Le collectif des élèves d’une classe est hétérogène, c’est une réalité. Le grand défi d’un enseignant c’est la gestion de la classe de sorte que l’apprentissage soit profitable pour tous. Plus qu’on améliore les performances d’un apprenant, plus on augmente son motivation pour apprendre le français.
En ce contexte, il est nécessaire de suivre une démarche adaptée aux différences identifiées pour rendre l’apprenant plus autonome, en faisant profit de la pédagogie différenciée.
À cet effet, en tant qu’enseignant, il faut apprendre à bien utiliser le temps dans la classe, bien canaliser l’aide à ceux qui en ont besoin. Si on apporte la même aide à tous ce n’est pas suffisant. On ne peut pas s’atteindre que tous les élèves atteignent le même niveau, avec le même effort. Leurs réponses sont différentes selon leurs compétences, leur motivation, leur rythme d’apprentissage et leur type d’intelligence.
Pour que chacun soit placé dans une situation optimale d’apprentissage et d’autonomie, il faut maintenir ou accroître leur motivation.
À retenir qu’un élève est motivé à apprendre le français comme langue étrangère si:
- il considère la langue et les activités utiles et/ou intéressantes.
- il se sent capable de faire ce qu’on lui demande.
- a l’impression qu’il a une part de responsabilité dans la réussite comme dans l’échec.
- il a l’impression qu’on s’adresse spécifiquement à lui.
En revanche, il ne se sent pas motivé si:
- il considère la langue et les activités inutiles et/ou inintéressantes.
- il ne se sent pas capable de faire ce qu’on lui demande.
- a l’impression qu’il n’a aucune responsabilité dans la réussite comme dans l’échec.
- il a l’impression qu’il n’est qu’un élément du groupe parmi les autres.
Pour atteindre la zone proximale de développement de chacun, il faut bien diagnostiquer les compétences des élèves. C’est à dire identifier leurs besoins après l’analyse de leur « fautes », identifiées dans l’étape d’évaluation. Celle-ci a comme principal but de prendre de l’information en vue de prendre une décision de remédiation.
Pour que la remédiation soit différenciée et ciblée, premièrement il faut que les compétences soient décomposés en savoirs-faire (des objectifs opérationnels) qui doivent être enseignés successivement. En fonction des savoirs-faire non acquis ou mal acquis, on peut faire un plan de remédiation en priorisant les erreurs les plus urgentes. Comme il y a des erreurs récurrentes ou problèmes de compréhension d’une règle chez plusieurs apprenants, on peut constituer des groupes de remédiation ciblés.
Par exemple, pour atteindre un même objectif de la production écrite, un premier groupe n’aura pas d’aide de la part du professeur pour résoudre une consigne parce qu’il est composé des élèves capables à le réaliser eux-mêmes. Le deuxième groupe aura besoin d’un canevas de guidage des actions qu’il va faire pour atteindre l’objectif. Le troisième groupe cochera sur un guide de relecture s’il avait déjà respecté les étapes nécessaires à atteindre le même objectif final. Il est important à mentionner que les critères selon lesquels on regroupe les gens doivent être valorisants à l’égard de l’élève : par exemple : toi, tu te débrouilles bien, tu n’as pas besoin d’aide à résoudre cette tâche.
Par ailleurs, il faut leur faire découvrir les stratégies d’apprentissage compatibles avec leurs types d’intelligence. Dans ce but, ils peuvent compléter des tests de personnalité ou s’assumer des responsabilités adéquates. Par exemple, pour distribuer les rôles d’un projet, on peut leur demander de choisir la tâche à laquelle ils vont participer: certains vont choisir de rédiger des textes, certains de prendre des photos, certains de faire un site web, etc.
Puisqu’on doit tenir compte de plusieurs facteurs de différenciation dans la classe de français langue étrangère, on peut s’appuyer sur les types de pédagogie différenciée que Philippe Meirieu a identifiés : la différenciation successive et celle simultanée.
La différenciation successive consiste à proposer aux apprenants de répondre au même objectif dans des activités variées faisant appel à des types de compétences et d’intelligence différents. Elle repose notamment sur les principes de la gestion mentale. On ne change rien à la gestion de classe. Seule la variété des types de supports et donc des compétences sollicitées permet de différencier.
Ce type de démarche est plus facile à préparer par le professeur, on la trouve aussi dans des manuels et permet à plusieurs types d’apprenants de se développer. Toutefois, ce type s’avère à être moins efficace parce que c’est moins ciblé et à cause de cela, peu des élèves seront motivés tandis que pour les autres il y a du temps perdu car ils ne progressent pas.
La différenciation simultanée consiste à proposer simultanément des activités différentes, pouvant viser des objectifs différents des groupes différents, car correspondant aux besoins des élèves, ou à faire varier des paramètres (temps, nombre d’activités, barème, exigences…)
Ce type de démarche a bien de points forts : il est plus ciblé, plus motivant, plus efficace pour l’apprenant et plus valorisant pour l’enseignant. Même s’il a des avantages, il s’avère à être difficile à mettre en pratique car demande du temps et une implication plus forte de l’enseignant ou des ressources pédagogiques.
En conclusion, différencier ne signifie pas individualiser la démarche didactique, mais grouper les élèves en fonction des critères de performance ou des besoins d’amélioration. Des élèves différents utilisent des stratégies différentes d’apprentissage dont on doit tenir compte, et les inviter à travailler dans des groupes qui les aident à progresser. C’est très important qu’ils deviennent autonomes dans l’apprentissage pour qu’ils puissent améliorer leur niveau de langue française.
Finalement, je souhaite remercier à Pierre-Yves ROUX, responsable de l’unité expertise et projets Centre International d’Études Pédagogiques (CIEP), Sèvres, qui a soutenu le stage de formation « La différenciation pédagogique : propositions pour gérer l’hétérogénéité des classes ». C’était un cours intéressant qui a répondu à beaucoup de mes questions regardant la différenciation en classe de FLE et m’a permis d’extraire quelques idées utiles pour d’autres enseignants. Cette formation nationale co-organisée par le Centre régional francophone pour l’Europe centrale et orientale (CREFECO) de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et le Ministère de l’Education nationale de Roumanie a eu lieu dans la période 3-4 septembre 2018 à Târgu Neamt.