Bonnes pratiques dans l’acquisition de la compétence d’expression orale

Avec les méthodes traditionnelles, lˈexpression orale reste souvent limitée à lˈapprentissage par cœur et à la répétition de phrases figées qui, en général, ne permettent guère aux apprenants de dialoguer de manière naturelle avec les locuteurs de la langue cible. Mais ce nˈ est pas le cas de lˈapproche communicative avec laquelle acquérir une langue étrangère consiste à faire lˈapprentissage dˈ un ensemble de compétences linguistiques, discursives et socioculturelles. Lˈexpression orale est placée au cœur de lˈenseignement de la langue cible et lˈinteraction verbale est un exercice introduit dès le début de la formation.

La connaissance des règles, du vocabulaire et des structures grammaticales est une condition nécessaire mais non suffisante pour communiquer. Pour communiquer efficacement en langue étrangère il faut, en plus, connaître les règles de lˈemploi de cette langue. Cela signifie savoir quelles formes linguistiques employer dans telle ou telle situation, avec telle ou telle personne, compte tenu de lˈintention de communication.

Des quatre compétences, lˈexpression orale est celle qui met le moins à lˈ aise, dans le sens où elle est également liée à des savoir-faire et des savoir-être quˈ il faut posséder dans sa propre langue maternelle. Interviennent aussi des problèmes liés à la prononciation, au rythme et à lˈintonation, des problèmes liés à la compréhension en situation interactive, à la grammaire de lˈ oral, des facteurs comme lˈassociation entre le verbal et le non-verbal (gestes, sourires, regards). Tous ces facteurs peuvent devenir sources de blocage pour un étudiant roumain. Ces difficultés ne sont pas insurmontables, mais il sˈ agit dˈ une compétence quˈ il faut travailler avec rigueur et dans la  durée.

La première étape dans lˈapprentissage dˈ une langue est mimétique. On peut dire que les apprenants interprétant le dialogue dˈ une leçon sont déjà en situation dˈ expression même sˈ ils nˈ ont pas encore la responsabilité des énoncés quˈils utilisent.  Dès le début de lˈapprentissage il est indiqué de développer entre les élèves des dialogues en contexte tout en stimulant leur imagination et leur créativité.

Lˈenseignant devra relier lˈexpression orale aux dialogues déjà exploités dans la compréhension orale, puisque lˈobjectif sera dˈ aider les apprenants à réemployer les structures et le lexique déjà acquis. Lˈenseignant ne doit pas se limiter à un dialogue avec lˈapprenant sous la forme de questions/réponses, démarche limitée et qui ne place pas les interlocuteurs dans une situation de communication quotidienne. Le professeur devient animateur, absent de conversation, mais observant les problèmes linguistiques et communicatifs des élèves sur lesquels il pourra revenir ultérieurement avec les corrections nécessaires.

Au début de la démarche on fera les apprenants progresser dans la pratique de la langue au moyen du „je“ simulé dans des situations simples, puis un peu plus complexes pour travailler avec souplesse les différents objectifs de la formation. On passera ensuite      graduellement à lˈexpression du vrai „je“, dans des échanges à lˈintérieur de la classe et dans des situations interactives. Dˈactivités de simulation initiale, sous forme de jeux de rôle, dans lesquels les apprenants revêtent lˈidentité des personnages fictifs,  on passera à lˈexpression de lˈopinion sur un sujet quelconque sous forme de débat pendant lequel la personnalité de lˈapprenant sera de plus en plus impliquée et à la simulation globale, technique plus complexe car les personnages sont plus nombreux, entretiennent des rapports directement liés à la situation et réinventent le monde dans sa globalité par la création dˈ un décor, des personnages et des situations.

Il existe un éventail assez large de techniques de simulation, allant de la micro-situation jusquˈaux jeux d ˈentreprise. Parmi ces différents types on peut mentionner : les exercices de simulation précontraints, les jeux de rôles, les dramatisations, les activités ludiques, les échanges dˈinformation.

a) Les exercices de simulation précontraints constituent une sorte de transition de lˈexercice structural de dialogue dirigé vers les techniques les techniques communicatives proprement dites. Un exercice de ce genre présente plusieurs moments : le choix du point de grammaire, le choix de la situation contraignante qui impose la structure qui fait l ˈobjet de lˈexercice, la présentation de cette situation, lˈintégration de la structure par des questions posées par le professeur, la collecte des réponses fournies par les élèves et finalement un jeu de rôle construit à partir de la situation proposée.

b) Les jeux de rôles („comme si“) sont des pratiques dˈ animation qui engagent un nombre limité dˈ élèves, sans scénario, sans préparation préalable du dialogue. Un jeu de rôle est fondé sur des règles et des étapes déterminés : le choix de la situation, la construction des rôles (la rédaction dˈ une biographie sommaire, relations sociales, comportements) et le déroulement du jeu (les ruptures possibles, éléments surprise, les déclencheurs).

c) La dramatisation est une interprétation, un jeu théâtral, jouée par les élèves qui peut être fidèle à un texte de départ ou qui peut introduire des éléments dˈimprovisation très éloignés du texte initial. La dramatisation peut être réalisée dans des formes différentes : dramatisation répétitive (le rôle est imposé par le texte modèle), dramatisation avec implication personnelle (la scène jouée est suivie par une réunion débat sur les attitudes, sur les décisions des personnages) et dramatisation avec variation (la situation est constante, les personnages changent ; la situation change mais les personnages sont les mêmes).

d) Les activités ludiques facilitent lˈacquisition de la langue étrangère en instituant de nouvelles relations entre lˈenseignant et les enseignés et en créant des besoins langagiers plus proches des situations réelles. Tout comme les simulations, les jeux recouvrent un large éventail de possibilités, mais seuls les jeux ancrés sur une situation extra-verbale intéressent directement les activités communicatives. Ce type de jeux implique certaines structures linguistiques (actes de langage) prévisibles ou institutionnalisées.

e)  Il existe un grand nombre dˈactivités qui consistent à organiser lˈ échange dˈ information et qui se déroulent sous trois formes diverses :

● des activités qui impliquent un échange dˈinformation au service dˈ une action immédiate: le brainstorming (assaut du cerveau ou foire aux idées, technique de simulation centrée sur la nécessité de trouver une solution nouvelle face à un problème difficile), lˈ étude de cas (situation de simulation qui offre un cas concret  à propos duquel les participants confrontent leurs réflexions et adoptent une décision finale), lˈentretien dˈ aide ou de conseil (la situation dˈentretien met en contact deux ou plusieurs personnes ; à partir de lˈ idée que toute situation dˈentretien véhicule des stéréotypes, on peut introduire ce type dˈ échange dans lˈ activité didactique ; elle peut prendre des aspects très divers : entretien-jugement, entretien dˈ aide, de conseil, de compréhension, etc.)

● des activités qui impliquent un échange au service de lˈinformation – ces techniques visent à obtenir des informations et impliquent une situation face à face : lˈinterview de groupe (permet dˈobtenir une information et revêt le caractère dˈ une enquête psycho-sociale), les réunions-débats (une situation de communication dans laquelle sˈétablit à la suite dˈ un exposé une confrontation orale sur un thème) et lˈ échange par questions (une situation communicative multidirectionnelle dans laquelle plusieurs auditeurs interrogent successivement le conférencier ; plusieurs situations relèvent de ce type général : la conférence de presse, lˈinterrogation préalable, etc.

Ces diverses techniques de simulation favorisent la communication à lˈintérieur dˈ un groupe, motivent les élèves à utiliser la langue française dans des situations très variées de communication, tout en visant à capter les situations les plus diverses, en général professionnelles, afin dˈassurer lˈefficacité verbale requise.

Bibliographie

● Cristea, T., 1984, Linguistique et techniques dˈenseignement, Universitatea din București,   Facultatea de Limbi Străine ;

● Tagliante, C., 1994, La classe de langue, Clé International ;

● Tomescu, R., 2008, La didactique du français langue étrangère, Editura Universității din Oradea ;

● Weiss, Fr.,2002, Jouer, communiquer, apprendre, Hachette, FLE.

 

prof. Amelia Iulia Șerb

Școala Gimnazială Nr. 1, Uileacu de Beiuș (Bihor) , România
Profil iTeach: iteach.ro/profesor/amelia.serb

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