Cet article se propose d’analyser le rôle du professeur et celui de l’apprenant au cadre de l’approche communicative. L’enseignant et l’enseigné ont toujours été les acteurs principaux de la classe de FLE. Au fil des siècles, ils ont changé de rôles pour être en concordance à tout moment avec la situation sociale et historique. En suivant les différentes méthodes utilisées en classe de FLE, on peut se rendre compte que chaque méthode a attribué un rôle différent à l’enseignant et à l’enseigné. Au début, on a attribué un rôle très important au professeur qui était le détenteur absolu du savoir et du pouvoir, en minimisant le rôle de l’apprenant.
Au fur et à mesure que les didacticiens ont fait des découvertes dans le domaine de la didactique du FLE, l’apprenant à commencé à acquérir une importance particulière. Il est devenu le pôle vers lequel se dirige tout acte éducationnel. L’apprenant est devenu le centre du processus d’enseignement/ apprentissage. De nos jours, c’est le processus d’apprentissage qui a devancé le processus d’enseignement, c’est sur l’apprentissage que l’on met l’accent parce que c’est seul l’apprenant qui puisse faire la différence, c’est seul l’enseigné qui puisse choisir d’apprendre et d’utiliser les ressources que l’enseignant met à sa disposition.
Le statut de l’enseignant et celui de l’enseigné au cadre du processus d’enseignement/ apprentissage ont connu une évolution spectaculaire. Ainsi, au cadre de la méthode dite traditionnelle, l’enseignant est-il le détenteur du savoir et du pouvoir, en minimisant le rôle de l’apprenant. Lors de la méthode directe, le professeur reste le détenteur du savoir, mais il ne transmet plus les savoirs verticalement, sinon il anime la classe, il utilise la mime pour transmettre les messages et il communique. On peut voir déjà une certaine croissance de l’importance accordée à l’élève. Ensuite, au cadre de la méthode audio-orale, l’enseignant est le détenteur du savoir et du savoir-faire technique, données qu’il met à la disposition de l’apprenant. C’est pour la première fois que l’on commence à penser aux besoins langagiers de l’enseigné, c’est pour la première fois que l’on commence à penser à l’acquisition de la compétence de communication orale comme objectif principal de la classe de FLE. C’est une période de tâtonnements, d’essais. L’élève commence à acquérir de l’importance, mais non pas celle qu’il faudrait lui accorder. La méthode SGAV ne change pas grande chose en ce qui concerne le rôle du professeur et celui de l’apprenant.
Cependant, celle-ci ouvre la voie à l’approche communicative, qui représente une véritable révolution de la didactique du FLE. « De celui qui professe, du spécialiste, qui a plutôt tendance à corriger et à évaluer, l’enseignant devient celui qui anime, dans tous les sens du terme, son rôle est de guider l’apprenant vers la découverte et se trouve avec celui-ci dans une relation de type égalitaire. L’enseignant transmet toujours le savoir mais il insiste surtout sur le savoir apprendre à apprendre. » (Tomescu, Rodica, La didactique du français langue étrangère, Oradea, Editura Universității din Oradea, 2013, p. 25) Voilà la manière de laquelle Rodica Tomescu décrit l’approche communicative en tant que rôles assumés par l’enseignant et l’enseigné. L’apprenant est celui qui acquiert du pouvoir, c’est lui qui a un choix à faire. La classe de FLE représente, dès maintenant, un tremplin vers l’acquisition de connaissances et l’enseignant devient un facilitateur de l’apprentissage. L’enseignant ne détient plus le rôle principal, il doit faire place à l’apprenant qui prend en charge sa formation. Il est vrai que l’enseignant soit toujours là, il guide la formation de l’apprenant, il aide celui-ci à faire des choix et à prendre la bonne voie, celle qui amène l’enseigné à la réalisation de l’objectif visé. Pourtant, L. Porcher est d’avis que « pour enseigner à apprendre, il faut apprendre à enseigner. » (Mureșanu Ionescu, Mariana, L’enseignement du français langue étrangère, Iași, Édition Institutul European, 2007, p. 7) Cette nouvelle approche constitue un défi pour le professeur de FLE. Il est tout d’un coup démuni de toute son autorité, il perd soudainement la fonction qu’il a au cadre du processus d’enseignement/ apprentissage et il doit trouver des stratégies pour faire face à cette nouvelle situation de classe.
L’enseignant doit faire preuve d’une capacité d’adaptabilité extraordinaire, il doit faire face au progrès technologique, il doit viser des objectifs qui correspondent aux besoins langagiers des apprenants d’aujourd’hui, il « doit être sans cesse prêt à réorganiser et à reformuler son savoir de spécialiste en fonction des exigences et des objectifs pédagogiques ». (Mureșanu Ionescu, Mariana, L’enseignement du français langue étrangère, Iași, Édition Institutul European, 2007, p. 6) Posséder un très haut niveau linguistique ne représente plus la caractéristique essentielle d’un professeur de FLE, il faut qu’il possède des connaissances au domaine de la pédagogie générale et de la didactique de spécialité, il faut que celui-ci sache mettre tous ses savoirs au profit de l’élève, le professeur doit mettre toutes ses connaissance au service de l’apprenant. Voilà les rôles que Rodica Tomescu (Tomescu, Rodica, Formation initiale. Guide pour les étudiants stagiaires en français langue étrangère, Oradea, Editura Universității din Oradea, p. 29) attribue à un bon professeur de français langue étrangère :
- détenteur du savoir linguistique, c’est toujours le professeur qui est l’expert de la langue ;
- facilitateur de l’apprentissage, il apprend aux élèves à apprendre;
- guide, tuteur, il aide les élèves à faire des recherches, à trouver des informations, à résoudre des problèmes ;
- référent culturel, il enseigne une nouvelle culture ;
- animateur de la classe de FLE, il stimule la participation de tous les apprenants au processus d’apprentissage, il crée les situations de communication ;
- acteur, au cadre du processus d’enseignement/ apprentissage il détient un rôle, il a un statut et il accomplit des tâches ;
- arbitre, il gère les situations qui pourraient se diriger vers un conflit en agissant sur place pour instaurer l’ordre dans la classe ;
- évaluateur formateur des acquis, il aide les enseignés à se fixer des objectifs et à s’auto-évaluer ;
- technicien, il doit savoir manipuler les appareils (ordinateur, vidéoprojecteur, lecteur CD, lecteur DVD, tableau intelligent etc.).
À ne pas oublier ce qui est le plus important lorsqu’on parle du rôle du professeur dans le processus d’apprentissage : l’enseignant doit être capable d’éveiller la motivation et l’intérêt de l’apprenant pour le français. C’est seulement au moment où il y aura de la motivation et de l’intérêt que l’élève commencera à faire des recherches, à s’interroger sur tel ou tel sujet, à devenir participant actif dans le processus d’apprentissage. C’est seulement à ce moment-là que l’enseigné deviendra participant actif dans sa formation et il continuera à son propre compte le travail commencé en classe.
Quel est le rôle du professeur dans ce cas-ci ? Qu’est-ce qui lui reste à faire ? Sa mission, est-elle accomplie ? Pas du tout. Il doit passer à un autre niveau et viser la compétence la plus importante : faire l’élève apprendre à apprendre. Il faut savoir que « l’un des rôles les plus importants de l’enseignant est de soutenir l’apprenant dans ses efforts d’acquérir son autonomie. L’enseignant aide l’apprenant à devenir autonome s’il lui permet de manifester son originalité et son esprit critique : en d’autres mots, l’enseignant doit placer l’élève dans une telle position que celui-ci puisse prendre des risques en classe et des risques réels dans la communication hors de classe. » (Manolache, Simona Aida & Șovea, Mariana, Enseigner le français. Curs de didactică a limbii franceze, Suceava, Editura Universității Suceava, 2003, p. 28) Pour que les élèves soient capables de communiquer et d’exercer leurs compétences langagières, parce que c’est en communiquant que l’on apprend à communiquer, le professeur de français doit mettre du sien pour transformer la classe de FLE en un climat de confiance, de compréhension et de respect réciproque. Un professeur de FLE devrait être : chaleureux, sensible, tolérant, flexible, créatif, ouvert, doué d’imagination, prêt à réagir devant l’imprévisible.
Pour conclure, il est obligatoire à admettre que le rôle de l’enseignant et celui de l’enseigné ont connu une évolution impressionnante. Quoique le professeur ait perdu du terrain par rapport à l’élève, tous les deux restent les acteurs principaux du processus d’enseignement/ apprentissage. Il est vrai que l’enseignant ait perdu sa position privilégiée, mais il reste encore le soutient irremplaçable de l’apprenant. Le professeur se met au service de l’élève, en lui facilitant l’acquisition des compétences, en contribuant d’une manière irréversible à la formation de celui-ci. Le professeur reste encore formateur de destins, il est celui qui a la tâche de mettre à la portée de l’élève tous les moyens dont il a besoin pour atteindre les objectifs visés. L’enseignant est toujours là pour encourager, pour rassurer, pour faire équipe, pour aider à prendre des décisions, pour se réjouir de toute réussite, pour enseigner à apprendre.