La compétence de communication en classe de FLE

La communication est l’outil le plus important qu’on utilise dans l’interaction interhumaine quotidienne. Tout au long de l’histoire, on a essayé de définir ce concept. On est arrivé à beaucoup de définitions, parfois divergentes. Ce qui est indubitable est le fait que la communication est l’instrument qu’on utilise dans toute relation interhumaine, le pilier sur lequel on construit toute la société, le vecteur qui contribue à l’évolution sociale.

Ainsi, en soulignant le rôle de la communication dans la société et dans le développement des relations interhumaines, sommes-nous arrivée à la certitude de l’importance de l’acquisition de la compétence de communication en classe de FLE. Les nouvelles méthodologies mettent l’accent sur l’acquisition de la compétence de communication, compétence qui est devenue au cours des dernières années le principal objectif de la classe de FLE. Il est évident que le professeur doit munir l’élève de cette compétence. La langue étrangère est devenue un outil de communication, plus qu’une matière scolaire et le but principal de l’enseignant est de faire l’élève apprendre à communiquer en français car « quand on apprend à parler une langue étrangère, c’est pour tenter de partager des expériences analogues à celles dont on a l’habitude dans sa première langue ; c’est aussi chercher à partager des plaisirs conversationnels en s’adressant à quelqu’un d’une autre culture… » (Lhote, Elisabeth, Pour une didactologie de l’oralité, Revue de didactologie des langues-cultures 2001/3-4, n°123, sur www.cairn.info/revue-ela-2001 [consulté le 5 mars 2008]).

Etant donné l’importance que la communication occupe dans la vie sociale, les linguistes et les didacticiens ont essayé, au fil des années, de définir la compétence de communication. Celle-ci est devenue l’objectif principal de la classe de FLE. La langue étrangère, le français dans ce cas, constitue un outil de communication dont l’élève doit se munir à l’aide de l’enseignant.

Dans les années 60, le linguiste russe R. Jakobson a été le premier à théoriser la notion de communication. Pour celui-ci « le processus communicationnel est une relation bidirectionnelle entre protagonistes ou interlocuteurs, et englobe des axes intimement inter-liés. » (cf. Gschwind-Holtzer, Gisèle, Analyse sociolinguistique de la communication et didactique, Paris, Hatier, 1981, p. 10)

Voici le modèle de communication de Jakobson :
contexte
Destinateur                message                Destinataire
contact
code

En interprétant ce schéma, dans tout acte communicationnel il y a deux protagonistes, c’est-à-dire le destinateur, qui fait passer le message, et le destinataire, qui reçoit le message. Il faut mentionner que l’on parle d’une relation bidirectionnelle et qu’à tout moment le destinateur peut devenir destinataire et le destinataire peut devenir destinateur. Jakobson introduit la notion de contexte qui est très importante parce que tout acte communicationnel se passe dans un contexte quelconque, dans un endroit et à un moment donné. Ensuite, les deux interlocuteurs doivent garder le contact, le destinataire doit être intéressé à ce que le destinateur veut lui transmettre et il faut qu’il y ait de l’interaction de la part du destinataire, qu’il réponde au message du destinateur et qu’il fasse continuer l’acte communicationnel. Une autre notion à laquelle Jakobson fait référence est le code. Les protagonistes du processus de communication ont besoin d’un code commun aux deux pour faire passer le message et pour éviter les malentendus. On parle ici d’une langue commune, du langage verbal, mais aussi du langage non-verbal.

Il ne faut pas mettre de côté le rôle des facteurs socioculturels et psychologiques dans l’enseignement/l’apprentissage de la communication. En tenant compte de ces données, dans son œuvre Enseigner à communiquer en langue étrangère, Sophie Moirand propose une définition de la communication qui se caractérise comme « un échange interactionnel entre au moins deux individus situés socialement, échange qui se réalise au travers de l’utilisation de signes verbaux et non verbaux, chaque individu pouvant être tour à tour (ou exclusivement) soit producteur, soit consommateur de messages ». (Moirand, Sophie, Enseigner à communiquer en langue étrangère, Paris, Hachette, 1982, p. 9)

Moirand semble rendre le producteur actif, tandis que le récepteur devient passif. Or, il faut mentionner que la communication représente une interaction continue entre les deux, un changement des tours de rôles. Sans interaction, il n’y a pas de vraie communication. La communication ne signifie pas une simple production et compréhension du message, la communication signifie faire transmettre un message et avoir une réaction de la part du destinataire, destinataire qui devient lui-même destinateur et qui fait passer, à son tour, un autre message. On parle de deux interlocuteurs actifs à tout moment.

Selon Manuela Dias Baptista, « l’idéal de la communication consiste à échanger, partager et se comprendre mutuellement » (Dias Baptista, Manuela, L’oralité en classe de français à Praia – 1er et 2e cycles de l’enseignement secondaire, sur core.ac.uk/download/pdf/38680724.pdf [consulté le 4 février 2019]), tandis que Simona Manolache et Mariana Șovea trouvent que « le message n’est pas un simple emballage pour transmettre une information en direction d’un interlocuteur, mais un discours basé sur un contrat entre les deux participants à la communication, un contrat qui détermine ce qui doit être dit, comment le dire, l’organisation de l’interaction verbale entre les partenaires. » (Manolache, Simona Aida & Șovea, Mariana, Enseigner le français. Curs de didactică a limbii franceze, Suceava, Editura Universității Suceava, 2003, p. 24)

Pîrvu (Cf. Orțan, Florica (coord.), Pedagogie și elemente de psihologie, Cluj –Napoca, Édition Risoprint, 2014, p. 212) attribue à la communication quelques caractéristiques. Voici les plus importantes :

  • la communication est inévitable, l’individu étant un être social par sa nature, il a besoin de communiquer et toute réaction de l’individu comporte une valeur communicative ;
  • la communication est un processus continu, cela veut dire que les interlocuteurs interagissent à tout moment;
  • la communication est symbolique, en se servant d’un système de signes et de symboles acceptés et utilisés selon des règles précises ;
  • la communication est contextuelle, cela veut dire qu’il y a une relation entre les partenaires qui vivent dans un contexte social dont les caractéristiques influencent le contenu, la forme et l’efficacité de la communication.

En revenant à la classe de FLE, où l’on parle de compétence de communication, l’enseignant doit rendre l’élève capable de faire transmettre un message en langue étrangère. Toutes les définitions dont on a déjà parlé sont compatibles avec la compétence de communication en classe de FLE. C’est le code qui diffère, c’est l’outil de communication. L’élève est démuni de sa langue maternelle et il doit utiliser comme outil de communication la langue cible, le français dans ce cas-ci. Toutes les caractéristiques de la communication doivent être gardées, il faut toujours faire transmettre un message, avoir une réaction de la part du récepteur qui continue, à son tour, l’acte communicationnel. Voilà le défi auquel se confronte tout professeur de FLE : amener l’élève à communiquer en français, à faire transmettre ses idées, ses pensées, à être capable de déchiffrer un message et de réagir en continuant la communication, à être destinateur ou destinataire actif, par tour de rôles.

Dans le Dictionnaire de didactique des langues, D. Coste et R. Galisson définissent la compétence de communication de la manière suivante : « C’est la connaissance (pratique et non nécessairement explicite) des règles psychologiques, culturelles et sociales qui commandent l’utilisation de la parole dans un cadre social. » (Cf. Tomescu, Rodica, La didactique du français langue étrangère, Oradea, Editura Universității din Oradea, 2013, p. 21) D. Coste (Cf. Tomescu, Rodica, La didactique du français langue étrangère, Oradea, Editura Universității din Oradea, 2013, p. 22-23) va plus loin et présente des sous-compétences de la compétence de communication, composantes dont on a besoin pour maîtriser la langue étrangère :

  • une compétence systématique (ou linguistique) – qui constitue la connaissance des règles internes de la langue ;
  • une compétence sociolinguistique – en vertu de laquelle les interlocuteurs peuvent déterminer  le rôle des facteurs socioculturels dans la communication ;
  • une compétence énonciative et discursive – selon laquelle le sujet parlant serait capable de traduire son intention de communication en énoncés oraux et écrits ;
  • une compétence textuelle – qui assure la correction et la cohérence du discours ;
  • une compétence stratégique – qui signifie la capacité d’utiliser des stratégies verbales et non-verbales pour compenser les imperfections de la communication et pour en faire combler les trous.

Pour conclure, tout professeur de français doit amener ses élèves à être capables de communiquer en langue étrangère, il doit les douer d’un outil de communication dont ils puissent se servir dans n’importe quelle situation de communication. Les élèves doivent apprendre à devenir des participants actifs dans la communication, à être émetteurs et récepteurs de messages, par tour de rôles. Quoique le code de communication ne soit pas la langue maternelle, ils peuvent découvrir la langue cible à l’aide des échanges. Ainsi, peu à peu, toute compétence de communication peut-elle évoluer vers une performance de communication.

 

prof. Ioana-Lăcrimioara Rada

Colegiul Național Samuil Vulcan, Beiuș (Bihor) , România
Profil iTeach: iteach.ro/profesor/ioana.rada

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