Techniques de la didactique moderne: dramatisation, simulation, jeux de rôles

Nous traiterons ici des structures ludiques plus ou moins apparentées au théatre, c’est à dire l’animation de scènes avec des personnages en interaction verbale, quels que soient les degrés de structuration  ou au contraire de spontanéité du jeu (règles, textes, canevas, scénarios,consignes ou mises en scène plus ou moins préetablies),  ou l’implication personnelle des participants dans les scènes qu’ils jouent.Nous passerons en revue la gamme de ces jeux, en donnant un certaine nombre d’exemples ainsi que des indications sur leur fonction et leur utilisation dans la classe de langue.

On apelle dramatisation toute interpretation jouée par les élèves d’un dialogue de leur méthode que cette interpretation soit fidèle au texte ou qu’elle comporte des éléments d’improvisation allant jousqu’à une transposition très souple assez eloignée du texte initial (très proche du jeu de roles). Sera également considerée comme dramatisation la mise en scène avec personnages d’un récit ou d’un conte visant soit à en reconstituer fidèlement des éléments dramatiques, soit à en transposer avec d’avantage d’improvisation et de liberté certains thèmes.

On appelle simulation dans la perspective de la classe de langue, la reproduction simulée fictive ou joué d’echanges interpersonnels organisés autour d’une situation-problème, cas à étudier, problème à résoudre, décision à prendre, projet à discuter, conflit à arbitrer, litige, dispute, débat, situation de conseil. La simulation obéit à un canevas relativement précis et réglé à l’avance, meme si les participants doivent y faire preuve d’imitation.

On apelle jeux de roles l’animation par deux ou trois apprenants de scènes ou de personnages plus spontanés, plus fantaisistes eventuellement plus caricaturaux dans les simulations proprement dites sans canevas un scénario prédéterminé, sans documentation ni préparation particulière outre que le cours de langue lui meme, en voici quelques exemples au hasard:

  • un touriste demande un reseignement à un agent;
  • Madame X téléphone à un responsable du programme de télévision pour se plaindre qu’on ne présente pas d’émissions sur les chats;
  • Un jeune homme aborde une jeune fille dans la rue, etc.

I. Dramatisation

Jean-Marc Caré fait une classification en quatre cathégories de dramatisations:

1. Dramatisation répétitive
Il s’agit ici de jouer un role imposé celui du personnage de méthode sur un texte modèle: le dialogue de présentation. A ce stade, les auteurs de manuels précisent bien qu’il faudrait laisser à l’élève la liberté de modifier le role qui lui est confie en lui donant par exemple la possibilité de changer les répliques, d’inventer de nouvelles formulations pourvu que la situation de départ n’en soit pas alterée. Mais trop souvent, conditonné par l’image l’élève ne voit pas dans cette phase de la lecon qu’un pur exercice de mémorisation.

2. Dramatisation avec variations
La disparition de l’image va permetre de créer une scène théatrale: un lieu privilegié et conventionnel, l’estrade, par exemple ou plus symbolique encore un espace délimité par les chaises des spectateurs. Les élèves acteurs libérés des contraintes de la ;mémoire mécanique vont pouvoir y jouer réellement. Le jeu théatrale devrait favoriser d’avantage l’invention. Le texte passe au second plan l’essentiel étant maintenant de récréer une situation de l’enchainement d’événements par des moyens expressifs non verbaux: intonations, gestes, mimiques. Du degré d’implication au jeu théatrale dependront le nombre et la richesse des variations verbales.

3. Dramatisation et implication pesonnelle
Maintenant, l’élève n’a plus à incarner un personnage de méthode, il reprend son identité pour jouer une scène dont les éléments situationnels seront donnes par le dialogue de présentation. On lui impose encore la trame d’une situation globale, la logique d’un certain nombre d’enchainements, mais délivré du texte et redevenu lui-meme il va pouvoir prendre position, interpreter la situation de départ, transformer le cours du récit. La variation de certaines éléments de la situation: cadre, statut des personnages va entrainer de nouvelles variations verbales. Le passage du “je” des personnages de méthodes du “je” de l’élève favorise la distanciation, la critique, le jugement et permet la discussion: les élèves en viennent à faire des comparaisons avec leur propre système culturel et à se situer par rapport aux personnages.

II. Simulation

Nous reproduison une étude de cas décrite par Jean –Marc Caré qui a une démarche en quatre temps.

Se déterminer des objets c’est essentiel pour éviter de tomber dans le travers du jeu bouche-trou.L’objectif initial, c’est avant tout l’apprentissage des comportements sociaux, mais dans la perspective d’enseignement du francais langue etrangère on en fait un simple pretexte. C’est en passant par des comportements sociaux comme la communication, la coopération, la compétition, la prise de la décision que l’élève se familiarise à la langue.L’objectif initial reste donc la linguistique.Les données nécessaires à la construction de la simulation sont ici:fiches de candidature, lettres de référence, notices confidentielles,sont autant de précieuses indications pour un travail ultérieur plus systématique.

Réunir les données: dans la construction d’une simulation – type étude de cas il faut identifier clairement les participants, fixer leur(s) objectif(s) et les moyens qui permettront de les atteindre.

Les élèves devraient pouvoir participer à ce travail préparatoire. Il faut alors leur donner les informations de base concernant la structure de la simulation et toute la documentation qui leur permettra de mieux comprendre le phénomene social abordé.

Construire un modèle :la construction du modèle se fait à partir des éléments suivants :
-les participants et leur objectif ;
-les ressources propres aux participants ;
-les modes d’interaction.

Les candidats essentiels au déroulement de la scène, sont présents par lettre interposé. Leur role n’est pas joué par les participants. Il le sera plus tard.Leurs objectifs doivent etre ensuite clairement étalés :

  • les sécrétaires rédigent des fiches de candidature,en selectionnent six, nomment un comité de séléction de six membres don’t un président et un sécrétaire de séance reunissent un devoir complet comprenant des notes confidentielles, des lettres de référence, établissent un questionaire guide pour l’entretien, rédigent la lettre de nominalisation;
  • les concièrges, garcons de café, anciens collègues :ainsi que les curés, patrons, hautes personnalites jouent un role d’informateur ;
    le comite de selection se reunit pour examiner les dossiers en retenir trois, nommer un president et un secretaire, deliberer a huis clos, nommer un candidat;
  • les candidats fournissent les renseignements demandes, participent a l’entretien avec le comité de séléction.

Il faut ensuite distribuer les ressources. La tache est simple quand il s’agit de ressources intangibles :réputation, statut social etc. Au niveau meme des rédacteurs, il peut y avoir tout un jeu d’influences. le comportement de chaque individu ou groupe impliqué dans ces activités sociales est régi par un ensemble des règles. Il faudra en retenir les plus caractéristiques en réduire la complexité pour les inclure au modèle.
Fabriquer le matériel: le modèle décrit il reste à le matérialiser par un scénario des fiches décrivant les roles, les règles et fournissant toutes les données du problème.

Le scénario doit etre suffisamment détaillé et clair pour que les participants comprennent rapidement la situation du départ. Pour qu’ils y sentent vraiment impliqués, il faut qu’il soit aussi suffisement réaliste. Enfin,tous les participants doivent etre familiarisés avec les règles de base.Elles sont de deux ordres :
-celles qui définissent des contraintes au niveau des comportements des codes d’intéraction ;
-des règles administratives qui détérminent par exemple la longueur de chaque phase de la séance, le temps consacré à la simulation elle-meme.

Evaluer :c’est un aspect important de la séance.Le repousser complètement à la fin ,c’est se priver de la possibilité de modifier certains règles, de rectifier des données fauses, de redistribuer des ressources quotidiens, hebdomadaires, grand tirage et aussi dans divers « supports » comme la circulaire officielle et une petite affiche.

Constitution du dossier :
Le travail se fait en groupe :

a.) Les étudiants deviennent sécrétaires : ils doivent mettre sous forme de fiche pratique à utiliser lors de l’entretien le contenu des lettres de candidature.Celle-ci peut se présenter ainsi :
Nom-Prénom
Date et lieu de naissance
Nationalité
Adresse
Domiciles précédents
Situati on de famille
Noms et ages des enfants
Qualifications professionnelles
Fonctions actuelles
Poste ou fonction précédemment occupé
Antécédents médicaux
Activités extra-professionnelles
Religion(facultatif)
Motifs de candidature.
Ici le texte de la lettre sera reproduit fidélement, ceci pour donner plus de vraisemblance au jeu.

b.) Un comité de sélection est nommé :6 étudiants, un président et un sécrétaire de séance :ces nominations peuvent etre faites par le professeur ou plus démocratiquement par les étudiants eux-memes. Ces 6 étudiants cessent de participer au jeu jusqu’au moment de l’entretien ou de la préparation de celui-ci.

c.) Le reste des élèves, après avoir examiné les lettres de candidature retiennent six lettres seulement.Le choix du critère de séléction est laisé au professeur qui pourra peut-etre simplement guider le groupe :aisance a s’exprimer, originalité des réponses, enthousiasme naturel.

d.) Les lettres et les fiches de candidature sont remises aux étudiants dont la candidature n’a pas été retenue.Ceux-ci se répartisent en trois sous-groupes pour :
1.) Rédiger des notes confidentielles sur chaque candidat retenu.
2.) Ecrire une lettre de référence, naturellement très louangeuse. Les étudiants peuvent ici décider d’eux memes quel role ils vont jouer: ancien patron, curé.
3.) Préparer, à l’intention du comité de séléction, quelques quesrtions qui serviront à préciser les idées sur la manière de voir le travail à évaluer leur aisance à s’exprimer leur sens d’observation, leur sens pratique.
e.)Le comité de séléction(6 étudiants déjà nommés) se réunit pour exprimer les dossiers et ne retenir que trois candidats pour l’entretien et designer un président du comité.

La décision
Le comité délibere en secret puis annonce la décision finale.De meme pour un travail d’exploitation ultérieure,la camera video serait ici un précieux auxiliaire.Le secretaire peit avoir a rediger une lettre annoncant a l’heureux elu son succes.La longueur de cette phase dependra de l’intéret des étudiants et de la nature des points linguistiques à enseigner.

NOTES :

1.) D. B. Elkonin –  Psihologia jocului , Editura Didactica si Pedagogica, Bucuresti, 1980
2.) Wilga. M. Rivers – Formarea deprinderilor de limbă străină , Editura Didactică şi Pedagogică , Bucureşti, 1977.
3.) Robert Galisson – Le dialogue dans l’apprentissage d’une langue étrangère, dans “ Le Français dans le Monde “, nr. 63, Hachette – Larousse, Paris, 1969, page 6
4.) Hervé Boudin – Prendre au sérieux  les jeux pédagogiques, dans “Le Français dans le Monde”, nr. 223, Hachette – Larousse, Paris, 1989, page 445
5.) Jean – Marc Caré – Dramatisation et simulation , dans “ Le Français dans le Monde “, nr. 123, Hachette – Larousse, Paris, 1976

 

prof. Simona-Solomia Negru

Liceul Teoretic Eftimie Murgu, Bozovici (Caraş-Severin) , România
Profil iTeach: iteach.ro/profesor/simona.negru

Articole asemănătoare