Le conte, avec son monde magique, fascine tous, petits et grands. Pourquoi choisir le conte comme support didactique ? Le conte a une double fonction, celle de divertir et celle d’instruire et favorise l’accès à l’imagination et l’éducation, donc le développement intellectuel, social et culturel et aussi le développement psychoaffectif des enfants, par les associations que ceux-ci font entre les personnages de conte et eux-mêmes, entre les problèmes que les héros doivent dépasser et leurs propres problèmes et inquiétudes.
Bruno Bettelheim, dans Psychanalyse des contes de fées, nous explique que « Pour qu’une histoire accroche vraiment l’attention de l’enfant, il faut qu’elle le divertisse et qu’elle éveille sa curiosité. Mais, pour enrichir sa vie, il faut, en outre, qu’elle stimule son imagination ; qu’elle l’aide à développer son intelligence et à voir clair dans ses émotions ; qu’elle soit accordée à ses angoisses et à ses aspirations ; qu’elle lui fasse prendre conscience de ses difficultés, tout en lui suggérant des solutions aux problèmes qui le troublent. »
J’ai commencé le voyage avec mes élèves dans ce monde plein de fantaisie, mais aussi garni de valeurs morales et culturelles, avec une courte pièce de théâtre, La Princesse Grenadine, sur un texte que j’avais reçu à l’occasion d’un stage. À ce moment-là, un groupe de jeunes filles, qui aimaient beaucoup le français ont mis en scène cette pièce de théâtre en français, à l’occasion de la Journée de la Francophonie. Elles se sont bien diverties en se déguisant en toutes sortes de personnages : le narrateur, le portier, le roi Camembert, la reine Tartopomme, la princesse Grenadine, Monsieur Méchant, Monsieur Timide, Monsieur Nerveux, Joli Tambour et ses camarades et autres personnages de la cour. Elles ont beaucoup travaillé pour bien se présenter à ce spectacle dédié à la Journée de la Francophonie. Pour cela, elles restaient après les classes faire des répétitions et elles ont prié leurs mères de leur faire des costumes. Elles ont chanté, ont dansé et ont essayé de bien jouer leurs rôles et de parler le plus correctement possible.
Cette première expérience a eu un tel succès que d’autres élèves, d’autres classes ont désiré faire de même. Ils m’ont priée de chercher d’autres contes pour monter d’autres pièces de théâtre. Et voilà l’idée ! Je leur ai dit d’essayer d’écrire eux-mêmes de courts contes. Ils m’ont dit que cela leur semblait un peu difficile, mais avec mon aide, ils pourraient réussir. Alors, j’ai proposé aux élèves de VIIe un cours optionnel: « Le français à travers les contes ». Ils se sont amusés et ont reconnu qu’ils ont appris beaucoup de choses par pur plaisir.
Ainsi, j’ai eu l’opportunité d’expérimenter le conte comme support didactique et d’observer les bénéfices qu’il a sur les enfants et tout ce qu’il peut apporter pour rendre la classe de langue plus intéressante. J’ai eu de belles expériences en classe, en utilisant les contes comme source pour un projet d’écriture et en proposant divers types d’exercices de compréhension du texte, de lexique, de grammaire, d’expression orale et écrite à partir de divers contes. Les enfants sont heureux d’écouter des contes, d’évoquer ce qu’ils connaissaient, et ainsi ils peuvent prendre plaisir à écrire leur propre conte. Le côté ludique des activités proposées à partir des contes les motive à être actifs et rend les classes plus dynamiques. À travers les contes, les enfants deviennent créateurs et la créativité est une valeur pédagogique nécessaire à l’éducation, le rôle de l’imagination étant très important dans la formation de l’individu.
En juin, j’ai été impliquée avec mes élèves dans un projet eTwinning initié par notre école, nommé « Fairy Tale Odyssey », où on a fait un travail bilingue, franco-anglais, avec nos partenaires français. Les élèves ont résumé deux contes roumains : « Iliane à la tresse d’or, dans ses cheveux la fleur chante, neuf royaumes autour l’entendent » et « Jeunesse sans vieillesse et vie sans mort », ont traduit les résumés en français et en anglais et se sont enregistrés en lisant les contes en français et en anglais. On a visé ainsi de développer les compétences d’expression écrite et orale dans les deux langues étrangères. Une autre activité du projet a été de tchater avec les élèves français pour apprendre plus de détails sur leurs contes et après dessiner des posters inspirés des deux contes proposés par nos partenaires : « Barbe Bleue » et « Le monstre Drac ».
Le conte est un excellent support pour faciliter l’apprentissage, l’acquisition de compétences dans le domaine scolaire. Il peut donner le goût de lire, mais aussi faciliter l’accès à l’écriture. Les élèves en difficulté face à l’écrit trouvent dans les activités proposées à partir des contes une aide efficace. On peut penser que l’accès à l’écriture et le plaisir d’écrire vont de pair avec la confiance en soi et en ses capacités. Je considère que la manière la plus appropriée pour motiver mes élèves à apprendre des notions de grammaire et de vocabulaire, à s’exprimer par écrit, mais aussi oralement, c’est le conte de fées, un univers qui est proche de leur cœur et qui les enseigne aussi des valeurs comme : le courage, la bonté, l’intelligence, l’amour. Et si parfois les contes de fées peuvent sembler un peu dépassés ou ne sont plus au goût des élèves actuels, on peut les moderniser ensemble, leur donner une autre fin ou inventer d’autres aventures ou d’autres moments où les actions se produisent, car le conte entretient l’imagination.
Bibliographie
Bettelheim, Bruno – Psychanalyse des contes de fées, Paris, Editions Robert Laffont, 2007
Chavanon, Agnès – Former des enfants conteurs, Paris, Editions Hachette Education, 2003
Rodari, Gianni – Grammaire de l’imagination, Voisins-le-Bretonneux, Editions Rue du Monde, 1997