L’utilisation de la vidéo n’est pas nouvelle. Dans les années 60 il y avait déjà la télévision dite éducative sur l’usage de laquelle beaucoup de pédagogues ont réfléchi. De nos jours, on peut parler d’un nouvel essor de la vidéo en classe. Dans une société en pleine évolution, l’image, soit qu’il s’agit de celle des écrans de télévision, d’ordinater, de tablette ou de smartphone, est l’élément fondamental de la communication et de l’information: douée d’un certain pouvoir, elle se fait très attractive et sa lecture devient intuitive.
Bien que l’utilisation de la vidéo en classe de FLE ait suscité de nombreuses opinions, il est important de retenir ce que Carmen Compte affirmait dans l’Avant-propos de son livre La vidéo en classe de langue: ”Il a été possible jusqu’à présent d’enseigner les langues sans utiliser l’image animée… et cela pourrait fort bien se poursuivre ainsi. Pourtant, la connaissance que nous avons de ce média permet d’accroître l’efficacité du processus d’enseignement, en ce qui concerne, en particulier, les conventions sociales, les expressions non verbales et les implicites culturels. De plus, la vidéo provoque l’implication affective de l’apprenant, ce qui constitue l’une des forces-moteur de l’apprentissage” .
En ce qui concerne les raisons pour lesquelles les enseignants font usage de ce média, les enseignants-chercheurs soulignent: la transversalité évidente de disciplines et de compétences (source d’activités communcatives à l’oral comme à l’écrit), la stimulation sonore et visuelle de la langue en contexte, la rupture de la routine pédagogique en introduisant de la variété, la fonction motivatrice claire, la possibilité de travailler le langage non verbal (proxémique, kinésique et phatique, avec un ré-férent autre que le seul enseignant), le développement de la compréhension, la grande proximité de la culture des apprenants, la contextualisation de certains éléments linguistiques, apport de vie réelle francophone en classe, etc.
Malgré les atouts de son utilisation, il y a pourtant des obstacles très frequents: la compléxité linguistique du produit (presque toujours supérieure au niveau des apprenants), un travail supplémentaire considérable pour l’enseignant (au-delà de la contrainte institutionnelle du respect de la programmation et du calendrier scolaire), et aussi le risque de la passivité chez l’apprenant.
Par bonheur, on a trouvé aussi des solutions à ces problèmes et une démarche active de l’enseignant permet, dans la majorité des cas, de remédier ces difficultés: la question de la complexité, commune à tous les documents « authentiques », est avant tout d’ordre linguistique (de compréhension orale), mais il y a pourtant de nombreux appuis qui soutiennent la compréhension (éléments scripto-iconiques, expressions de visage, gestes, musique, etc.) à la différence d’autres documents (enregistrement radio, texte littéraire, etc.) Ensuite, l’effort soutenu de l’enseignant tout comme l’indifférence du public dépendront totalement du travail d’organisation, de motivation et de promotion du média, tant dans la structure éducative qu’auprès des élèves.
La réussite d’un visionnement du type « loisir » (comme le cinéma) sera assurée seulement par l’implication de l’enseignant tout au long du processus de l’activité didactique à travers ce média, notamment par la définition d’objectifs (généraux ou spécifiques) précédant à leur sélection-même, comme dans l’exemple :
- ”Amener l’apprenant à observer, apprécier, critiquer, porter un jugement sur ce qu’il voit.
- Apprendre à décoder des images, des sons, des situations culturelles, en ayant recours à des documents authentiques ou semi-authentiques filmés.
- Développer l’imagination de l’apprenant, l’amener à deviner, anticiper, formuler des hypothèses.
- Le rendre capable de produire, reformuler, résumer, synthétiser.
- Permettre à l’élève de construire son savoir, notamment grâce à l’utilisation d’une ressource telle que la vidéo”.
Comment peut-on bien choisir une vidéo pour sa classe en fonction de ce que l’on se propose ? Voyons en ce sens quelques exemples:
1. Des vidéos d’anticipation (images audio-vidéo de 2-10 minutes introduites pour l’établissement d’une problématique qu’on se propose d’aborder en classe). Par exemple, si l’on veut introduire le thѐme des loisirs et le vocabulaire associé aux activités de temps libre, on peut utiliser une vidéo authentique avec des personnes qui parlent de leurs passe-temps suivie d’un petit questionnaire de compréhension que les apprennants remplissent;
2. Des vidéos support de différenciation qui assure l’appentissage en fonction du style et du rythme de chacun. Cela est possible par le fait qu’on peut stoper ou accélérer la vidéo à certains point afin de faire possible la compréhension selon les besoins d’apprentissage. De plus, le sous-titrage en langue cible est aussi permis pour les apprennants moins à l’aise.
3. Des vidéos support de compréhension orale qui permettent l’entraînement pour les épreuves du BAC;
4. Des vidéos support de projet qui aident le travail en autonomie;
5. Des vidéos d’approfondissement culturel qui offrent l’apprentissage d’une culture rélle et authentique.
On a pu facilement constater que la vidéo présente de grandes potentialités, mais qui sont loin d’être la «solution-miracle» à l’enseignement-apprentissage du FLE. C’est pourquoi il est recommandé de «ne pas faire avec la vidéo ce que l’on peut faire beaucoup plus aisément avec un autre support» .
Bibliographie
1. Compte, Carmen: La vidéo en classe de langue, Paris, Hachette, 1993
2. Ducrot, Jean-Michel : Module sur l’utilisation de la vidéo en classe de français langue étrangère, in Synergies France, Centre de documentation pédagogique, Alep, Syrie, 2005
3. Pasquier, Florent: La Vidéo à la Demande : Pour l’Apprentissage des Langues, Paris, L’Harmattan, 2000