« La langue du métier d’être enfant en langue étrangère » – Le CV projectif – commentaires après évaluation formative…
Dans dix ans, à horizon 2028, si tout va bien, le domaine qui m’intéressera sera le FLE enseigné à un public d’enfants. J’aimerais donc enseigner le français précoce. Ce domaine, extrêmement vivace de mon point de vue, fait référence à l’enseignement du français à un jeune âge qui permettra aux jeunes enfants de jeter les bases pour un enseignement ultérieur des langues mais aussi pour faire connaitre d’autres cultures, sensibiliser les enfants à l’Autre. Généralement, un domaine peut être défini par son public, par les préoccupations de ce public et par la méthodologie didactique choisie.
Pour définir le public jeune, une notion est très souvent évoquée : la notion d’âge critique. Elle est reliée à celle de contexte d’apprentissage/ appropriation et à la notion d’immersion. L’apprentissage implicite est possible chez le jeune enfant à condition que l’exposition à la langue cible soit faite sur une longue période de temps. Malory LECLEREMESSEBEL(1), dans son cours définit cette notion : « Ce serait un âge au-delà duquel l’enfant ne serait plus en mesure de mettre en œuvre les processus naturels d’appropriation qui ont permis l’acquisition de la langue maternelle. » Pour ce qui est des préoccupations des enfants, ce n’est pas si simple que ça les définir et je ne me lancerais pas dans une définition par défaut. De nos jours, d’autres domaines chevauchent les domaines d’intérêt des enfants et des parents pour leurs enfants, selon moi, parmi lesquels je mentionnerai les TICE (les enfants sont toujours un pas avant les adultes, préoccupées par les nouveaux gadgets sur le marché, toujours branchés aux de PS4pro, etc.), l’art, le cinéma, la préoccupation pour la mode, pour les soins des animaux. Et cela ne simplifie pas la tâche d’enseigner mais la complexifie de mon point de vue.
Une posture d’acteur professionnel dans ce domaine, une posture dynamique, en mouvement signifie également être un questionneur compétent2 comme le dit le professeur Florence MOURLHON-DALLIES dans sa conférence à la Sorbonne-Nouvelle Paris 3. Le questionneur est un enseignant qui pose donc les bonnes questions à propos des besoins du public cible, à propos de la méthodologie abordée afin de répondre au mieux à leurs besoins et à propos de soi-même dans le sens d’être l’acteur de sa propre professionnalisation.
Je me rends compte que j’ai été toujours entourée par des enfants à mon poste (j’enseigne depuis plus de 20 ans à des enfants de 10 ans jusqu’à l’âge de 19 ans dans un lycée théorique qui englobe ces tranches d’âge dans l’enseignement), en famille (nous sommes une famille nombreuse). Je me verrais travailler dans le domaine plus tard.
Deux stages BELC en juin 2017 de formation m’ont été offerts par l’Alliance française de Braşov, ma ville d’exercice de profession. Un stage d’une semaine intitulé : « Enseigner le français (FLE ou FLAM) à des enfants lecteurs (primaire ou pré-ados) », l’âge était de 5/6 ans – à 11/12 ans, un module de 30 heures de formation pendant la matinée. Le ludique, les chansons, la mime, l’association entre geste et parole, les images, les dessins, la lecture, les activités motrices, l’art (l’art japonais de rue par exemple le kamishibai) dominaient l’atmosphère tout en offrant des pistes pédagogiques si diversifiées et viables pour une véritable articulation du langage à l’action, en vue d’exercer le métier d’enfant en langue étrangère en classe ou dans la nature. Le second stage dans le domaine piloter, « 5B – Concevoir une offre de cours pour le public précoce », m’a donné une image plus complète des modalités de construire une offre de cours. Et ainsi j’ai pu articuler les contenus sur la formation en cours de l’Université de Sorbonne Nouvelle Paris 3, en Master 2, en Enseignement du français professionnel.
Ensuite, pendant mon temps libre, une activité de bénévolat de plusieurs mois c’est dessinée à Braşov pour moi. Les samedis sur la grande place de la ville, l’Alliance française et plusieurs enseignants avons organisé des ateliers de deux heures en air libre pour toucher de nouveaux publics, c’est-à-dire sensibiliser les parents et les jeunes enfants à la possibilité de prendre des cours en français dans les locaux de l’Alliance. Bon nombre de parents se sont montrés intéressés à combler ce besoin récompense, choix conditionné donc par la charge du futur de leurs enfants.
Pourquoi ce choix ? Le choix d’intégrer l’objectif d’enseigner à un public de jeunes enfants est ma manière de m’impliquer dans la vie sociale de la cité. C’est donc en raison de l’existence des besoins individuel et collectif de la société, parce qu’il y a réellement un public jeune qui désire prendre des cours de français langue étrangère et qui fait sens pour lui, que je serai là. Puis, pour moi, ce choix n’a pas été un choix cornélien du point de vue des projets qui se présentaient tous à la fois, car mon emploi de base ne permettait pas. Mais le contact avec les jeunes enfants qui font bouillir la marmite avec leur innocence a eu un grand poids. Je pense qu’enseigner c’est aimer, comprendre, guider le public cible. En outre, j’ai découvert ma passion pour le théâtre dans la rue qui émerveillait effectivement enseignant et public enfantin, tous les yeux pétillants et les oreilles collées sur la petite scène perdus dans la trame de l’histoire. Et en plus, cette nouvelle passion se mêlait heureusement et par hasard (?) à mes passions de temps libre pour la lecture, la nature. Par ailleurs, me procurer un kamishibai a nécessité perdre un temps fou dans mon pays, mais cela est un autre problème.
Néanmoins, enseigner à un public jeune reste un domaine encore inconnu pour moi et qui m’intéresse. En juillet 2019, un stage à la carte, module matin, intitulé « L’enseignement aux jeunes enfants de 7 à 11 ans » auprès du centre CAVILAM, France, m’a aidera à mieux identifier et mieux connaître les principales caractéristiques de l’enseignement aux enfants, à expérimenter des activités d’apprentissage adaptées aux jeunes enfants et à apprendre à connaître les ressources disponibles. Je pense que ce stage de 16 cours de 45 minutes serai valorisant.
Ainsi, nous pourrions organiser des cours de sensibilisation au français langue étrangère que j’animerais pendant deux années consécutives dans les locaux de l’Alliance française de Braşov, tous les samedis matin. Pendant les vacances d’été nous organiserions des ateliers thématiques qui recouvriraient les domaines qui préoccupent les enfants roumains, français, chinois, italiens de la région : par exemple la Semaine Zoo : aller au zoo de la ville et compléter des fiches d’observation pour les animaux, fiches préparées en amont, photographier les animaux, enregistrer les sons des animaux.
Passionnée des langues étrangères, je prendrai connaissance de la langue chinoise, une nouvelle opportunité dans la ville. Je m’inscrirai à l’Institut Confucius au sein de l’Université Transylvanie de Brașov où je suivrai les modules disponibles de 32 heures de langue chinoise. Je pourrai prendre conscience des divers styles d’orthographie chinoise, de l’apprentissage de base des caractères chinois. Cela me permettra d’imaginer un parcours ouvert vers l’international et cinq ans plus tard je deviendrai avec beaucoup de courage « French teacher for children / 5-8 years old », à Shanghai, Chine, pour une année, chargée de 35 heures par semaine. Cette expérience et un très bon niveau de connaissance de l’anglais, la maitrise des logiciels Microsoft Word, Powerpoint, Movie Maker et Photoshop me permettront d’évoquer ma préoccupation pour les langues, pour les cultures du monde et l’adaptation à un public jeune, en train de développement. De même, cela me permettra de connaitre l’autre enfant, de faire connaitre qu’il y a d’autres manières à faire, à penser, à jouer, à comprendre la vie et les gens sans parti-pris discriminatoires et d’accepter.
Bibliographie:
1 LECLERE-MESSEBEL, M., dans son cours « D0P12 – Enseignement aux enfants – Cours1, 2017-2018- M2, p. 4.
2 MURLHON-DALLIES, Fl., Conférence en ligne, Sorbonne-Nouvelle Paris 3, ENEAD.