J., & Liria, P., 2003: 59).
Le domaine de l’éducation, généralement connu pour son statisme et la difficulté d’adopter le changement, est directement visé par l’essor de l’IA, avec ses opportunités et ses risques. Il est évident que, dans l’enseignement des langues vivantes, les atouts de l’IA sont nombreux, à condition de savoir en profiter. Le marché des formations dédiées à ce sujet s’est progressivement développé, de telle sorte que de nombreux enseignants ont été initié aux différents outils (on peut même parler de plusieurs intelligences artificielles : Chat GPT, Gemini, Perplexity, Claude, Poe, etc.) pour les aider dans leur travail. Les apprenants aussi, souvent plus que leurs enseignants, sont au courant de ce qui se passe sur Internet et utilisent ces outils, de façon plus ou moins responsable, pour faire leurs devoirs écrits. Savoir utiliser l’IA de façon éthique reste pourtant un problème à résoudre. Les enseignants qui autorisent l’utilisation de l’IA doivent former leurs apprenants à cet usage. La mission des enseignants de langue devrait désormais intégrer des aspects liés à son utilisation par les apprenants afin d’améliorer les quatre compétences de base (la compréhension orale, la compréhension écrite, la production orale et la production écrite).
Dans les lignes qui suivent, nous allons présenter comment l’IA peut devenir un assistant pédagogique pour les enseignants et leurs élèves. Dans ce processus, la maîtrise de l’art du prompt joue un rôle fondamental, puisque l’IA fournit son aide pertinente si nous savons lui demander clairement ce que nous souhaitons.
L’IA comme assistant pédagogique de l’enseignant
Les vastes capacités de l’IA peuvent assister l’enseignant dans la préparation des cours et des évaluations. La rapidité avec laquelle elle fournit des informations sur divers sujets ou elle génère du contenu (des textes adaptés au niveau des apprenants, des exercices de toutes sortes, des quiz, des images, etc.) représente un atout qu’on ne peut pas ignorer. L’enseignant a le contrôle du contenu, un accès illimité et la possibilité de réutiliser les activités générées. Parfois, les résultats offerts par l’IA ne sont pas corrects à 100 %, certaines subtilités de la langue n’étant pas prises en compte, d’où la nécessité d’analyser rigoureusement un contenu avant de le proposer aux élèves.
Pour tirer le meilleur parti de l’IA, l’enseignant devra porter une grande attention aux prompts. Voici un exemple de création de contenu (texte) proposé par l’assistant Poe. Pour une activité de compréhension écrite, l’enseignant a besoin d’un dialogue au café entre le client et le serveur. Le prompt « Imagine que tu es dans un café. Écris un dialogue entre toi et le serveur pour un niveau A2 du CECRL. Demande une boisson et un plat, et n’oublie pas de poser quelques questions sur le menu » conduit au résultat suivant:
Client : Bonjour ! Je voudrais un thé, s’il vous plaît.
Serveur : Bonjour ! Quelle sorte de thé voulez-vous ? Nous avons du thé vert et du thé noir.
Client : Je vais prendre du thé vert, merci. Avez-vous des sandwiches ?
Serveur : Oui, nous avons des sandwiches au jambon et au fromage.
Client : Parfait ! Je prendrai un sandwich au jambon. Combien ça coûte ?
Serveur : Ça fait 8 euros en tout.
Client : Très bien, je paie maintenant. Merci !
Si l’enseignant n’en est pas satisfait, il peut demander à l’IA d’améliorer ou d’enrichir le dialogue. Par exemple, ajouter quatre autres répliques:
Client : Bonjour ! Je voudrais un thé, s’il vous plaît.
Serveur : Bonjour ! Quelle sorte de thé voulez-vous ? Nous avons du thé vert et du thé noir.
Client : Je vais prendre du thé vert, merci. Avez-vous des sandwiches ?
Serveur : Oui, nous avons des sandwiches au jambon et au fromage.
Client : Parfait ! Je prendrai un sandwich au jambon. Combien ça coûte ?
Serveur : Ça fait 8 euros en tout.
Client : Très bien, je paie maintenant. Merci !
Serveur : Vous voulez un dessert avec ça ? Nous avons des gâteaux.
Client : Oui, quel gâteau recommandez-vous ?
Serveur : Le gâteau au chocolat est très bon !
Client : D’accord, je vais prendre une part de gâteau au chocolat aussi.
Plus les requêtes sont simples et claires, plus la réponse de l’IA sera pertinente. Au cas où le dialogue ne correspondrait pas au niveau souhaité et aux besoins de formation des élèves (on peut utiliser deeptext.unice.fr/ pour faire la vérification), l’enseignant apportera les modifications nécessaires.
L’IA comme assistant pédagogique de l’élève
L’activité d’écriture en L2 (FLE), par exemple, demande un effort cognitif plus important qu’en langue maternelle. Si l’élève connaît déjà les étapes à respecter (planification, mise en texte, révision), il n’est généralement pas évident pour lui de s’exprimer en français, parce que l’influence des langues qu’il connaît et ses connaissances linguistiques en L2 ne sont pas au même niveau. Le blocage est inévitable dans la plupart des cas d’où l’intérêt de faire appel à l’IA comme assistant pédagogique.
L’élève qui utilise l’IA peut profiter d’au moins trois types d’assistance :
1) assistance à l’écriture,
2) assistance à la recherche et
3) assistance à la pensée critique.
Assister l’élève à la production écrite suppose différentes démarches qui contribuent à améliorer le texte en fonction des besoins : correction des erreurs (niveau débutant), suggestions pour la clarté et la cohérence du texte (niveau intermédiaire), restructuration des idées logiques du texte (niveau avancé). C’est à l’élève de demander à l’IA telle ou telle action en écrivant des prompts efficaces :
« Corrige l’orthographe, la grammaire et la ponctuation dans le texte ci-dessous. »
« Propose/ Suggère-moi des pistes d’amélioration du texte afin qu’il soit plus clair/ expressif/ cohérent. »
« Voici un plan sommaire pour produire un texte argumentatif sur le thème X. Affine mes arguments et génère un brouillon. »
En ce qui concerne, l’assistance à la recherche, l’élève pourrait faire appel à l’IA pour lui demander des informations de base ou des statistiques, des exemples sur un sujet donné, des arguments et des théories dont il a besoin:
« Fournis-moi des informations de base/ des statistiques/ des idées/ des exemples sur le sujet X. »
« Indique-moi des sources fiables sur le sujet X pour des lectures supplémentaires. »
Pour ce qui est de la pensée critique, l’IA pourrait aider l’élève à affiner ses idées, ses arguments, à mieux comprendre les idées des autres, à analyser de manière comparative différents points de vue:
« Suggère/ Propose-moi des arguments pour un débat sur le thème X. »
« Analyse mon texte sur le sujet X et propose des perspectives différentes. »
Conclusion
Le rôle des enseignants dans cette transformation numérique est plus qu’important. L’utilisation responsable de l’IA, tant par eux que par leurs élèves, favorisera une avancée dans le domaine de l’éducation. Il y aura ainsi un vrai changement de paradigme, fondamental dans la manière d’enseigner et d’apprendre. Dans ce nouveau contexte, le principe d’intégrité académique sera respecté et l’IA sera utilisée comme un outil d’aide à l’apprentissage et au travail autonome, et non comme un substitut à la pensée. Productivité et créativité, apprentissage personnalisé, interactif et efficace: voilà quelques caractéristiques à envisager lors de l’utilisation de l’IA en classe de langue.
Bibliographie/ Sitographie
Bentifraouine, J., & Liria, P. (novembre-décembre 2023). Apprendre et enseigner avec l’IA, un futur proche ? Le Français dans le monde, 449, 58-59. www.fdlm.org/pdf/fdlm-449-112023.pdf
*** Charte de l’utilisation de l’IA pour les apprenants
parlonsfrancais.francophonie.org/ressources/charte-dutilisation-de-lia-pour-les-apprenants/
*** vIAlang Valorisation par l’IA de l’apprentissage des langues vivantes étrangères
deeptext.unice.fr/FLE/ (pour identifier les niveaux du CECRL)