Comme tout phénomène social, l’éducation est implicitement de nature historique; elle évolue d’une étape à l’autre en fonction des transformations qui s’opèrent au sein de la société. Chaque système social a créé un modèle d’éducation en fonction du stade de développement atteint.
Au Moyen Âge, l’éducation connaît deux types différents, selon les deux classes dominantes: le clergé et la noblesse. On peut donc parler d’une éducation religieuse et d’une éducation chevaleresque. L’éducation était dispensée par l’Église, qui a créé d’abord les écoles monastiques (dans les abbayes ou les monastères), puis a contribué à l’apparition des écoles capitulaires, dans les villes. Le chevalier courtois devient l’idéal humain de la noblesse et doit incarner les vertus d’un tel modèle : prouesse, générosité, loyauté et droiture naturelle, franchise, gaieté et galanterie exquise.
Au début du XVIe siècle, on était sorti de l’insécurité générale de la vie moyenâgeuse où l’esprit d’entreprise était paralysé mais où la simplicité des besoins permettait aux hommes de vivre en harmonie avec le milieu.
L’un des principaux catalyseurs a été l’invention de l’imprimerie, le premier véritable moyen de diffusion de la pensée.
Sur le plan de l’intérieur, le XVIe siècle est celui des guerres de religion, l’époque de la Renaissance et de l’humanisme, mouvements qui opèrent une rupture avec le passé (le long Moyen Âge) et marquent un passage conscient et enthousiaste à un autre univers, celui des Temps Modernes.
L’idéal humain de la Renaissance est incarné par le savant érudit, libre dans ses idées, raisonnable et sage, « l’homme universel » assoiffé de savoir et préoccupé de promouvoir les valeurs spirituelles de l’humanité. La Renaissance promouvait une éducation humaniste visant une formation complète des jeunes, sur le plan théorique et pratique à la fois. L’idéal était celui d’une vie équilibrée et bien remplie, dans le respect de la nature, de ses lois et de ses vérités.
Le XVIe siècle est donc considéré comme l’un des plus importants dans l’histoire de la pédagogie. Avec lui commence une période nouvelle pour l’éducation. L’idéal pédagogique qui a prévalu et qui survit toujours actuellement aux côtés de tendances nouvelles, c’est la culture classique.
La pédagogie humaniste peut être considérée parfois agressive dans la mesure où certains pédagogues attaquent la scolastique avec rigueur. Des nouveaux principes sont introduits en pédagogie : la formation de l’homme par l’étude de l’Antiquité grecque et latine. La pédagogie humaniste est intellectuelle, c’est-à-dire qu’elle a pour but la formation de l’intelligence. Le courant humaniste remet en honneur l’éducation physique.
François Rabelais, par exemple, l’un des plus célèbres humanistes français, avait comme but de remettre les lettres, les sciences et les arts en honneur. Son programme comprenait toutes les langues et littératures, les sciences naturelles, l’arithmétique, la géométrie, le droit civil, l’éducation physique, la musique, l’éducation morale et religieuse, prônant la culture intégrale du corps et de l’esprit.
Rabelais préconisait une éducation attrayante et un enseignement actif ; il rejetait la méthode déductive et les hypothèses chimériques et recourait à l’induction. Il prônait l’étude du milieu, incitait à faire des excursions scolaires et des „leçons de choses” à l’occasion des repas et des promenades. Au lieu de corriger, Rabelais recommandait d’encourager ; au lieu de règles qui comprimaient l’enfant, il voulait la liberté qui amène le développement harmonieux de toutes les facultés. Il veut faire avant tout de son élève un savant, un érudit. À chaque instant, Gargantua est occupé à apprendre, à réviser, récapituler les leçons apprises. Mais reste à ne pas oublier que « science sans conscience n’est que ruine de l’âme » ; on retrouve cette idée dans la célèbre lettre de Gargantua à Pantagruel ; cette lettre exprime, du point de vue pédagogique, le rêve d’une connaissance universelle et totale. Elle apparaît comme un idéal pour la réforme d’un enseignement qui prend en considération de toutes les potentialités de l’individu.