La composante interculturelle fait partie des apprentissages que l’apprenant d’une langue étrangère doit acquérir pour comprendre la culture de la langue cible afin d’influencer la compréhension et la communication avec des natifs.
Les normes communicatives qui varient d’une langue à une autre poussent un grand nombre de chercheurs et didacticiens à proposer l’approche interculturelle dans l’enseignement/apprentissage des langues étrangères, d’une part, pour la bonne appariation de la langue et d’autre part pour éviter l’ethnocentrisme et les stéréotypes au cœur du processus d’apprentissage : l’apprentissage d’une langue comporte forcément une dimension culturelle, donc, la langue et culture sont étroitement liées.
L’interculturel dans l’enseignement-apprentissage du FLE
D’après M. Abdallah Pretceille le sens du mot porte davantage sur l’interaction, l’échange, le décloisonnement, l’interdépendance, la réciprocité. Dans « culturel », se trouve l’expression de la diversité. L’ interculturel c’est donner tout son sens au préfixe inter : interaction, échange, décloisonnement. Le terme culture c’est « la reconnaissance symbolique, à laquelle se réfèrent les êtres humains, individus et sociétés, dans leurs relations avec autrui et dans leurs appréhension du monde ; reconnaissance des interactions registres d’une même culture et entre les différentes cultures, et ceci, dans l’espace et dans le temps ». Les répétitions de quelques termes : échanges, rencontres, individus, cultures nous permet de résumer l’interculturel comme un mode d’interaction et d’échange pour dépasser et même éliminer les barrières.
Dans l’enseignement-apprentissage du FLE, l’interculturel a pour objectif de mettre les apprenants dans une situation d’égalité, agir sur leurs attitudes en dépassant et éliminant évolutivement les représentations erronées par l’interaction et l’échange. La démarche interculturelle vise à installer au sien de la classe de langue un savoir et savoir faire concernant l’appropriation de la culture étrangère, celle-ci est considérée comme une démarche qui prend en compte l’individu, son image de soi et de l’autre, elle consiste aussi à aider les apprenants d’acquérir des traits culturels qui leurs permettent l’ouverture sur l’univers de l’autre à savoir son histoire, ses modes de penser, ses symboles et ses valeurs.
Le C.E.C.R met l’accent sur « le savoir socioculturel qui constitue les traits distinctifs d’une société, parce qu’il englobe les connaissances de la société et de la culture des gens qui pratiquent la langue étrangère, dont il est probable qu’elles n’appartiennent pas au savoir antérieur de l’apprenant ou qu’elles soient déformées par des stéréotypes ». Dans ce sens, la connaissance des valeurs et des croyances partagées de certains groupes sociaux dans d’autres régions ou d’autres pays telles que les croyances religieuses, les tabous, une histoire commune, etc. sont également indispensables à la communication interculturelle. Selon le Cadre Européen le savoir-faire est l’aptitude ou la capacité de l’apprenant à mobiliser les connaissances et les savoirs acquis durant l’apprentissage dans des situations de communications réelles. Le savoir-faire interculturel implique la capacité d’utiliser des stratégies variées pour établir le contact avec des gens d’une autre culture, ainsi que la capacité d’aller au-delà des expressions stéréotypées.
La publicité est fortement influencée par la culture, mais à son tour, elle influence également la culture en tant que véhicule de l’information collective. Dans ce sens, elle transmet des modèles culturels différents étant une sorte d’amplificateur culturel qui reflète les normes sociales à travers le temps. La publicité est considérée comme un support pédagogique, matériau attrayant pour travailler la diversité culturelle tant qu’elle se trouve dans plusieurs formes audio, vidéo, iconique. L’affiche publicitaire est généralement définie comme une simple illustration d’image et slogan. Ce document médiatique constitue un bon support et un excellent moyen pour accéder au contexte culturel d’une société par ce que celui-ci : « induit une vision dynamique de la société, privilégiant implicitement les idées à l’ordre du jour, les faits de société en émergence, les innovations technologiques et les courants de la dernière heure ».
L’image publicitaire – document authentique
Le choix du document authentique comme support de travail en classe de FLE implique une exploitation communicative, linguistique et culturelle.
En tant que document authentique la publicité nous permet d’avoir accès au quotidien de la culture cible et l’utilisation de ces documents en classe de langues étrangères engendre une plus grande motivation chez les apprenants parce qu’ils ont un rapport direct avec la réalité du monde d’aujourd’hui et les modes de vie et de pensée du pays concerné. Ainsi, lors de leur sélection et exploitation en classe, il faut prendre en considération, les conditions dans lesquelles ils ont été produits, leurs objectifs, leur public cible.
Le document doit être exploitable pédagogiquement , les paramètres de la situation de communication doivent apparaître clairement : nature du document, locuteurs, lieu, moment de l’interaction, manière dont se déroule l’interaction, cause, enjeu de l’interaction. Il devrait aussi réactiver des savoir-faire anciens des apprenants. Le contenu linguistique doit être examiné d’avance sa pertinence par rapport la progression. Le contenu socioculturel aussi doit être pertinent, un bon reflet de la société française ou francophone, suivre les principes de la pédagogie interculturelle et de l’interdisciplinarité.
Le choix du document doit être centré sur la motivation de l’apprenant, doit également tenir compte de l’âge, du niveau, des habitudes d’apprentissage, des besoins des apprenants et des objectifs du cours. La plupart des documents peuvent être utilisés à différents niveaux, de la simple reconnaissance d’éléments signifiants connus à l’analyse fine et critique du support.
En outre, ce type de documents aide à la prise de parole et au déblocage de l’expression libre de l’apprenant car ils ont l’avantage de le motiver et de le surprendre.
Bibliographie
Martine Abdallah-Pretceille, (2004), L’éducation interculturelle, Paris, PUF, collection « Que sais-je ? » N°3487
Cadre Européen Commun De Référence Pour Les Langues, Didier, Strasbourg, 2000
CONSEIL DE L’EUROPE, Le cadre Européen Commun De Référence Pour Les Langues : Apprendre, enseigner, évaluer, Didier, Paris, 2005
Porcher Louis, Introduction à une sémiotique des images, Librairie Marcel Didier, Paris, 1976
Zarate Genevieve, Enseigner une culture étrangère, Hachette, Paris, 1986
Jean Pierre Cuq, Isabelle Gruca, Cours de didactique du français langue étrangère et seconde, PUG, Grenoble, 2005