L’apprentissage du vocabulaire français à l’aide des expressions figées

Une modalité efficace de développer la compétence de communication en franҫais, mais à laquelle on n’accorde pas l’importance méritée est représentée par l’utilisation des expressions figées telles que les expressions idiomatiques, les collocations, les proverbes, les dictons, les maximes. À l’aide de celles-ci, les élèves pourront acquérir plus facilement le vocabulaire nécessaire à la communication dans des situations quotidiennes visant des traits physiques et moraux, des plantes, des animaux, des vêtements, les parties du corps humain et seront capables de cette manière d’interagir avec les natifs franҫais.

La raison pour laquelle on doit accorder une grande importance aux expressions est le fait que l’enrichissement du vocabulaire ne signifie pas seulement apprendre des mots nouveaux, mais implique également apprendre des mots familiers dans de nouvelles combinaisons. En mettant l’élément collocationnel à la disposition des élèves, on ne leur offre pas seulement l’occasion de désigner des objets, des personnes mais aussi d’en parler. On rencontre dans les manuels scolaires des expressions figées au cadre des consignes, dans les textes, dans les exercices, mais ces expressions ne font que rarement l’objet d’un apprentissage spécifique. Il devient important que l’on s’arrête sur des éléments de ce type pour préciser leur sens, le contexte d’utilisation. Les textes littéraires, les articles de presse, les chansons représentent une vraie mine d’or pour travailler avec les séquences figées. Le repérage de celles-ci dans un texte et les activités associées peuvent être aussi une occasion de familiariser les élèves avec l’utilisation des dictionnaires

On a constaté le fait que dans les écoles de Roumanie le temps accordé à l’apprentissage de la grammaire franҫaise occupe la plupart du temps dédié aux classes de franҫais, tandis que le temps accordé à l’utilisation de la langue vivante, impliquant l’apprentissage du vocabulaire, est placé au plan secondaire. Un enseignement basé sur le vocabulaire et non sur la grammaire aurait le rôle de conduire à une meilleure compréhension de la langue.

Pour la mise en discours des expressions, on peut s’inspirer des procédés mnémotechniques, cherchant la rime dans l’invention des phrases à syntaxe analogue: Gaspard est rusé comme un renard/ Gaston est fou comme un mouton, dans des chansons : Mon chef est un vrai sauvage/ Devant mes tatouages/ Il devient vert de rage. On peut fournir des contextes pour traiter les expressions figées de manière systématique: Elle est bouche-bée – Elle est très étonnée,  Il a quelqu’un dans le nez – Il ne peut pas le supporter.

Une activité d’association peut prendre la forme d’une grille dans laquelle les collocations sont coupées en deux parties. L’élève recevra la grille et devra trouver les bonnes collocations. L’exercice de ce type qui sera le plus facile impliquera des collocations formées des verbes avec des noms. Les verbes donnés pourraient être:  faire,  donner  et  passer  et les noms à ajouter: le ménage,  l’examen,  la vaisselle,  les vacances,  un lit,  une erreur,  un avis,  l’aspirateur, etc. Après la complétion et la vérification de la grille, les apprenants pourraient recevoir la tâche d’employer les collocations trouvées dans des contextes propres afin de mieux mémoriser les structures par leur répétition.

Les jeux lexicaux occupent une place importante en tant que stratégie cognitive visant la pratique des expressions figées. Là où l’on trouve le jeu, il y a aussi le plaisir d’apprendre et on arrive à réduire au minimum l’effort ressenti lors du processus d’apprentissage du vocabulaire. Les charades peuvent mettre en œuvre des expressions imagées, comme on l’observe dans le jeu de devinette suivant: Mon premier est une botte, un homonyme de cou/ Mon deuxième est une arme blanche à lame courte, pointue du bout/ Mon troisième est semblable à une note de musique/ Mon tout est un geste de trahison. L’expression imagée mise en œuvre dans ce cas est un coup de poignard dans le dos. On va attirer l’attention sur des jeux qui impliquent les proverbes et qui sont plutôt le résultat du défigement. L’un des jeux vise la reconstitution des proverbes à partir de deux segments anormalement réunis; pour réussir à déchiffrer les proverbes corrects, l’élève devra prendre contact en préalable avec quelques-uns des proverbes proposés. Voyons des exemples de proverbes mélangés: Quand le chat est parti, c’est mourir un peu, Qui ne dit mot mérite salaire. L’autre jeu vise la déformation des proverbes, phénomène très fréquent dans la presse, la publicité; la tâche de l’élève est celle de retrouver le proverbe original: Pour vivre heureux, vivons couchés

En ce qui concerne la déduction du sens des expressions figées dans les documents authentiques, on peut exploiter surtout ceux dans lesquels ces expressions sont plus fréquentes. Il s’agit des articles de journaux, des annonces publicitaires, de petits poèmes ou bien de courts fragments de textes littéraires, des chansons écoutées ou des vidéos (qui présentent l’avantage d’aider à la compréhension du message grâce aux images). Les chansons constituent une modalité captivante d’exploitation des expressions figées, étant donné le fait que la chanson franҫaise d’aujourd’hui est une stratégie d’apprentissage de la culture et de la civilisation franҫaise; par conséquent, elle est en accord avec la langue vive. Des expressions comme: mener quelqu’un en bateau (Maȋtre Gim’s- Bella), voir la vie en rose (Édith Piaf), en avoir marre  (Alizée), perdre la tête, prendre garde (Zaz), passer des nuits blanches, crier famine, vivre de l’air du temps (Charles Aznavour – La Bohème) ; rusé comme un renard, bavard comme une pie, boiteux comme un canard, sauter comme un cabri,  frisé comme un mouton, joyeux comme un pinson, heureux comme un poisson dans l’eau, noir comme un corbeau  (Enrico Macias- On dit, on ne dit pas) apparaissent d’ailleurs dans des chansons bien connues par tous.

Activités didactiques de compréhension écrite visant l’apprentissage du vocabulaire à l’aide des expressions figées

Par l’intermédiaire des stratégies cognitives et de mémorisation, on propose quelques activités visant le remplacement des images par les expressions correspondantes, l’association entre l’expression et sa signification, l’identification des expressions dans un texte donné, le remplacement de l’expression avec une construction synonymique, les jeux lexicaux.

1) Rébus: Retrouve l’expression cachée derrière les images. (Le sens de l’expression est: «dire ce qu’il ne faudrait pas dire ou faire ce qu’il ne faudrait pas faire») .

2) Charade
Mon Ier est un verbe auxiliaire
Mon IIème est un synonyme d’ « animal »
Mon IIIème est un terme de comparaison
Mon IVème est le pluriel de l’adjectif possessif « son »
Mon Vème sert à marcher
Mon tout est une expression qui signifie « ne pas être intelligent ».

Activités didactiques de production orale visant l’apprentissage du vocabulaire à l’aide des expressions figées

Compte tenant du champ lexical qu’on veut exploiter à l’aide des expressions figées, on encourage surtout l’interaction entre les élèves par la réalisation des dialogues, par le travail en équipe afin de se mettre d’accord en ce qui concerne la traduction dans la langue maternelle de quelques expressions illustrées par des images qui peuvent provoquer des confusions entre le sens littéral et le sens idiomatique.

1) Trouvez les paires de cartes, en fonction de la signification correspondante à chaque expression  (Jeu des paires). 1. Donner sa langue au chat ; 2. Passer du coq à l’âne ; 3. Avoir une taille de guêpe ; 4. Ȇtre une poule mouillée ; 5. Qui vole un œuf, vole un bœuf ;  6. Quand le chat est parti, les souris dansent.                                                                                                                                                                                                              A.  Quand personne ne surveille on profite de cette liberté ;  B. Celui qui vole un petit objet volera bientôt des biens de valeur ; C. Ȇtre très mince ; D. Changer de conversation ; E. Manquer de courage ; F. Demander la réponse, ne plus vouloir chercher.

2) Questionnaire
Choisis l’expression qui correspond à la situation donnée:
1)  «Je suis sûr d’avoir pris mes clefs en partant ce matin.»
a)  J’en mettrais ma main au feu.            b)  Je baisse les bras.             c)  Je fais la tête.
2) Même s’il n’a pas gagné de médaille, Olivier ne doit pas abandonner. C’est un si bon nageur !
a)  Olivier ne doit pas baisser les bras.  b) Olivier ne doit pas en mettre sa main au feu.  c)  Olivier ne doit pas faire la tête.
3) Hier j’ai croisé Mathilde et son fils. Il a tellement grandi depuis la dernière fois !
a)  Je n’ai pas fermé l’oeil.  b)  Je n’ai pas mis le nez dans ses affaires. c) Je n’en croyais pas mes yeux.
4) J’ai laissé mes clés à une amie avant de partir en vacances afin qu’elle arrose les plantes.
a) Ainsi je peux dormir sur mes deux oreilles. b) Ainsi je peux me couper les cheveux en quatre. c) Ainsi je peux n’écouter que d’une oreille.
5) Les enfants gentils ont droit au dessert supplémentaire. Mais pour cela ils doivent…
a) avoir la tête sur les épaules.  b)  obéir au doigt et à l’œil. c)  tout connaître sur le bout des doigts.

Activités didactiques de production écrite visant l’apprentissage du vocabulaire à l’aide des expressions figées

1) Vous êtes en colonie de vacances, quelque part en France, depuis dix jours. Vous écrivez une lettre à votre mère qui s’inquiète que vous ne mangez pas suffisamment en essayant de la rassurer. Vous lui parlez des repas et du programme que vous respectez dans la colonie (80-100 mots). Essayez d’utiliser les expressions suivantes: dormir comme une marmotte, manger comme un cochon, boire comme une éponge, être comme un poisson dans l’eau, aller comme sur des roulettes, être un vrai cordon bleu. Avant d’écrire la lettre, informez-vous sur l’Internet concernant une colonie de vacances organisée en France.

2) Rédigez les questions d’une interview que vous voulez prendre à un ami franҫais avec lequel vous correspondez sur Internet. L’interview vous est nécessaire pour la revue de l’école. Faites votre ami parler sur ses activités quotidiennes, sur les endroits préférés pour voyager, sur ses loisirs, sur le système d’enseignement en France. Utilisez au cadre de vos questions les expressions suivantes: faire du vélo, jouer d’un instrument musical, savoir sur le bout du doigt, ranger sa chambre, aller à l’aventure.

Activités didactiques de compréhension orale visant l’apprentissage du vocabulaire à l’aide des expressions figées

1) Écoutez attentivement (deux fois) le texte suivant sur le CD  et répondez ensuite aux questions. À la fin, notez sur la fiche reҫue une phrase du texte, que vous avez retenue, et montrez ce qui vous a attiré l’attention à cette phrase (le journal à double entrée) !
Les yeux plus grands que le ventre
Gégé-La-Flemme en a marre que sa tante Zina soit toujours sur son dos. Quand elle l’amène chez le pâtissier, elle le surveille de près et il suffit qu’il choisisse un gâteau pour qu’elle s’écrie: « Pas celui-là, tu ne pourrais pas le terminer, prends-en un plus petit ! ». Comme il proteste, elle dit: « Mon pauvre enfant, tu as les yeux plus grands que le ventre » et elle lui fait un sermon qui n’en finit pas.
Elle ferait mieux de se regarder, elle, avec son ventre plus grand que ses yeux. Elle en avale des choses ! Et puis ce n’est pas vrai ce qu’elle raconte, il n’a pas les yeux plus grands que le ventre parce que si c’était le cas, on pourrait faire entrer son ventre dans ses yeux. Mais Gégé a beau remonter son ventre, c’est impossible, ce qui prouve que son ventre est plus grand que ses yeux et non le contraire. Il n’est pas dupe, Gégé-La-Flemme. Sa tante dit des âneries rien que pour l’embêter. Des âneries et, parfois, des méchancetés. D’ailleurs il voit bien qu’elle n’est pas appréciée par son entourage, et ҫa il le voit d’autant mieux qu’il n’a pas ses yeux dans sa poche, comme disent les kangourous. (Le  fil  à  retordre. Claude Bourgeyx, Collection Pleine Lune Humour, Éd. Nathan)
a) En quoi consiste l’humour de l’histoire ?
b) Quelle est la signification de l’expression à la base de l’histoire ?
c) Quelle est l’expression avec laquelle finit l’histoire ?

2)  Écoute attentivement  (deux fois) la chanson « La chauve souris » de Thomas Fersen !   À l’aide d’un dictionnaire, expliquez les expressions en donnant un exemple de situation : «s’mettre à boire» «lui mit les pieds devant», «menait une vie de bâton de chaise», «Riant comme une baleine»,«Pleurant comme une madeleine».

«Il suffit d’un lexique pour contenir tous les mots. Mais à la pensée, il faut l’infini », affirmait Alexandre Pouchkine. C’est tout à fait vrai puisque le lexique d’une langue change sans cesse, se renouvelle suite à l’évolution de la pensée humaine, de la société et des mœurs. C’est ainsi que la pensée provoque un infini d’expressions, de formules spécifiques à la langue en question, que seuls les locuteurs natifs peuvent comprendre. On a essayé de dévoiler les valences des expressions figées du franҫais et de proposer des repères actuels concernant leur emploi dans la démarche didactique. On a eu l’intention d’enseigner le vocabulaire en accord avec la langue franҫaise vive, authentique et non en abordant un style purement didactique, en utilisant seulement des textes conҫus pour l’étude en classe de FLE. Le concours de plusieurs facteurs (l’activité du professeur, la structuration des contenus, le choix des manuels et des auxiliaires didactiques, l’application des stratégies adéquates aux capacités des élèves) va réussir à stimuler les élèves dans l’apprentissage du FLE et tout thème de recherche destinée à l’application en classe va atteindre son but principal – celui de faire vibrer la corde sensible  des apprenants quant à l’étude du FLE.

Bibliographie
Boussat, Stephanie, Jouhanne, Cécile, Nouveau DELF Junior & scolaire A2. Collection: Le Nouvel Entraȋnez-vous. Éd. Clé International, Paris, 2006, p.113-114
Dӑnӑilӑ, Sorina, Ungurean, Corina, Rusu, Liliana, Cucinschi Maria- Mira, Examenele DELF / DALF, nivelurile A şi B. Editura Polirom Bucureşti, 2006, p.90-92
Miquel, Claire, Tests d’évaluation. Vocabulaire progressif du franҫais. Niveau Intermédiaire, Clé International. Paris, 2003, p.46
Rey, Isabel González,  La didactique du franҫais idiomatique. Fernelmont (Belgique) : Éditions Modulaires Européennes. Collection Discours et Méthodes, 2008, p.18

ekladata.com/DjkcJwrHYQWuvMdPGHYG8MlmIQM.pdf
www.enseignons.be/fondamental/preparations/10165-jeu-sur-les-expressions-des-animaux/

 

prof. Livia Păvălașcu

Școala Gimnazială Nr. 18, Galați (Galaţi) , România
Profil iTeach: iteach.ro/profesor/livia.pavalascu

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