Pour pouvoir identifier les étapes à parcourir dans la didactisation d’un document authentique, nous nous sommes inspirés de l’article «Élaborer une unité didactique à partir d’un document authentique», proposé par Mme Valérie Lemeunier, Chargée de programme au Pȏle langue française du CIEP. Celle-ci affirme qu’elle a utilisé dans la conception de son travail plusieurs ouvrages et courants méthodologiques.
Les étapes identifiées qui doivent être parcourues dans la didactisation d’un document authentique sont:
1. L’Exposition-une étape qui permet à l’élève de mettre en place des stratégies pour faciliter l’accès au sens.
a. La sensibilisation
C’est une étape qui éveille la sensibilité des apprenants à l’objectif global de l’unité didactique. Elle nous offre la possibilité de stimuler la curiosité et la mémoire des élèves grȃce à un document iconographique, un geste, une question, un mot, un dessin, une photo, un objet. Il s’agit d’une étape qui permet de faire le point sur les connaissances des apprenants.
Le remue-méninge, l’anagramme, le mime, l’analyse d’un dessin ou d’une photo ou d’un bruit sont seulement quelques exemples d’activités indiquées par la sensibilisation.
b. La compéhension écrite et orale
Selon la situation de communication, la compréhension écrite ou orale est différente. Dans la situatuion authentique, le locuteur natif se sert tout naturellement du contexte, de ses cinq sens et des stratégies pour mieux comprendre son interlocuteur ou d’un document, dans la situation d’apprentissage d’une langue étrangère on fait attention plus au seul contenu linguistique sans omettre le non verbal. Alors il faut que l’enseignant propose des activités qui reconstituent la situation de communication véhiculée par le document authentique et soutenir l’apprenant à récupérer la faculté naturelle de compréhension.
2. L’anticipation-c’est l’étape qui va préparer la compréhension du document déclencheur.
Avant même d’avoir lu ou écouté, l’apprenant va émettre des hypothèses sur le contenu. L’apprenant se trouvant dans une situation d’incertitude, sera obligé de s’appuyer sur ses acquis et son expérience et employer des stratégies élaborées dans d’autres situations (d’apprentissage). Il faudra qu’il identifie le type de document dont il s’agit , l’émetteur, le récepteur, le lieu de l’interaction, le moment de l’interaction, la manière dont elle est menée et les raisons et l’enjeu de l’interaction. Ils vont repérer des indices extralinguistiques qui vont leur permettre de faire des suppositions sur la forme et le contenu du message. Les apprenants auront l’occasion d’émettre des hypothèses sur les paramètres de la situation de commuication par l’intermédiaire de l’analyse du paratexte d’un document écrit, du paralinguistique d’un document oral, de l’image d’un document vidéo, du dessin ou de la photo accompagnant un document audio. Les apprenants seront amenés à répondre à des questions en ce qui concerne le contexte communicatif de l’interaction: Qu’est-ce que c’est? Qui parle? À qui? De quoi? Où? Quand? Comment? Pourquoi? Dans quel but? Il est possible qu’ils ne puissent pas répondre à toutes ces questions sans faire des fautes, mais cela peu importe! L’objectif de cette étape est d’éveiller la curiosité de l’apprenant pour l’inciter à aller plus loin dans la découverte du document afin d’évaluer ses hypothèses.
3. La compréhension globale.
Il s’agit de l’étape qui offre aux apprenants la possibilité de vérifier les hypothèses émises lors de l’étape d’anticipation et d’élucider son incertitude. À l’occasion d’une première lecture ou écoute rapide, les apprenants arrivent à pouvoir comparer la situation de communication élaborée à partir des hypothèses émises avec celle du document en soi. Le but de cette étape va être la recherche d’indices linguistiques permettant d’informer ou de confirmer les hypothèses émises. Ainsi ils obtiennent des informations qui leur donnent l’occasion d’anticiper le contenu du document lui-même et facilitent la compréhension détaillée.
4. La compréhension détaillée. C’est une étape qui permet de faire relever dans le document des informtions plus précises pour obtenir l’activité ou la tȃche proposée et déterminée selon les objectifs de l’unité didactique. La compréhension du document dans son intégralité n’est pas absolument nécessaire. On peut employer cette étape sous diveres formes: questionnaire, tableau ou fiches à remplir, document à compléter, document à identifier, dessins à ordonner…..On aura lieu la deuxième écoute ou lecture par une mise en commun qui permet aux élèves de comparer leurs réponses, de s’entraider ou de s’auto-corriger. Par cette mise en commun il est possible que l’échec soit diminué. L’élève a la chance réelle d’améliorer sa performance en validant ou rectifiant ses premières propositions. L’objectif principal de la troisième écoute est la validation des informations recueillies antérieurement. Finalement une mise en commun générale permet d’évaluer l’activité. S’il y a encore des désaccords, on peut proposer une quatrième écoute ou lecture. Elle doit avoir un objectif différent et complémentaire des autres pour que chaque écoute ou lecture rende active. Petit à petit les informations découvertes font sens et l’apprenant satisfait sa curiosité.
5. Le traitement qui va permettre à l’apprenant l’analyse des informations proposées par le document et la découverte de leur fonctionnement.
6. Le repérage. Il s’agit de l’étape qui offre aux apprenents la possibilité de relever les indices qui vont les aider à découvrir les régles d’usage de la langue. On rappelle l’objectif communicatif du document. (Exemple:Vous vous souvenez maintenant…? Qui parle? À qui? Pourquoi? Réponse des apprenants: un touriste demande à un employé du guichet des renseignements sur la quantité des bagages dans l’avion. Le professeur: Alors, vous allez chercher dans le document comment on peut exprimer la quantité). On recommande d’organiser cette activité par groupes. Pendant l’activité l’enseignant circule entre les groupes pour guider davantage ceux qui sont en difficulté. Finalement ils vont analyser le corpus obtenu. Toujours cette étape est comparée avec un travail de détective qui relève des indices pour résoudre une énigme. Par ce travail de détective, la curiosité de l’apprenant est éveillée, ils deviennent responsables, ils sont guidés vers l’autonomie, effectivement ils apprennent à apprendre.
7. La conceptualisation. C’est l’étape où les apprenants vont formuler une règle à partir des informations fournies par l’analyse du corpus. Tout groupe qui participe propose une règle qui peut être complétée, rectifiée par les autres. Ils doivent le faire avec plaisir et prendre le plaisir de la découverte.
8. La fixation – appropriation qui va permettre l’acquisition du conetnu que l’apprenant pourra ensuite employer dans la production de nouveaux contextes.
9. La systématisation. Il s’agit de l’étape où l’apprenant a la possibilité de fixer les structures conceptualisées avant afin de pouvoir les réemployer naturellement dans une situation de communication authentique. C’est une étape qui a pris diverses formes au long du temps.
Au cours de la période audio-orale puis audio-visuelle, on employait les exercices structuraux afin qu’à l’arrivée de l’approche communicative soient remplacés par les exercices lacunaires ou ceux de transformation qui peuvent s’effectuer à l’écrit ou à l’oral mais qui ont pour base un support écrit. Il est nécessaire que les apprenants développent une compétence réelle de communication à l’oral qu’ils fixent oralement les structures que nous désirons les voir produire naturellement à l’oral. Celui qui détermine les contenus (connaissance socioculturelle, attitude, acte de parole, structures, lexique, intonation…) de l’activité de systématisation est l’enseignant. Tout cela se produit en fonction des besoins langagiers nécessaires pour réaliser la tȃche et des pré requis des apprenants, de l’objectif de l’unité didactique. Il est important que ce soient des activités interactives qui développent la dynamique de groupe.
10. Le réemploi s’appelle aussi l’étape de production. Pendant cette étape les apprenants vont s’approprier les contenus systématisés précédemment en simulant une communication réelle. Par les exemples de réemploi: jeu de rȏles, simultion, activité de résolution de problème, tȃche, projet…..les apprenants vont interagir, coopérer, créer dans un contexte bien défini de communication, autrement dit ils vont tenir compte du profil psychologique des protogonistes ainsi que de tous les autres paramètres de la situation de communication proposée. Il ne s’agit plus d’une activité de repérage des structures, mais d’integration dans un discours. C’est le moment des apprenants de mettre leur activité au service de la communication. Les situations proposées doivent être plus proches du réel pour comprendre l’importance de la communication.
Le choix du document déclencheur est important car il sera en même temps le support de l’exposition et du traitement des informations et également la source d’inspiration pour les activités de fixation et de production. Cette sélection a comme but d’obtenir un document qui réponde à ces critères, qui soit également adapté au public visé et qui corresponde à ses centres d’intérêt.
En conclusion, la pertinence du choix du document déclencher, la cohérence du cadre méthodologique, la dynamique de groupe, la créativité des apprenants sont des atouts qui font que le processus d’apprentissage devienne un vrai plaisir. Pour que l’enseignant trouve le plaisir d’enseigner dans la classe, celle-ci doit devenir un lieu de créativité où le groupe peut devenir une unité de travail efficace. Mais le plaisir d’enseigner et d’apprendre exige du temps de préparation de cours assez important et des compétences professionnelles solides.
Bibliographie
Méthode audio-orale, méthode audiovisuelle, approche communicative et perspective actionnelle voir aussi les travaux de Janine Courtillon notamment, Élaborer un cours de FLE, 2002, de Del Hymes, de Krashen, de Geneviève Dominique de Salins et de Sophie Moirand.
Lemeunier, Valérie, Élaborer une unité didactique à partir d’un document authentique, www.francparler-oif.org