Le IVème Congrès Européen de la FIPF à Bucarest, espace innovant pour les enseignants de FLE

Du 4 au 7 septembre 2024, le 4ème Congrès Européen de la FIPF (Fédération Internationale des Professeurs de Français) s’est tenu à l’Université Polytechnique de Bucarest. C’est le premier congrès postpandémie organisé dans la région européenne par la FIPF.
La devise de cet événement francophone était « Ensemble en français ! Réfléchir, échanger, agir sur le monde d’aujourd’hui et de demain ». Le thème du congrès nous présente une vision ambitieuse de la place du français dans le monde. 

Ce congrès avait pour objectif de fournir un espace de réflexion sur l’enseignement du français, favorisant ainsi l’innovation, la collaboration et l’engagement culturel des participants dans la région d’Europe Centrale et Orientale, mais également dans le monde.
Bien que ce fût un congrès européen, des enseignants d’autres continents étaient présents, totalisant environ 800 participants.

Ce congrès a servi de forum pour des pratiques innovantes, avec des axes thématiques définissant les contours de l’innovation dans l’enseignement-apprentissage de la langue française:
Symposium 1 : Le français et le plurilinguisme
Symposium 2 : Diversité culturelle de la francophonie
Symposium 3 : Apprendre et enseigner à l’ère du numérique
Symposium 4 : Développement professionnel
Symposium 5 : Langue française et société

Le programme comprenait des conférences animées par des experts francophones, des ateliers pédagogiques et des présentations soutenues par des professeurs de français du monde entier. Les stands des maisons d’édition et les présentations des différentes organisations francophones étaient également très intéressants.
La première journée a été consacrée aux jeunes enseignants, guidés sur le thème du mentorat associatif par Madame Cynthia Eid, présidente de la FIPF. Moi, en tant que jeune enseignante, j’ai reçu une invitation pour participer à cette rencontre spéciale dédiée aux jeunes enseignants de et en français.

”En 2024, plus de 321 millions de francophones parlent le français dans le monde, faisant de cette langue la deuxième langue étrangère la plus enseignée après l’anglais”, a affirmé Madame la Présidente Eid.

Le programme s’est poursuivi avec l’atelier intitulé « Les insécurités professionnelles des enseignants débutants de FLE : comment les gérer et les transformer en leviers d’apprentissage ? », destiné aux jeunes enseignants et animé par Monica Vlad, professeure habilitée et ma professeure en Linguistique et Didactique française, pendant mes études de Licence et de Master à l’Université « Ovidius » de Constanța, ainsi que par prof. drd. Janetta Bărăitaru. On a vu que les enseignants débutants en FLE peuvent faire face à plusieurs insécurités professionnelles, notamment : la solitude professionnelle ; la manque de ressources pédagogiques ; l’adaptation aux différents niveaux linguistiques ; la gestion de la classe ; la préparation des documents (si nous sommes aussi des professeurs principaux). Pour surmonter ces insécurités, on peut suivre des formations continues pour approfondir nos compétences pédagogiques, découvrir de nouvelles méthodes d’enseignement et mieux comprendre les besoins des apprenants ; on peut nous inscrire dans un réseau où les enseignants partagent des ressources pédagogiques et des idées d’activités ; on peut collaborer avec d’autres enseignants au sein d’une équipe ou d’une communauté scolaire pour réduire le sentiment d’insécurité.

La journée s’est conclue par l’ouverture officielle du Congrès, qui a débuté à 17 heures. Lors de cette session, des personnalités francophones ont prononcé des discours, notamment :

  • Cynthia Eid, présidente de la FIPF ;
  • Rennie Yotova, directrice du BRECO et professeure de littérature française à l’Université Saint-Clément d’Ohrid à Sofia, Bulgarie, traductrice ;
  • Giedo Custers, président de la Commission d’Europe Centrale et Orientale ;
  • Sorin Cîmpeanu, président de l’AUF (Agence Universitaire de la Francophonie) ;
  • Irina Cosovanu, présidente de l’ARPF (Association Roumaine des Professeurs de Français).

Ces discours ont souligné l’importance de l’enseignement du français et des échanges culturels au sein de la Francophonie : madame Cynthia Eid nous a dit qu’il est ”nécessaire de continuer à promouvoir le plurilinguisme, la diversité culturelle des francophonies, de renforcer le positionnement du français dans les domaines où il est bien établi et d’encourager son enseignement-apprentissage dans les pays non francophones”. Elle a affirmé que ”le 4ème Congrès de la FIPF est une page pilier de notre mémoire collective des francophonies plurielles. Ainsi, elle a souligné l’importance du Congrès : c’est une occasion de connaître d’autres enseignant.e.s. de langue française, de partager nos pratiques pédagogiques et de construire ensemble l’avenir de la langue française à l’ère du numérique”.

Monsieur Giedo Custers, le président de la Commission d’Europe Centrale et Orientale a déclaré que, ”enseigner une langue étrangère, c’est enseigner l’interculturel et le multilinguisme, c’est enseigner l’intercompréhension”. Aussi, il a précisé que, être professeur de langue est travailler à la réalisation d’un monde meilleur, où règne la paix.

Madame la présidente de l’Association Roumaine des Professeurs Francophones (ARPF), Irina Cosovanu, nous a souhaité un congrès inspirant, enrichissant et inoubliable. Elle nous a transmis un message qui encourage la collaboration et l’unité : ”Ensemble, faisons briller la langue française et renforçons notre belle communauté de professeurs !”.

La journée du 5 septembre a débuté par une conférence plénière animée par le président de l’axe thématique 1, Michel Candalier, qui a abordé le sujet « Quels liens entre le français et le plurilinguisme ? Une déclinaison des possibles ». Monsieur Candalier est un linguiste et chercheur français, spécialisé dans le domaine de l’éducation plurilingue et interculturelle ; madame la professeure universitaire Monica Vlad invitait souvent monsieur le professeur Candalier, pendant les cours de Master « Les langues modernes dans une dynamique plurilingue » que j’ai suivies. Il a abordé le plurilinguisme, la diversité linguistique et l’approche pédagogique : éveil aux langues.

Au Congrès, son conférence a permis d‘explorer les relations entre l’apprentissage du français et la promotion du plurilinguisme, mettant en lumière les différentes possibilités d’intégration de ces concepts dans l’enseignement.

Ensuite, dans le même jour, des ateliers et des présentations parallèles ont eu lieu. À la fin de la journée, un moment culturel a été animé par l’équipe de Francophonia, un centre de formation pour les enseignants de français, basé à Nice.

Le vendredi 6 septembre, j’ai assisté à la conférence plénière de Rennie Yotova, présidente de l’axe thématique 3, intitulée « Apprendre et enseigner la langue française à l’ère du numérique : l’action de l’Organisation Internationale de la Francophonie ». Elle nous a présenté les avantages et les défis de l’apprentissage/ l’enseignement du français à l’ère du numérique. Grâce aux outils digitaux, les élèves peuvent accéder à une multitude de ressources en ligne (des vidéos interactives, des plateformes d’apprentissage personnalisées et des applications). Les enseignants peuvent bénéficier de technologies comme les tableaux interactifs, les classes virtuelles qui permettent un suivi plus précis des progrès des élèves. Puis, j’ai discuté avec Madame Yotova – je l’ai connue à Sofia, en Bulgarie, en 2022, quand j’ai participé au Forum régional des jeunes enseignants de français, un événement organisé par CREFECO et OIF.

Cette même journée, j’ai présenté mon exposé avec lequel j’ai été admise au Congrès, intitulé « La chanson en classe de FLE, un outil pédagogique innovant », qui s’inscrivait dans l’axe thématique 2 – Diversité culturelle de la francophonie.

Lors de cette présentation, j’ai mis en évidence les bénéfices de l’utilisation de la chanson dans l’enseignement du français, démontrant comment la musique peut attirer l’attention des élèves. J’ai également expliqué à quel moment de la leçon la chanson peut être intégrée et j’ai présenté des sites représentatifs qui utilisent la chanson francophone comme méthode didactique.

On sait que les apprenants se sentent souvent fatigués, stressés ; les ados ont des problèmes et seulement la chanson adéquate contribue à leur âge et à leur bien-être.

La musique est vraiment une source de motivation – la chanson est un outil pédagogique innovant. Le rôle de l’enseignant est d’être toujours inventif, original, imaginatif, novateur, un véritable chercheur pour motiver ses apprenants.

Utiliser YouTube en classe de FLE pour enseigner la grammaire / le vocabulaire, à travers des chansons représente une stratégie efficace et engageante.

Les professeurs doivent choisir des chansons adéquates aux niveaux de ses apprenants :
– Débutants : Optez pour des chansons avec des paroles simples et répétitives. Les comptines pour enfants ou les chansons pop avec des refrains faciles sont idéales.
– Intermédiaires : Essayez des chansons qui racontent une histoire ou qui utilisent des temps verbaux variés, comme les ballades ou les chansons de variété.
– Avancés : Explorez des genres musicaux plus complexes, comme le rap, le slam, ou les chansons avec des textes poétiques et riches en expressions idiomatiques.

J’ai présenté quelques astuces pour les enseignants :
• Faites chanter les apprenants pour pratiquer la prononciation!
• Exploitez les paroles pour travailler la compréhension orale !
• Proposez des activités de karaoké pour renforcer l’oral !
• Utilisez les chansons pour aborder des thèmes culturels !
• Faites découvrir différents accents francophones à travers les chansons ! à la diversité des accents (Canada, Afrique, Caraïbes)

Les enseignants peuvent offrir des astuces aux élèves:

  1.     Aimez les chansons, la musique !
  2.     Écoutez de la musique dans tous les contextes possibles ! (en voiture, dans le bus, à la maison) 
  3.     Dites toujours : La chanson française, je l’apporte en moi !
  4.     Enregistrez-vous en train de chanter et comparez votre prononciation à celle de l’artiste !
  5.      Extrayez des mots ou expressions clés des paroles et créez des listes de vocabulaire. Apprenez ces mots en les associant à la chanson.
  6.      Essayez d’utiliser les nouveaux mots ou expressions dans des phrases de votre quotidien pour renforcer leur mémorisation.

Puis, j’ai présenté des sites et des liens où on peut trouver des chansons (sur YouTube – des chansons – pour enseigner la Grammaire, on peut utiliser des chansons comme : Le verbe ALLER, Le verbe FINIR, Les adjectifs possessifs, Le verbe PARLER – verbes en –er-présent de l’indicatif + adjectifs possessifs, La formation du féminin et du pluriel des noms et des adjectifs ; pour enseigner le Vocabulaire : Les salutations, La météo, La famille, Les parties du corps, Les fruits, Les jours de la semaine, La chambre, Le petit déjeuner).
Enfin, une brève discussion avec le public a suivi, modérée par la professeure grecque Georgia Despoini.
Ma présentation a été très appréciée par le public. J’ai été très fière de présenter mon travail à ce congrès.

J’ai terminé la journée en participant à la conférence intitulée « Comment sensibiliser les élèves à la francophonie ? », présentée par Benjamin Boutin, professeur universitaire et président honoraire de l’organisation Francophonie sans frontières. Auteur du livre « À la découverte de la Francophonie », il a partagé des stratégies et des idées pour éveiller l’intérêt des élèves envers la francophonie et ses diverses cultures. Puis, à la fin de sa conférence, il a offert un exemplaire de son livre, avec son autographe, à chaque participant. Cet ouvrage explore divers aspects de la francophonie, y compris la culture et l’histoire de différents pays francophones. Le livre fournit des informations sur les communautés francophones à travers le monde, ainsi que sur les événements et les organisations qui promeuvent la langue et la culture française. Ce livre, sous forme de bande dessinée, peut être facilement utilisé dans la classe de FLE.

La dernière journée a été ouverte par la conférence intitulée « La langue française au cœur des enjeux sociétaux modernes » présentée par Cynthia Eid, présidente de la FIPF. Elle nous a parlé sur la langue française, qui joue un rôle central dans les enjeux sociétaux modernes, en tant que vecteur de communication et de culture. Elle est un outil d’intégration pour les immigrés et un moyen d’expression pour les minorités linguistiques. Cette langue représente également un instrument de lutte contre les inégalités, favorisant l’accès à l’éducation et à la culture.

Après une journée riche en présentations et en ateliers, la cérémonie de clôture a eu lieu, où les conclusions des cinq axes thématiques ont été présentées. La journée s’est achevée par un concert de musique francophone, célébrant la diversité et la richesse de la culture francophone.
Dans les pauses entre les ateliers, j’ai eu l’occasion de visiter les stands des grandes maisons d’édition telles que CLE International, Hachette FLE, Didier, Samir Éditeurs et le Centre de Carte Étrangère STIKA. J’ai également interagi avec des représentants de l’OIF, de l’ARPF, de l’Institut Français de Roumanie (qui a célébré, cette année, le Centenaire – l’IFRo a été fondé à Bucarest le 30 mai 1924 !), de TV5Monde, de RFI, ainsi que de Québec Ville Études. Ces échanges ont permis de découvrir de nombreuses ressources et opportunités pour enrichir l’enseignement du français.

Je tiens à remercier par cette occasion l’OIF (l’Organisation Internationale de la Francophonie) et la FIPF pour la bourse qui m’a été attribuée afin de participer à ce congrès, ainsi que pour l’hébergement à la Maison de la Francophonie, récemment inaugurée dans la capitale roumaine.

Cette expérience a été inestimable et m’a permis de me connecter avec d’autres professionnels passionnés par l’enseignement du français. Je peux dire que tous présents ont été animés par une passion commune, la langue française.

Même si le programme a été très chargé, je me suis retournée avec le désir d’implémenter dans la classe de FLE les plus novatrices idées.

Lors de cet événement, j’ai également transmis aux participants les salutations de mes collègues de l’ARPF Călărași.
Pour conclure, le Congrès a représenté une source d’inspiration et d’échanges fructueux ; il m’a offert des méthodes innovantes pour l’enseignement du français, une langue qui a une large ouverture dans le monde.

 

prof. Anda-Diana Iordache

Școala Gimnazială Mircea Vodă, Călărași (Călărași) , România
Profil iTeach: iteach.ro/profesor/anda.iordache

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