Actes de langage et enseignement du FLE

La didactique moderne prend en considération l’enseignement des actes de langage, la création des savoir-faire afin de réagir conformément à une situation communicationnelle. Pour que l’apprenant réussisse à accomplir un acte de langage, il y a tout un chemin à parcourir. Nous ne voulons pas prôner un enseignement du FLE basé exclusivement sur un enseignement construit sur et par l’acte de langage en lui-même. L’apprentissage d’une langue étrangère, dans un contexte scolaire, prend la forme d’un puzzle.

Savoir construire un acte de langage dans un certain contexte situationnel ne relève seulement d’une acquisition purement pragmatique – je profère un ordre, parce que moi, en tant qu’élève, j’ai appris dès le début à construire un ordre. Et même si l’apprenant apprend en tant que tel un acte de langage, il ne saura pas l’employer dans une situation appropriée. Tout d’abord, l’apprenant a besoin de l’instrument grammaire, l’instrument vocabulaire, l’instrument orthographe pour construire formellement un acte de langage. Ensuite, il doit connaître le contexte socioculturel pour bien mettre en situation l’acte de langage qu’il a acquis. Évidemment l’apprentissage d’une langue vise l’emploi de la langue en situation. Même pour ce qui est de la langue maternelle, on ne l’apprend pas par types d’actes de langage, mais on fait appel à toute une palette d’outils, d’instruments. Ce qui intervient en ce cas, c’est évidemment penser au fait qu’un enfant apprend sa langue maternelle par répétition, premièrement en répétant des mots isolés et, deuxièmement, en prenant comme référents différents objets, et, plus tard, situations ; en assimilant les mots en situation, l’enfant commence à devenir conscient de la réalité de sa langue.  Et voilà, ce qui intervient ici, c’est l’acte en situation. Mais pour maîtriser ces techniques de la profération des actes et de leur interprétation, le sujet parlant a besoin de mettre en œuvre les compétences : linguistique, encyclopédique, logique et rhétorico-pragmatique. Sinon comment transmettre ou déchiffrer un acte de langage indirect, par exemple ? À coup sûr, il nous semble redondant de dire que l’on doit prendre en considération le facteur approche communicative, puisque le but de l’apprentissage de toute langue c’est l’emploi de la langue. Si on apprend une langue vivante dans le but de communiquer par le biais de cette langue, il est évident que la manière la plus simple et la plus adéquate est de faire appel à une approche communicative qui est centrée sur le sens et le contexte dans une certaine situation de communication.

L’apprenant peut réussir à comprendre et à employer correctement les actes de langage au moment où il comprend ce que l’on lui transmet. Dans la vie réelle, l’apprenant va être mis dans des situations diverses lorsqu’il doit performer dans une langue étrangère. Il peut être locuteur ou interlocuteur, il peut jouer différents rôles. Il est aussi important qu’il sache quels actes de langage sont différents dans la langue maternelle et dans la langue cible, de quels points de vue ils sont différents et ce qui ne convient pas à dire dans une certaine situation. Dans l’apprentissage d’une langue étrangère, il est impérieux d’aider l’apprenant à enrichir l’emploi des actes de langage pour interagir avec les natifs. Les apprenants ont parfois des difficultés à comprendre l’intentionnalité du langage ou ils ont de la peine à produire des actes de langage appropriés.

L’apprentissage d’une langue vivante signifie de la socialisation. Les leçons ne doivent pas s’appuyer seulement sur l’apprentissage de certains critères grammaticaux en vue de présenter à la fin des thèmes sur des sujets donnés, mais l’enseignant doit faire parler l’apprenant dans des situations variées, le faire s’adapter à ces situations.

L’apprenant doit avoir les outils nécessaires – outils fournis par l’enseignant – pour découvrir et déchiffrer les subtilités des actes de langage dans une conversation – comment commencer une conversation, comment la continuer, comment exprimer ce que l’on ne comprend pas, comment changer le thème de discussion, comment interpréter l’intonation ou le silence. L’enseignant doit être conscient qu’il est nécessaire que l’apprenant sache interpréter un acte de langage. L’interprétation des actes de langage doit être faite explicitement pour que l’apprenant soit capable d’agir dans certains moments. L’enseignement de cette interprétation doit se passer régulièrement au cadre des classes de français, mais, pas nécessairement par répétition, parce que interpréter un acte de langage peut supposer interpréter maintes situations différentes.

Parler c’est, avant tout, effectuer des actes, c’est faire agir. L’apprenant le fait tout d’abord dans des situations créées par l’enseignant dans la classe et puis dans la société. Parler signifie accomplir des actes de langage et cet accomplissement suppose la présence d’un locuteur et d’un interlocuteur, suppose l’instauration d’une relation ce qui détermine l’apprenant à être conscient qu’il y a toujours un autrui avec lequel il doit interagir, d’où l’importance de l’aspect interactionnel des actes de langage.

En guise de conclusion, nous soulignons que les actes de langage doivent se centrer au cœur du processus d’enseignement/ apprentissage du FLE, sans inventorier toute une panoplie d’actes de langage au cours des classes de français- ce qui paraîtrait ennuyant pour l’apprenant, mais en faisant appel à différentes stratégies d’induction qui aident l’apprenant à découvrir, à partir de différentes situations, les actes de langage proférés.

Bibliographie
• Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues, Didier, Paris, 2001
• COSĂCEANU, Anca, Didactique du français langue étrangère, Cavallioti, București, 2003
• ELUERD, Roland, La Pragmatique linguistique, Nathan, Paris, 1985

 

prof. Anca Maria Iordache

Colegiul Național Alexandru Lahovari, Râmnicu Vâlcea (Vâlcea) , România
Profil iTeach: iteach.ro/profesor/anca.iordache1

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