Les dernières années, nous avons observé, durant nos classes de français, l’appel des élèves, venus du système d’enseignement italien/ espagnol ou de ceux qui passent leurs vacances en Italie ou en Espagne afin de rendre visite à leurs parents qui y travaillent, à des stratégies de l’intercompréhension des langues romanes pour approfondir le français. Par ailleurs, j’ai constaté qu’à force de regarder des séries télévisées (telenovelas, eh oui!) beaucoup de mes étudiants sont bilingues.
Ils maîtrisent donc tous deux langues romanes et j’ai reálisé qu’apprendre une troisième langue romane, dans ce cas le français, avec des activités d’IC c’était très motivant pour eux, ainsi que pour moi, et très très pratique. Ces élèves avaient déjà développé des stratégies d’intercompréhension de manière plus ou moins inconsciente, mais j’espère pouvoir leur permettre d’affiner ces stratégies à présent, ainsi qu’en faire profiter à tous les autres élèves qui n’ont pas cette chance/ cet intérêt.
D’ailleurs, à l’instar de Monsieur Jourdain, je faisais recours presque tout le temps à l’IC, sans avoir utilisé explicitement le terme, pour leur faire comprendre le sens de certains mots. En fonction du rapprochement sémantique, je faisais et je fais toujours appel à l’anglais (parce qu’ils l’étudient comme L1), pour le discours rapporté ou le Si conditionnel, par exemple, parfois à l’espagnol ou bien à l’italien pour le vocabulaire, parce qu’ils ressemblent beaucoup au roumain.
Grâce aux ressources mises à disposition par les deux CLOM (Cours en ligne ouvert et massif) : „ Enseigner l’intercompréhension en langues romanes à un jeune public”, cours auxquels j’ai participé en 2016, je peux désormais proposer à mes élèves des activités d’IC attrayantes et ludiques à la fois. Toutes ces (petites) séquences d’IC ne font que ranimer la classe de FLE et, pourquoi pas – espérons-le! – susciter leur intérêt de sorte qu’ils continuent à faire des „recherches” individuellement. Parmi les objectifs importants des cours, citons juste quelques-uns :
- Sensibiliser au concept d’intercompréhension en langues.
- Sortir d’une vision cloisonnée de l’enseignement des langues et montrer l’intérêt et la faisabilité d’une démarche plurilingue dans l’apprentissage d’une ou plusieurs langues.
- Faire prendre conscience de la possibilité d’accéder, au bout de la période d’apprentissage, à la compréhension de divers documents (écrits, audio et audio-visuels) en langues apparentées, à la communication avec des locuteurs de ces langues, chacun s’exprimant dans la sienne et comprenant celle(s) des autres.
Montrer comment une formation en langues romanes peut aider un apprenant à perfectionner ses connaissances en français.
L’IC pourrait donc être intégrée comme :
- activités de sensibilisation aux stratégies de recherche de sens
- activités de démonstration que le français peut représenter une porte pour comprendre ce que l’on pensait inconnu
activités de sensibilisation à l’autre, à la diversité, à l’ouverture
Le plus grand obstacle reste, ceci dit, le bagage cognitif et métalangagier que mes apprenants ne possèdent (presque) pas, la pauvreté du vocabulaire en langue maternelle ! sans parler de la rigueur intellectuelle…
En tant que professeur de FLE, je pense proposer à mes élèves, surtout aux plus petits, des activités d’IC à partir des didacticiels que j’ai découverts par le biais de ces formations : Itinéraires romans, Galanet, Galapro, Miriadi.
La Journée des Langues Européennes serait une bonne occasion d’initier les apprenants à l’IC. Je vais donc me servir de leur back-up plurilingue afin de faire avancer l’intercompréhension. Plus tard, je pourrais même planifier un cours dédié à l’IC, pendant lequel les apprenants auraient l’opportunité de comprendre mieux le français en le comparant aux autres langues romanes.
Je pense fortement que développer le plurilinguisme interculturel est indispensable à l’heure actuelle et que l’integration de l’IC dans le contexte professionnel est une méthode innovante d’apprentissage qui peut travailler sur les ressemblances des langues et qui peut nous aider a mieux comprendre la langue qu’on parle et la langue qu’on apprend- le roumain et le francais dans notre cas. Des activités d’identification d’une langue peuvent être mises à l’oral (pour comparer la sonorité des langues) et à l’écrit (pour travailler à propos des caractères qui existent dans une langue et pas dans une autre, ou de ceux qui se répètent dans plusieurs langues).
Il y a pourtant un grand chemin à parcourir. Cette approche représente une source énorme pour pouvoir enrichir nos pratiques professionnelles et faciliter ainsi la tâche aux apprenants. De plus, elle ouvre la porte à la création de programmes institutionnels conscients de la diversité et de l’’interdisciplinarité dont nous avons besoin pour arriver vraiment à former des citoyens socialement responsables. Il est fort à parier que les compétences de compréhension sont à valoriser davantage en tant que mode de communication, surtout à l’écrit, car elles leur seront très utiles dans certaines situations de travail en entreprise ou dans leurs études ultérieures.
Sitographie
clom-ic.francophonie.org
youtube.com/watch?v=Mqzb9AHA7ys
youtube.com/watch?v=Gn5BvzHX2WA
galatea.u-grenoble3.fr/dc97a.htm
dorif.it/ezine/ezine_articles.php?art_id=285