Analyse et comparaison des manuels de FLE, la deuxième langue d’étude – niveau B2

Cet article se propose d’observer les manuels de niveau B2, c’est-à-dire les manuels qui concernent les élèves de la onzième et de la douzième qui étudient le français comme la deuxième langue étrangère. Nous avons l’intention d’analyser l’évolution des manuels de FLE et la manière de laquelle ils ont suivi l’évolution des méthodologies et les besoins des apprenants.

Voilà la liste des manuels scolaires qu’on se propose d’analyser :
1. Saraş, Marcel, « Limba Franceză – Manual pentru clasa a XI-a (anul VII de studiu) », Bucureşti, Editura Didactică şi Pedagogică, 1976 (manuel unique) ;
2. Saraş, Marcel, « Limba Franceză – Manual pentru clasa a XII-a (anul VIII de studiu) », Bucureşti, Editura Didactică şi Pedagogică, 1978 (manuel unique) ;
3. Groza, Doina et alii, « Limba Franceză L2 – Manual pentru clasa a XI-a », Bucureşti, Editura Corint, 2008 (manuel alternatif) ;
4. Groza, Doina et alii, « Limba Franceză L2 – Manual pentru clasa a XII-a », Bucureşti, Editura Corint, 2008 (manuel alternatif).

Nous commencerons par les manuels uniques utilisés avant la parution des manuels alternatifs en se concentrant sur les compétences que ceux-ci visent. Encore une fois, il y a une importance accordée à l’écrit, c’est-à-dire l’auteur des deux manuels a insisté sur la compréhension et sur la production des écrits. Les deux manuels se sont transformés en de vrais recueils de textes littéraires. Le document authentique est employé dans chaque unité. Les écrivains cités par le manuel de la onzième sont des titans de la littérature française tels que : Gustave Flaubert, Honoré de Balzac, Anatole France, Emile Zola, Alphonse Daudet, Jules Vallès, Antoine de Saint-Exupéry, Albert Camus. Le support didactique destiné aux apprenants de la douzième n’est pas en reste. Celui-ci propose aussi des textes littéraires appartenant à des écrivains français célèbres tels que : Louis Aragon, Marcel Proust, Charles Baudelaire, André Gide, Guillaume Apollinaire, Arthur Rimbaud, André Maurois.

Les deux manuels nous proposent une vraie incursion dans l’histoire de la littérature française. Il y a des extraits qui font connaissance aux apprenants avec les titans de la littérature française. Si dans l’auxiliaire didactique destiné aux élèves de la onzième, il y a de la prose seulement, le manuel de la terminale propose de la poésie aussi. Les textes choisis sont intéressants pour un lecteur averti, mais les élèves sont-ils capables de comprendre le message, peuvent-ils être attirés par la littérature française même s’il y a entre eux des jeunes qui ne possèdent pas de très bonne compétence de communication ? Les manuels pourraient sembler intéressants pour un professeur de FLE, mais non pas pour les apprenants. Ils ont besoin d’être doués d’un outil de communication tout d’abord pour être ensuite capables de lire en français de tels textes. Une autre possibilité aurait été de proposer deux types de textes dans chaque unité : un texte plus facile qui introduise le sujet de la leçon et un texte plus difficile qui aide les élèves à approfondir leurs connaissances dans tel ou tel domaine. En ce qui concerne les sous-compétences de communication langagière dont les deux supports didactiques traitent, il est évident que c’est la compréhension des écrits qui est mise en évidence. Il y a des documents authentiques (environ deux dans chaque chapitre) suivis de plusieurs notions de vocabulaire, de règles de grammaire et d’exercices qui vérifient la compréhension écrite mais qui demandent aussi de la réflexion de la part des enseignés.

Voilà l’exercice que le manuel pour la terminale propose pour vérifier la compréhension de la leçon « Un héros malgré lui… » (d’après André Gide) :
« Répondez aux questions suivantes :
– Qu’est-ce qui se passait près de l’impasse Oudinot ?
– Pourquoi Lafcadio se força-t-il de ne point allonger le pas ? Aurait-il voulu vaincre en lui un sentiment naturel de curiosité ?
– Qu’est-ce qu’il a vu devant la maison en flammes ?
– Si la jeune fille n’avait pas été là à stimuler son amour propre, Lafcadio aurait-il escaladé le mur pour sauver les enfants ? Qu’en pensez-vous ?
– Relatez l’action héroïque de Lafcadio.
– Comment le jeune homme a-t-il accueilli les acclamations de la foule ?
– Pourquoi était-il exaspéré de se sentir rougir ?
– Qu’est-ce qu’il fit de la bourse que la jeune fille lui tendit ?
– Pourquoi la jeune fille semblait-elle émue et désireuse de parler ? »
(Saraş, Marcel, Limba Franceză – Manual pentru clasa a XII-a (anul VIII de studiu), Bucureşti, Editura Didactică şi Pedagogică, 1978, p. 77)

Il y a donc des questions qui reposent exclusivement sur la compréhension du texte écrit, il y a des questions qui demandent aux apprenants de réfléchir et de donner leur opinion personnelle et aussi une question qui demande aux élèves de rédiger le résume du texte. En travaillant cet exercice, les apprenants améliorent la compréhension et la production de messages écrits en même temps. Il y a dans les manuels beaucoup de sujets de rédaction proposés par l’auteur. En voilà quelques-uns du manuel destiné à la terminale :
– « Montrez que la civilisation moderne est profondément marquée par l’essor des sciences et des techniques. » (Saraş, Marcel, Limba Franceză – Manual pentru clasa a XII-a (anul VIII de studiu), Bucureşti, Editura Didactică şi Pedagogică, 1978, p.7)
– « Montrez que très souvent la recherche scientifique s’accompagne de risques et qu’elle exige du courage et de l’abnégation. » (Saraş, Marcel, Limba Franceză – Manual pentru clasa a XII-a (anul VIII de studiu), Bucureşti, Editura Didactică şi Pedagogică, 1978, p. 15)
– « Montrez que le drame, profondément humain, du docteur Antoine Thibault ainsi que les ravages des bombardements condamnent inexorablement ceux qui provoquent les guerres. » (Saraş, Marcel, Limba Franceză – Manual pentru clasa a XII-a (anul VIII de studiu), Bucureşti, Editura Didactică şi Pedagogică, 1978, p. 23)

En ce qui concerne les compétences de communication orale, il est vrai que le manuel ne propose pas d’activités destinées à améliorer la compréhension ou la production orale, mais l’enseignant peut s’appuyer sur les documents authentiques des manuels et faire travailler l’oral. Il peut proposer aux élèves de faire la lecture du texte à haute voix ou bien il peut faire lui-même la lecture du texte et préparer des exercices (des exercices à choix multiples, des exercices de type Vrai ou Faux, des exercices d’association) pour vérifier la compréhension globale du texte. Ensuite, l’on peut passer aux questions proposées par le manuel pour vérifier la compréhension détaillée du texte. En ce qui concerne les sujets de rédaction, l’enseignant peut organiser un débat entre deux groupes d’élèves, chaque groupe soutenant un point de vue. De cette manière, il fera travailler la production de messages oraux. Pour que le débat marche bien, le professeur peut demander aux élèves de se préparer auparavant, en leur donnant le sujet et en leur demandant de se mettre d’accord avec les membres de leur équipe. Ainsi, les manuels uniques pourraient-ils sembler peu intéressants à la première vue, mais ils peuvent représenter des recueils littéraires dont tout professeur de français puisse se servir. Les éléments de culture et de civilisation française sont assimilés à travers les extraits de littérature qui présentent les Français tels qu’ils le sont. Par contre, l’auteur n’accorde aucune importance aux actes de parole ce qui est à rejeter dans le contexte actuel, tenant compte du fait que la compétence de communication et les actes de parole sont deux notions importantes qui caractérisent les nouvelle méthodologies.

Les deux derniers auxiliaires didactiques que nous avons décidé d’analyser sont proposés par l’édition Corint. Ceux-ci sont structurés en huit, respectivement neuf, unités d’apprentissage et en trois séquences de révision. Dès le début, on peut voir une très grande différence par rapport aux manuels scolaires uniques. Tout d’abord, dès que l’on entre en contact avec les manuels alternatifs, l’on peut observer qu’ils contiennent des images colorées qui suscitent l’attention des élèves, images qu’on ne pouvait pas trouver dans les manuels uniques. Ensuite, un aspect très important pour le parcours scolaire de chaque apprenant est le fait qu’on a la possibilité de vérifier les contenus proposés par ces supports didactiques en consultant le tableau synoptique. Le manuel pour la onzième propose les thèmes suivants : les relations entre les jeunes, l’univers affectif des jeunes, la vie personnelle, les relations entre les générations, la vie citadine vs. la vie rurale, les types d’habitat et les styles de vie, les transports modernes, des lieux et des services publics, des pays et des régions francophones, des villes d’intérêt touristique et culturel, des fêtes et des traditions françaises, les télécommunications, les médias, l’avenir professionnel (des préoccupations et des projets).

Les contenus proposés par le manuel destiné à la terminale sont à peu près les mêmes en ajoutant quelques sujets, tels que : l’univers des métiers, des démarches administratives, le parcours de formation, des festivals, des événements culturels, des personnalités du monde artistique/ scientifique, les moyens de communication, l’image publicitaire, la technologie de l’information, des réalisations technologiques.
Les thèmes abordés par ces deux supports didactiques sont d’actualité, ils correspondent sans doute aux besoins langagiers des jeunes d’aujourd’hui en les préparant pour leur avenir professionnel et personnel à la fois. Ce sont des manuels qui peuvent très bien susciter l’attention et la curiosité des élèves de nos jours. Ce n’est pas seulement grâce aux sujets abordés, sinon grâce à la présentation et aux activités proposées. Par rapport aux manuels uniques, les manuels alternatifs sont penchés sur l’amélioration des compétences de communication langagière, en tenant compte du fait que douer l’élève d’un outil de communication représente l’objectif principal de la classe de FLE, selon l’approche communicative. Tous les deux manuels accordent une place importante aux actes de parole. Tandis que le support didactique pour la onzième propose les actes de langage suivants : caractériser des personnes, exprimer des sentiments/ des émotions, situer un événement dans le temps, caractériser des faits/ des attitudes, demander à quelqu’un de faire quelque chose, défendre/ interdire, localiser dans l’espace/ donner des informations pour s’orienter dans l’espace, demander/ donner des informations sur des objets, exprimer l’obligation/ la nécessite/ la possibilité/ la certitude/ le doute, demander/ donner des informations sur des personnes, exprimer une opinion personnelle, reformuler un message en insistant sur un élément ou relater une action/une suite d’actions, le manuel destiné aux élèves de la terminale propose les actes de langage suivants : exprimer son point de vue, demander/ donner des informations d’ordre général, demander/ donner des explications, se présenter dans un entretien d’embauche, justifier son choix, raconter une histoire, un événement, décrire des lieux, donner des instructions/ des indications, décrire des objets/ des phénomènes/ des processus, reformuler un message/ demander à quelqu’un de reformuler un message, rapporter les paroles de quelqu’un, exprimer ses intérêts/ses préférences concernant le développement personnel ou argumenter son point de vue. Il y a plein d’activités qui travaillent ces actes de parole en améliorant les compétences de communication des élèves.

Les éléments de culture et de civilisation française/francophone sont présents dans les manuels alternatifs mis en discussion. À travers des documents authentiques, les apprenants entrent en contact avec la culture et la civilisation française/francophone, ils découvrent les régions de la France, les pays francophones, ils apprennent des informations concernant l’Union Européenne en élargissant leur culture générale et en se douant d’un vocabulaire riche qui leur permette de communiquer dans toute situation de communication.

Comment les chapitres sont-ils conçus ? Si l’on parle du manuel pour la onzième, il y a au début de chaque unité une leçon qui introduit le thème et qui débute par quelques citations, quelques vers ou des questions concernant le sujet, en plongeant les apprenants dans le vocabulaire et la direction de l’unité. Suivent ensuite quelques témoignages des adolescents qui traitent du même sujet anticipé, témoignages suivis d’une série d’activités. Entrent en scène la compréhension et la production de messages écrits, si le professeur choisit de travailler l’écrit ou la compréhension et la production de messages oraux si l’enseignant choisit de travailler l’oral. Il y a ensuite une leçon destinée aux actes de langage à l’occasion de laquelle le professeur peut choisir de faire travailler l’oral et d’améliorer la compréhension et la production de messages oraux. Toujours dans le même chapitre on peut trouver un texte authentique qui traite du même sujet, texte suivi d’une panoplie d’activités telles que : des exercices de repérages, des exercices de type Vrai ou Faux, des exercices d’association, des réponses aux questions, le résumé du texte etc. Ces activités développent la compréhension et la production écrite à la fois. En ce qui concerne la production des écrits, les auteurs du manuel nous proposent une série de sujets de rédaction. En voilà quelques exemples :
« Raconter une première rencontre qui a touché votre cœur. » (Groza, Doina et alii, Limba Franceză L2 – Manual pentru clasa a XI-a, Bucureşti, Editura Corint, 2008, p.13)
« Racontez un moment agréable passé en compagnie de vos parents. » (Groza, Doina et alii, Limba Franceză L2 – Manual pentru clasa a XI-a, Bucureşti, Editura Corint, 2008, p.37)
« Rédigez un article de journal intitulé : Avoir un portable – une mode ou une nécessité ? »( Groza, Doina et alii, Limba Franceză L2 – Manual pentru clasa a XI-a, Bucureşti, Editura Corint, 2008, p. 65)

Tel que l’on peut observer, les sujets de rédaction sont plus accessibles et plus penchés sur les préoccupations quotidiennes des élèves d’aujourd’hui. En plus, tout se rattache à leur expérience personnelle, ce sont eux qui sont les acteurs principaux de l’acte éducationnel. C’est une manière de les impliquer davantage dans le processus d’enseignement/ apprentissage.

Le manuel propose un autre document authentique vers la fin de chaque chapitre, texte suivi encore une fois d’activités qui développent les compétences de compréhension et de production des écrits. En plus, à la fin de chaque chapitre il y a une leçon d’évaluation qui se concentre sur le même type d’activités, c’est-à-dire compréhension et production de messages écrits.

Le manuel destiné aux élèves de la terminale est construit à peu près sur la même structure avec la différence qu’il fait travailler davantage les compétences de communication orale. Celui-ci est accompagné d’un CD que le professeur puisse utiliser pour la mise en place des activités. Le chapitre débute par des exercices qui travaillent la compréhension de documents oraux dont on a les transcriptions à la fin de chaque chapitre. Il y a des exercices de complétion, des exercices de type Vrai ou Faux, des exercices à choix multiples, des réponses aux questions etc., des exercices qui vérifient la compréhension et stimulent la production. Le reste du chapitre se déroule de la même manière que le manuel adressé aux élèves de la onzième : suivent les activités concernant un acte de langage, un texte authentique et les activités qui traitent de celui-ci et vers la fin il y a d’autres documents qui traitent du même thème. Dans ce cas, il n’y a plus de leçon d’évaluation.

En analysant et en comparant les manuels scolaires, nous avons observé que ceux-ci ont évolué tout au long de l’histoire pour mieux correspondre aux besoins langagiers des apprenants d’aujourd’hui. Tandis que les manuels uniques étaient penchés sur le travail de l’écrit, les auteurs des manuels alternatifs se sont rendu compte qu’un apprenant contemporain doit être capable de s’exprimer à l’écrit et à l’oral à la fois, il doit être capable de communiquer et d’échanger, il doit être doué d’un outil de communication dont il puisse se servir dans toute situation de communication. Même si les deux types de manuels, ceux uniques et ceux alternatifs, mettent l’apprenant en contact avec des documents écrits authentiques, les auteurs des manuels alternatifs ont réussi à tirer profit de ces documents et à stimuler l’amélioration des compétences de communication langagière chez les élèves. Par contre, les manuels uniques proposent des documents authentiques difficiles et qui ne sont pas accompagnés d’activités qui fassent réellement travailler les compétences de communication langagière. Ainsi, les auteurs des manuels alternatifs ont-ils réussi à offrir aux enseignants et aux apprenants des supports didactiques indispensables et utiles dont ils puissent se servir à tout moment et qu’ils puissent compléter par d’autres documents authentiques en vue d’améliorer encore davantage la compétence de communication en langue cible.

 

prof. Ioana-Lăcrimioara Rada

Colegiul Național Samuil Vulcan, Beiuș (Bihor) , România
Profil iTeach: iteach.ro/profesor/ioana.rada

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