Dans le contexte didactique actuel, où l’approche communicative et dernièrement celle actionnelle accordent une importance majeure à la formation d’un cadre favorable à l’apprentissage d’une langue étrangère, l’un des premiers pas du processus en cause réside sans aucun doute dans l’évaluation de l’efficacité du processus d’apprentissage qui se trouve en rapport direct avec la qualité des contenus transmis aux cours des activités de classe et, peut-être le plus important, dans la qualité des procédés et des méthodes mis en oeuvre pour que les buts établis soit atteints.
Si on va encore plus loin, on peut se rendre compte que cette efficacité dépend avant tout de la perception par les apprenants de leur situation d’apprentissage, et qu’elle soit perçue comme motivante ou tout au contraire décourageante, ça dépend directement de l’enseignant, dont le rôle n’est pas de simple transmetteur d’informations de manière unidirectionnelle, mais d’animateur de la classe.
« L’enfant qui ne joue pas n’est pas un enfant, mais l’homme qui ne joue pas a perdu l’enfant qui vivait en lui. » Pablo Neruda
En classe de langue, l’ambiance et le contexte de travail ont un rôle primordial dans la relation que les apprenants établissent avec la langue étrangère étudiée. Apprendre une langue étrangère, dans ce cas, le français, est un processus de durée qui peut et qui se fait en essence pendant toute la vie, et la notion de progrès y occupe une place importante. Dans un tel contexte les premiers pas dans l’apprentissage du français sont très importants, c’est une étape capitale. Quelle est pratiquement la clé du succès dans une telle situation? Transmettre aux élèves l’idée de plaisir, de spontanéité, de créativité sans qu’ils soient sanctionnés pour chaque erreur qu’ils font c’est faire appel au jeu, comme activité didactique. Le jeu fait partie de nos vies, il nous offre la possibilité de créer, d’imaginer, d’expérimenter, en un mot, de jouer. Il répond à un besoin de détente, de plaisir, d’exploration et de découverte de l’individu. Il permet d’organiser, de structurer son processus psychique et d’élaborer ses capacités cognitives et affectives.
Les jeux, dans leur forme originale ou adaptés, tranformés ou prolongés représentent un outil pédagogique extrêmement riche, qui centre l’activité sur l’élève qui reçoit le statut d’acteur; il s’implique, semble plus motivé et se sent plus libre à s’exprimer de manière libre. « Le jeu, tout comme le rire, est candidat au statut de propre à l’individu » . Pour une meilleure compréhension de la signification du terme, la définition du Petit Robert nous semble édificatrice: « activité physique ou mentale, purement gratuite qui n’a, dans la conscience de celui qui s’y livre, d’autre but que le plaisir qu’elle procure…activité organisé par un système de règles définissant un succès et un échec, un gain et une perte » . De cette définition, on retient seulement les mots clés qui indiquent les principales caractéristiques du jeu: activité gratuite, limité dans l’espace et dans le temps, qui est soumise à des règles, fictive et produisant du plaisir. Dans le contexte didactique, toute production dans une langue étrangère, dans ce cas le fraçais, implique un certain stress et c’est justement par le jeu qu’on essaye d’occulter une part de cette angoise, car c’est impropre de parler de l’élimination totale.
Pour que l’apprenant se sente à l’aise dans la communication naturelle, il faut, au sein de la classe, lui donner la possibilité d’exercer ses talents, de s’exprimer dans des situations qui se rapprochent le plus possible des situations naturelles d’échange, non seulement avec l’enseignant, mais également avec ses pairs. Il faut lui donner l’occasion de jouer.
Dans le contexte actuel le jeu est l’une des activités les plus authentiques possible qu’on peut proposer aux élèves en classe de langue et les activités ludiques donnent la possibilité de travailler toutes les cinq compétences générales dont le CECR parle: compréhension orale et écrite, production orales et écrites et surtout intéraction. Au niveau général, on a accès à un large répertoire de jeux, comme les jeux où il faut donner des informations ( les jeux de présentation, dans un quiz et les jeux de dextérité linguistique, les jeux où il faut restituer des informations, quand l’information est disloquée ou cachée et que les apprenants essaient ensemble de les reconstituer (comme dans les puzzles) ou les jeux où il faut échanger des informations, quand les participants ne disposent pas tous de la même information. A un autre niveau, dans le contexte didactique, en analysant la multitude des ressources qui existent, on pourrait classifier les jeux en quatre catégories: en fonction des compétences linguistiques et communicationnelles visées on parle de jeux phonétiques, lexicaux, grammaticaux, des jeux visant la compréhension et la production orale ou écrite, jeux de culture et civilisation. Selon la structure et la fréquence d’utilisation en classe de FLE, les jeux peuvent être groupés dans des catégories d’exercices à connotation ludique, des jeux instrumentalisés et des jeux libres. Selon un autre critère, celui du domaine abordé, on parle de jeux linguistiques, jeux de création, culturelles, jeux dérivés de théâtre, jeux sensoriels ou moteurs. La multitude des critères de classification conduit à un grand nombre de catégories de jeux, mais en fait, la dimension la plus importante est le changement qu’apportent ces activités ludiques en classe de langue.
Si on pense aux avantages des activités ludiques en classe de FLE, il suffit dans un premier temps de penser au fait que l’introduction des jeux dans le processus d’apprentissage du français respecte la perspective de l’apprentissage de la langue par l’exécution des tâches comme le préconise le Cadre Européen Commun de Référence (CECR). Celui-ci accorde toute son importance à l’utilisation ludique, esthétique et poétiquede la langue dans une démarche résolument actionnelle.
Un autre avantage des jeux dans l’enseignement du FLE est directement lié à leur majeure fonction: ils offrent un champ d’expérience, donnent la possibilité d’expérimenter dans des situations nouvelles, et le grand avantage consiste dans le fait que les productions linguistiques sont authentiques et non pas artificielles. Dans le même contexte, comme l’échange se fait au sein d’un petit groupe, le risque d’inhibition à l’expression est plus réduit, l’apprenant éprouve un sentiment de liberté d’expression et il connaît de cette façon le succès.
L’une des fonctions majeures des activités ludiques en classe de FLE est leur capacité de développer l’esprit de groupe, de travail en commun, de co-travail. Les jeux soudent le groupe, favorisant la création d’un climat de confiance, de coopération, de respect, ils permettent à chacun de trouver sa place dans le groupe, de mettre au service des autres ses compétences, ses savoirs et ses savoir-faire. Et la majeure conséquence c’est au niveau intérieur car ils désirent également progresser pour enrichir les échanges entre eux. De cette façon, chaque apprenant a la possibilité d’apprendre des autres et et d’apporter ses propres acquis afin de faire avancer la collectivité vers la solution finale.
Faisant partie d’un groupe et s’impliquer dans les activités déroulées donne à l’individu un sentiment de confiance en soi et le rend en fait plus confiant à ses capacités et compétences. A l’intérieur du groupe, les échanges font progresser l’individu en lui donnant la possibilité d’apprendre dans un contexte favorable à une communication réelle, naturelle, sans contraintes qui peuvent contribuer à un processus d’enseignement-apprentissage faible et démotivant.
Mais les activités ludiques en classe de FLE supposent un certain nombre d’exigences qui doivent être respectés par l’enseignant afin que le processus d’enseignement-apprentissage ne soit pas affecté. De cette façon assurer un climat propice, un climat de confiance constitue le premier pas qu’on doit faire avant l’exploitation proprement-dite. En même temps, si le respect mutuel nécessaire à l’écoute réciproque manque, la situation peut dégénérer et l’enseignant pert le contrôle des activités qu’il propose à ses apprenants. De ce côté-là, le jeu peut sembler une activité déstabilisante pour les enseignants moins flexibles qui sont habitués à des leçons dominées par le silence et par l’ordre. Ce sont ces professeurs qui ont la fausse impression d’ailleurs que le jeu est une perte de temps, une activité difficile à préparer et à mettre en pratique.
Si on veut utiliser des activtés ludiques en classe de FLE, le rôle de l’enseignant est majeur. Il doit présenter de façon claire et précise la consigne, il doit apporter des informations supplémentaires pour que les tâches soient bien comprises par les apprenants. Au niveau de la tâche qu’on leur donne, celle-ci doit créer un manque d’information qu’ils ont envie de combler et finalement les participants doivent disposer des moyens linguistiques nécessaires pour mener à bien la tâche.
L’un des points moins forts, ou bien des inconvénients de l’utilisation des jeux en classe de FLE est dû aux limites du côté des ressources qu’a cette pratique didactique. Préparer et ensuite mettre en oeuvre une leçon à des activités ludiques demande un certain nombre de ressources matériels et humaines de la part de l’établissement scolaire et de l’enseignant en même temps. Bonne partie des professeurs enseignant le FLE et non seulement, ont une attitude de retenue à l’égard de l’exploitation, de l’implication des jeux en classe. Ils perçoivent les activités ludiques comme un domaine souvent intouchable et surtout prétentieux.
En essence, l’univers des jeux est extrêmement riche et vaste, disposant d’un grand avantage: il laisse la place aux enseignants d’aborder les jeux et d’en tirer le profit à leur manière. Pour que les objectifs de toute activité ludique soit atteints et si on réflechit sur ses points forts et ses inconvénients, tout en essayant de mettre en lumière ses côtés positifs, le jeu, introduit de manière consciente et cohérente, va bien porter ses fruits.
Dans ce qui suit, on essaye de proposer un exemple d’utilisation concrète d’une activité ludique en classe de FLE; le jeu choisi s’appelle « Je vous présente ma famille ». ( annexe nº 1 )
Bibliographie:
1. GIOSU, Constantin, « Activităţile ludice la ora de limba franceză» in Competenţă, profesionalism şi dimensiune europeană prin integrarea TIC în actul educaţional, Botoşani, 2013.
2. GRIGORI, Cristina, Instruments du formateur de FLE, Université « A. I.Cuza » de Iasi, 2013-2014.
3. GRIGORI, L’apprentissage précoce d’une langue étrangère, Université « A. I.Cuza » de Iasi, 2013-2014.
4. LE ROY, Hans, « Les jeux en classe de langues » in Romaneske, 1996.
5. Le Petit Robert, Paris, 1981.