L’évaluation des apprentissages constitue un pilier fondamental de l’enseignement des langues étrangères et secondes, permettant aux enseignants de mesurer efficacement les progrès de leurs apprenants et d’adapter leurs pratiques pédagogiques en conséquence. Cette démarche complexe et rigoureuse s’articule autour de plusieurs étapes complémentaires qui transforment l’observation des performances linguistiques en véritables outils d’aide à l’apprentissage. De la collecte initiale des données à la prise de décision finale, chaque phase de ce processus évaluatif revêt une importance particulière dans la construction des compétences communicatives des apprenants. Comprendre ces mécanismes d’évaluation, c’est se donner les moyens d’optimiser l’accompagnement pédagogique et de favoriser une progression durable dans l’acquisition des langues.
1. La mesure
La mesure est une étape de la démarche d’évaluation qui permet de recueillir des informations et des données qualitatives et quantitatives pour éclairer les deux étapes suivantes de l’évaluation : le jugement et la prise de décision. En évaluation formative on mesure certains objectifs d’apprentissage spécifiques. Elle implique trois opérations : la collecte des données, l’organisation des données et l’interprétation des données.
2. Collecter les données
Mesurer c’est recueillir des informations. C’est la collecte des données. Il y a plusieurs façons de recueillir des informations sur la progression et l’état des apprentissages. Il peut s’agir de procédés utilisés de manière informelle tels l’observation, le questionnement, l’analyse des réponses des élèves, ou de procédés plus formels requérant l’utilisation d’un instrument de mesure tel que le questionnaire oral ou écrit, la grille d’évaluation descriptive, l’échelle d’attitudes, la grille d’auto – évaluation.
En langue étrangère ou seconde, les procédés informels sont une pratique courante. L’enseignant est toujours à l’affût des réponses de ses élèves puisqu’il est en constante interaction avec eux, qu’il doit assurer la compréhension des messages oraux ou écrits qui sont véhiculés dans la langue – cible en plus de devoir intervenir pour corriger les erreurs qui pourraient entraver la compréhension des messages et la poursuite des apprentissages.
Dans le cadre des procédés formels, l’enseignant a recours à des questionnaires oraux et écrits pour des contrôles ponctuels et des examens d’étapes. Lorsqu’il veut, par exemple, recueillir des observations en cours d’apprentissage ou qu’il veut mesurer certaines qualités d’une performance orale, il utilise alors une grille d’évaluation en référence à des critères de performance orale, telles la performance linguistique (les éléments lexicaux, morphosyntaxiques et phonologiques), la performance discursive (la cohérence et la cohésion du message) ou encore la performance apprentissages visés. Puis, il apprécie chacun des critères retenus à partir d’une échelle permettant d’évaluer l’absence de performance (0 point) jusqu’à la performance totalement réussie (XX points).
3. Organiser les donnés
Mesurer, c’est aussi étudier les données recueillies et les organiser en prévision de leur interprétation. On fait un choix dans les informations recueillies afin de déterminer celles que l’on veut analyser. Il s’agit de codifier et de regrouper par catégories ou par sous-groupes les informations à partir desquelles on voudra porter un jugement et finalement de procéder à l’analyse de ces données.
4. Interpréter les résultats
Mesurer signifie aussi tirer toutes les significations possibles à partir des données recueillies, organisées et analysées. A cette étape de la mesure, il importe de rendre les données significatives en fonction de l’intention d’évaluation et des décisions à prendre. Pour ce faire, deux interprétations sont possibles : l’interprétation normative ou l’interprétation critérielle.
L’interprétation normative traduit un résultat de mesure en termes de comparaison avec les résultats d’un ou de plusieurs groupes d’élèves. Elle permet de situer chaque élève par rapport à la moyenne de son groupe ou d’autres groupes de même niveau.
L’interprétation critérielle consiste à vérifier la performance de chacun des élèves par rapport aux objectifs d’apprentissage. Il s’agit dans ce cas, de suivre le développement des apprentissages de chacun des élèves sans établir de discrimination au sein du groupe. A l’aide de critères de performance, on examine l’écart de performance de l’élève par rapport aux objectifs visés pour évaluer s’il maîtrise ou non ces objectifs.
5. Le jugement
Le jugement consiste à donner un avis sur la progression ou l’état de réalisation des apprentissages d’après les informations recueillies. Il faut interpréter ces informations par le biais de l’observation ou des tests de contrôle et de prendre en considération.
6. La décision
En évaluation formative prendre une décision signifie faire un choix entre diverses actions à entreprendre concernant la progression des apprentissages. Les décisions concernent le diagnostic des difficultés et la mise en place d’activités correctives, d’activités de renforcement ou d’autres activités.
Bibliographie
Lussier Denise, Evaluer les apprentissages, Hachette, 1992, Paris, 13-38
Tagliante Christine, L’évaluation, CLE International, 2000, Paris