Dans le paysage éducatif moderne, la nécessité de dépasser les barrières géographiques et culturelles est devenue une priorité.
Le projet éducatif « Amis sans frontières » est un exemple éclatant de la manière dont une vision commune et un dévouement pédagogique peuvent transformer cette nécessité en réalité. Né d’un partenariat entre l’Institution Publique Lycée Théorique « Ion Luca Caragiale » d’Orhei, République de Moldavie, et l’École Gymnasiale « Constantin Blănaru » de Cornu Luncii, département de Suceava, Roumanie, ce projet démontre que le chemin le plus court vers la connaissance passe par l’amitié.
L’objectif fondamental du projet a été de créer un cadre de collaboration et d’échange d’expériences visant à cultiver les valeurs européennes de tolérance, de diversité culturelle et de coopération, à la fois chez les élèves et le personnel enseignant. Ce projet vise l’acquisition de compétences clés essentielles pour l’avenir :
- Compétence Interculturelle : Compréhension et respect des nuances culturelles.
- Compétence Linguistique : Amélioration de la communication en roumain/français et des compétences de présentation.
- Esprit de Collaboration : Travail d’équipe efficace malgré la distance.
- Compétence Numérique : Utilisation d’outils digitaux (comme Mentimeter, Google Maps, plateformes de visioconférence) pour la recherche et la présentation.
Le projet « Amis sans frontières » s’est déroulé sur deux années scolaires, structuré en modules thématiques qui ont combiné la technologie avec l’interaction directe.
Au début les élèves des deux établissements ont participé à des sessions virtuelles de présentation du patrimoine local et national. Les jeunes d’Orhei ont partagé des aspects de l’histoire et de la culture de la République de Moldavie, mettant l’accent sur la continuité et les traditions. En miroir, les élèves de Cornu Luncii, Suceava, un lieu avec une riche charge historique, ont présenté l’héritage de la Bucovine, explorant les monastères et l’artisanat traditionnel. Ces échanges n’ont pas seulement porté sur l’information, mais aussi sur la prise de conscience qu’au-delà des différences administratives, il existe une racine culturelle commune.
Une autre partie composante du projet ,la gastronomie ,est un domaine privilégié pour découvrir la richesse de nos cultures. Ce module est dédié à l’échange de recettes et à l’exploration des saveurs qui nous définissent.
- Plats Communs : Nous avons identifié des plats qui sont les piliers de nos deux cuisines : Mămăliga (polenta), souvent servie avec du fromage et de la crème, les Sarmale (feuilles de chou farcies de viande et de riz) et les Plăcinte (galettes farcies, souvent au fromage, aux pommes ou à la citrouille).
- Les Spécificités Régionales : Les élèves découvrent et mettent en évidence les variations régionales. Par exemple, comment la mămăliga est préparée différemment dans les régions montagneuses de Suceava par rapport à la zone d’Orhei, ou les influences culinaires russes/ukrainiennes spécifiques à la Moldavie.
Les fêtes et les traditions sont le cœur battant de notre identité commune. Ce module explore les similitudes et les particularités de nos célébrations, qu’elles soient religieuses ou laïques.
- Le Mărțișor : Symbole du printemps et de la renaissance, cette fête (célébrée des deux côtés de la frontière) est l’occasion d’échanger de petits talismans rouge et blanc pour porter chance toute l’année. C’est un rituel qui unit les communautés après la longue période hivernale.
- Pâques (Paștele) : La fête la plus importante. Nous étudions les différences dans les coutumes (peinture des œufs, plats spécifiques) et l’importance du cozonac (gâteau traditionnel) qui ne manque sur aucune table.
- L’Unité et l’Identité Nationale : Nous discutons également des fêtes nationales et historiques, de la manière dont elles sont perçues par les jeunes et de leur rôle dans la consolidation de l’identité roumaine et moldave.
Une composante innovante du projet a été l’utilisation de la langue française comme langue de communication commune, étant donné que les deux écoles l’étudient. Des ateliers virtuels de conversation et des jeux de rôle en français ont été organisés, améliorant la fluidité et la confiance des élèves dans l’utilisation d’une langue étrangère dans un contexte réel. Cette approche a non seulement renforcé les compétences linguistiques, mais a également transformé le français en un « pont » neutre et efficace entre les deux groupes.
Les effets du projet « Amis sans frontières » sur les élèves sont profonds et durables :
1. Développement des Compétences Sociales : La timidité et les réserves initiales ont été remplacées par l’ouverture et la curiosité. Les élèves ont appris à collaborer efficacement, gérant les différences de fuseaux horaires et de ressources.
2. Maturation Culturelle : Par un contact direct et constant, les jeunes ont développé leur capacité à accepter et à apprécier la diversité culturelle, atténuant les stéréotypes et consolidant une perspective européenne unie.
3. Amélioration des Compétences Numériques : L’utilisation de plateformes de communication, d’outils de présentation en ligne et de ressources numériques a considérablement amélioré les compétences en TIC des élèves, les préparant au marché du travail mondial.
La coordination du projet par les professeures Slivca Olesea du Lycée Théorique « Ion Luca Caragiale » (Orhei) et Andreea Sibechi de l’École « Constantin Blănaru » (Suceava) a été essentielle. Les professeurs ont agi comme des facilitateurs enthousiastes, échangeant non seulement des expériences éducatives, mais aussi des méthodes didactiques. Ils ont découvert des techniques d’enseignement innovantes, adaptées au contexte transfrontalier, enrichissant ainsi leur propre répertoire professionnel.
En conclusion, « Amis sans frontières » est bien plus qu’un projet ; c’est une déclaration d’intention. Il illustre la capacité des écoles à dépasser les barrières physiques et à former une génération qui n’a pas peur des différences, mais les utilise comme une ressource. En construisant ces ponts de communication et d’amitié, le Lycée « Ion Luca Caragiale » et l’École « Constantin Blănaru » ne font pas seulement qu’effacer les frontières, mais jettent les bases d’une future communauté européenne fondée sur le respect, la coopération et une compréhension mutuelle profonde.