Par l’étude de la synonymie et de la polysémie on peut rendre compte de la place que tient le contexte dans l’emploi d’un mot (et pour l’établissement de son sens). C’est en essayant de placer, par substitution, des mots différentes dans un contexte identique que l’on peut juger de leur degré de synonymie. C’est en comparant les contextes différents on peut entrer le mot que l’on peut estimer les sens variables qui l’affectent. Les synonymes, termes interchangeables dans un énoncé donné, doivent être étudiés dans le cadre de cet énoncé. Donc on peut dire que les synonymes sont tributaires de la relation qu’ils entretiennent avec le contexte.
En consultant les dictionnaires des synonymes on observe que, dans la très grande majorité des cas, deux termes ne sont synonymes que partiellement. Parfois, une nette différence de sens les sépare et il convient de la signaler: l’un est de sens plus fort que l’autre (ex.: antipathie, aversion), l’un implique une notion que l’autre n’implique pas (cf. ancien, l’opposition ancien/vieux)etc.
Parfois aussi une série de termes synonymes se distingue moins par le sens qu’ils impliquent que par l’usage en français: c’est ici qu’intervient la notion capitale de contexte qui est en fait double: ou bien il s’agit dans un même registre de langage, de différences d’usage ou de différences syntaxiques (contexte linguistique); ou bien il s’agit des registres de langage différentes (contexte sociolinguistique).
Le principe fondamental de la connaissance des mots est l’habitude de les voir dans l’environnement qui les entoure. Il s’ensuit qu’une série de synonymes ne peut être établie sur des mots isolés, mais que la seule manière logique de les composer est de les greffer, par association d’idées, sur un fait d’expression déterminé par son entourage.
Soit le verbe veiller. Isolé de tout contexte, il pourrait suggérer au moins trois séries de synonymes: veiller, garder, surveiller etc. ou bien veiller, ancien, l’opposition ancien/vieux)etc.
Parfois aussi une série de termes synonymes se distingue moins par le sens qu’ils impliquent que par l’usage en français: c’est ici qu’intervient la notion capitale de contexte qui est en fait double: ou bien il s’agit dans un même régistre de langage, de différences d’usage ou de différences syntaxiques (contexte linguistique); ou bien il s’agit des régistres de langage différentes (contexte sociolinguistique).
Le principe fondamental de la connaissance des mots est l’habitude de les voir dans l’environnement qui les entoure. Il s’ensuit qu’une série de synonymes ne peut être établie sur des mots isolés, mais que la seule manière logique de les composer est de les greffer, par association d’idées, sur un fait d’expression déterminé par son entourage.
Soit le verbe veiller. Isolé de tout contexte, il pourrait suggérer au moins trois séries de synonymes: veiller, garder, surveiller etc. ou bien veiller, rester debout, se priver de sommeil; veiller, prendre soin, etc.
Rien ne détermine le choix de l’une ou de l’autre de ces associations. Mais si on fait entrer ce verbe dans une phrase comme: “veillez à ce que notre hôte ne manque de rien”, immédiatement tout prend vie et les points de repère abondent. Il en résulte que le contexte a fixé le point de départ de la série en modifiant la délimitation. En effet, sachant par le contexte que veiller à implique la notion simple de soin, d’attention, on peut, en conservant le souvenir du contexte à titre de contrôle, consulter un dictionnaire idéologique sous cette rubrique, se composer une série où figureront, par exemple: avoir soin, prendre garde que, s’appliquer à,voir à, prendre des précautions pour que…
On signale ici les usages propres au français qui font que deux termes sont équivalents dans tel contexte, mais s’excludent dans l’autre. Par exemple: an / année: l’an prochain = l’année prochaine; mais année ne peut convenir dans le jour de l’an, ni an dans les fêtes de fin d’année.
On peut substituer à des dents aiguës / des dents pointues, mais on ne peut pas substituer à une crise aiguë / une crise pointue.
Donc, comme généralement comme identité de sens entre les lexémes différents, la synonymie assure la possibilité de substituer à une unité du contexte d’autres unités similaires. Mais, comme nous avons pu le constater, la synonymie n’est jamais totale.
Cette constatation trahit une confusion de plan d’analyse, à savoir entre le plan sémantique et le plan de l’expression. Dans le plan sémantique, la synonymie apparaît comme un rapport de identité résultant d’une neutralisation dans le contexte des sémes différenciateurs, contextuellement non-pertinents. Cette neutralisation repose sur un rapport d’équivalence extensionnelle perçue au niveau des dénotations.
Pour donner un autre exemple, les verbes grelotter et trembler ne sont synonymes que s’ils s’appliquent à un nominal (+Animé) et s’ils sont employés dans le sens physique:
de froid, de peur, de fièvre
Dans d’autres situations ces deux verbes ne sont pas interchangeables, en vertu des restrictions mentionnées:
Ses lèvres tremblent (grelottent)
Sa voix tremble (grelotte)
Il tremble pour les siens (grelotte)
Le contexte extralinguistique (socialinguistique)
Nous avons constaté que la notion de contexte linguistique implique la connaissance de la structure générale de la langue et la connaissance linguistique du mot ou de l’énoncé total. Mais la notion de contexte est plus complexe. Elle implique aussi une connaissance extralinguistique, c’est-à-dire:
- la connaissance du contexte de situation dans lequel se produisent les énoncés et sous lequel même une appréciation globale du sens d’un énoncé apparaît comme impossible;
- la connaissance sociologique et ethnographique, niveau culturel qui permet d’atteindre le sens des mots ou des énoncés d’une manière plus précise.
En ce qui concerne le contexte sociolinguistique, on pourrait le définir ainsi: deux synonymes sont en variation sociolinguistique lorsque le choix de l’un d’entre eux ne dépend exactement ni d’une variation de sens,ni d’une variation de contexte linguistique: ainsi argent / fric; manger/ bouffer etc. On doit donc considérer ici le terme contexte en double sens:
- rapport qu’entretient la communauté linguistique avec certaines unités lexicales. On dira ainsi que fric est “familier” et
- rapport qu’entretient telle unité lexicale avec le contexte où elle s’insère. “Je vous prie de bouffer” est une phrase bizarre, parce que bouffer coincide mal avec le niveau soutenu de “prier quelqu’un de…”
Notes:
(1) Picoche, J., Précis de lexicologie française (L`étude et l`enseignement du vocabulaire ), Université Nathar 1990.
(2) Sauvageot, A., Portarit, Les vocables de même pronociation.
(3) Dubois, J., Dictionnaire du Français Contemporain.
(4) Dubois, J., La Pensée, mars-avril. 1961.