Jean-Pierre Cuq définit la simulation globale comme une activité qui ″consiste à faire inventer par un groupe d’apprenants un univers de référence – par exemple un immeuble, un village, une île, un hôtel, un camp de vacances, un congrès international, une entreprise, etc. -, à animer cet univers de personnages en interaction et d’événements, et à simuler toutes les fonctions du langage″. Cette définition résume les idées de Francis Debyser et Francis Yaiche, didacticiens en FLE au BELC, qui ont proposé les premières simulations globales au cours des années 1980.
Dans son travail, Les simulations globales: mode d′emploi, Francis Yaiche explique ce qu′une simulation globale représente tout en parlant de ses éléments composants. Donc, une simulation globale est la construction d′un lieu-thème et aussi la construction des identités fictives. Le lieu-thème (un village, un hôtel, une île, etc.) permet de travailler l′expression écrite et l′expression orale, il utilise les activités linguistiques et grammaticales pour rendre plus de dynamisme aux activités de classe. La construction des idées fictives consiste à entrer dans la peau d′un personnage, à l′animer.
La simulation globale suppose à ″faire comme si″ l′on vit autre part qu′à l′école et comme si l′on est quelqu’un d′autre, en cherchant le personnage susceptible d′être animé. Pendant une activité de simulation globale ″on recrée à l′échelle de la classe le maximum d′activités propres au lieu choisi comme cadre et surtout l′environnement linguistique, oral et écrit″ .
Jean-Marc Caré et Francis Debyser réalisent une catégorisation des simulations globales, ainsi ils parlent des simulations qui concernent la langue maternelle et des simulations développées en français langue étrangère. Pour les simulations en FLE, ils opèrent une nouvelle distinction entre ″exploitations généralistes et exploitations plus spécifiques ou plutôt professionnelles″ . D′après une autre classification, on peut avoir des simulations généralistes et des simulations fonctionnelles. Les premières, généralistes, (l’immeuble, l’île, le village etc.) ont pot but un perfectionnement général, tandis que les simulations fonctionnelles (la conférence internationale, l’entreprise, l’hôtel, l’hôpital etc.) visent les étudiants et les adultes.
Préparation et déroulement
En ce qui suit, nous allons présenter les étapes nécessaires pour concevoir une simulation globale, telles qu′elles sont mentionnées par Francis Yaiche:
1. Établir le lieu et le milieu. Le lieu-thème peut faire partie du réel, c’est-à-dire qu′il existe dans le pays où vivent les élèves, ou il peut être fiction, produit de l′imagination. Les élèves vont identifier, nommer et décrire les éléments composants du monde.
2. Établir les identités fictives. Cette étape vise la réalisation d′une :
– identification administrative (âge, nationalité, profession)
– identification biographique (le passé des personnages)
– description des traits de caractère, des traits physiques etc.
3. Donner épaisseur et vie au milieu par des interactions. Se réalise à l′aide des interactions de chaque participant à la vie du cadre imaginé. Les apprenants vont ajouter des informations d′ordre historique, géographique et sociologique au lieu-thème.
4. Faire intervenir des événements. Les élèves vont animer les personnages en créant des événements: une crime, des incendies ou histoires d′amour etc.
Le rôle de l′enseignant
Selon Francis Debyser, le professeur a plusieurs rôles dans le cadre des simulations globales, ainsi:
-″il est le maître de jeu;
-il prévoit la répartition du travail collectif, en sous-groupes, ou individuel ;
-il aménage l’espace de la classe pour les diverses activités : espace pour les jeux de rôle, affichage de certaines productions ;
-il conseille les activités en évitant de les diriger ;
-il gère la mise en forme des productions, leur mise en commun et leur conservation ;
-il prépare certaines activités par un travail linguistique ;
-il propose des documents complémentaires ;
-il aide à la correction des productions écrites ;
-il corrige, après coup et sans les interrompre, les productions orales ;
-il évalue certaines des productions ;
-il reste vigilant en ce qui concerne la dynamique du groupe classe, des sous-groupes, les dérives psychologiques possibles, les stéréotypes culturels et la qualité du travail″ .
Comme nous pouvons observer, le professeur ne participe pas au déroulement de la simulation, mais tout son travail minutieusement réalisé avant le début de l′activité contribue à la réussite de celle-ci.