Les textes littéraires ont connu des moments extrêmes dans l’histoire de l’enseignement/ apprentissage des langues étrangères. Ils ont été beaucoup de temps sacralisés, avant d’être marginalisés. Jusqu’à la fin du XIX siècle, la méthode traditionnelle voyait le texte littéraire comme un support pédagogique très utile dans l’enseignement des langues. Le début du XXe siècle a apporté une repensée de l’apprentissage des langues étrangères, prenant en compte les besoins en termes de communication. Ainsi, cette repensée didactique a exclu le texte littéraire en classe de langues. Après quelques années, le texte littéraire trouve sa place parmi les documents authentiques, mais son image reste encore liée à la méthode grammaire-traduction. Aujourd’hui, les textes littéraires constituent un support pédagogique, en tant que document authentique qui transmet des valeurs linguistiques, culturelles et sociales. D’après Angenot, la littérature développe chez l’apprenant son esprit critique et sa manière de voir le monde.
La littérature a constitué un moyen très important à travers lequel les auteurs ont diffusé leurs pensées vis-à-vis de multiples sujets. Elle est une place de rencontre avec l’Autre auquel il met en avant sa culture et sa langue. Caractérisé par ses préoccupations esthétiques et formelles, le texte littéraire a eu des fonctions différentes conformément les périodes historiques, les idéologies des individus et les courants socioculturels. Ainsi, il exprime l’univers des écrivains, mais aussi la relation de communication entre les auteurs et les lecteurs. Une caractéristique de la littérature attribuée par les critiques est la dimension culturelle : la littérature représente « la meilleure ethnographie de la culture d’un pays donné, au sens propre du mot ethnographie: presque toutes les images et les idées les plus tenaces que nous avons sur les Anglais, les Russes ou les Grecs […] sont venues des œuvres littéraires. » Le texte littéraire connaît des avantages desquels les autres documents authentiques ne bénéficient pas, la polysémie, car il offre plusieurs interprétations.
Toutes les caractéristiques des textes littéraires font d’eux un vrai outil pour l’enseignement des langues étrangères. J.M.G Le Clezio, dans son discours à Stockholm, donne la suivante définition de la littérature : « La littérature est faite de langage […] Les écrivains dans une certaine mesure, en sont les gardiens […] Ils font vivre le langage […] Ils le célèbrent, l’aiguisent, le transforment parce que le langage est vivant par eux, à travers eux. » Grace aux textes littéraires, l’apprenant est en contact avec des documents où la langue est travaillée précieusement, fait qui l’aide à voir la beauté stylistique de la langue et d’exercer ces compétences langagières. Exploité d’une manière appropriée, le texte littéraire peut devenir un outil qui favorise le développement des quatre compétences langagières des apprenants.
1. La compétence de lecture ou compréhension/ interprétation écrite
L’activité de lecture en classe de FLE suppose la déconstruction/ reconstruction d’un texte que l’apprenant intègre dans son propre discours. La compréhension de l’écrit stimule l’imagination des étudiants, en développant leur esprit critique et leurs émotions. Grace à sa richesse langagière et discursive, le texte littéraire constitue un vrai support pour travailler les structures morphosyntaxiques et lexicales dans la classe de langue Cette compétence comprend trois compétences: la compétence linguistique, la compétence discursive et la compétence culturelle. Ainsi, on peut dire que la compréhension d’un texte littéraire ne suppose seulement la maîtrise de la grammaire et du lexique, mais la mobilisation des savoirs très complexes, la construction des hypothèses et d’un contexte qui n’a pas été donné d’avance. Conformément à Reichler, les caractéristiques du texte et celles du lecteur apportent la compréhension. Ces caractéristiques du lecteur sont nommées par Umberto Eco «encyclopédie».
Chaque apprenant possède cette encyclopédie, contenant son vécu et ses lectures antérieures. Donc, pour comprendre un texte littéraire, l’apprenant a besoin d’une compétence qui dépasse la compétence lexicale. L’univers des romans, des contes et des pièces de théâtre est fictif, mais leurs personnages sont basés sur le contexte réel : ce fait permet au lecteur de connaître les pensées, les problèmes, les habitudes et la langue des autochtones. Cette compétence fait l’apprenant capable d’identifier la situation de communication, «qui?, quand?, comment?, pourquoi?» etc., et ainsi de comprendre le sens global d’un texte.
2. La compétence de production écrite
L’efficacité de la compétence de lecture conduit à la production écrite. La production est une activité de construction de sens et s’intéresse de l’acquisition chez les apprenants de la compétence à produire divers modèles de textes s’engageant à des intentions de communication. Donc, il s’agit d’apprendre à communiquer. La production écrite stimule l’imagination de l’apprenant, en développant ses habilités créatives et en faisant sortir son moi culturel. Selon Albert, cette compétence comprend cinq niveaux de compétences à des degrés divers de la production : une compétence linguistique, une compétence référentielle, une compétence socioculturelle, une compétence cognitive, une compétence pragmatique. En autres mots, la compétence de lecture et de compréhension d’un texte donne vers l’écriture d’un texte nouveau.
3. La compétence (inter)culturelle
Le texte littéraire est un outil original, permettant l’insertion de l’interculturel dans la classe de FLE. Selon Colles, le texte littéraire est « une mise en forme esthétique de représentations partagées par les membres d’une même communauté. Cela signifie qu’un de ses particularités est de refléter à la fois une part de la personnalité de son auteur et le monde dans lequel il s’inscrit. Autrement dit, le texte littéraire est un véhicule de culture.» Par conséquence, le texte littéraire contribue à la fondation d’une identité culturelle. Il permet aux apprenants de confronter leurs représentations, concernant les cultures apprises et leur propre culture. Cette confrontation les aide à élargir leur horizon et à trouver un équilibre entre leurs connaissances et les nouvelles connaissances apportées par la littérature. En autres termes, le principe de la compétence (inter)culturelles est d’intégrer l’interculturel en classe de FLE, en signifiant la favorisation de l’échange entre cultures, fait qui suppose de connaitre, comprendre et respecter d’autres cultures et aussi sa propre culture.
Aujourd’hui, la littérature est considérée un lieu de rencontre entre les langues et les cultures et son enseignement peut répondre à une grande variété d’objectifs. D’après Seoud, le texte littéraire ne doit pas se limiter à transmettre des connaissances sur la littérature, elle gardant sa valeur à travers le temps et l’espace. On sait que les textes littéraires sont utilisés en classe de FLE pour étudier la grammaire, pour rédiger un résumé, pour faire la caractérisée des personnages et de la vie de l’auteur, pour montrer son appartenance à une école, à un mouvement ou à un genre littéraire. Mais, aujourd’hui, nous savons que l’étude des textes littéraire est préoccupé de réunir la langue et le texte littéraire, celui-ci contenant l’expression d’une langue, d’une mentalité, d’une culture, d’une civilisation et aussi d’une esthétique. La langue et la littérature permettent, ainsi, d’enrichir, de s’enrichir, d’aborder des nouveaux aspects dans l’enseignement du FLE. Au long du texte littéraire, l’apprenant reste en contact avec les coutumes et les valeurs de la culture étrangère.
À l’aide de la littérature, les apprenants peuvent entrer en contact avec des cultures différentes, sans s’insérer dans le milieu. En utilisant des textes littéraires, les apprenants connaissent des expressions idiomatiques, qui n’ont pas de sens dans la traduction littérale dans leur propre langue, mais qui reçoivent un sens dans leur contexte et, par leur utilisation elles représentent un enrichissement linguistique. On souligne que l’introduction de la communication littéraire dans l’enseignement de la langue étrangère a comme justification sa capacité universelle et aussi sa puissance à dépasser un cercle enfermé de la relation élève-professeur en faveur d’une autre relation (professeur)-texte-élève-(auteur).
Il est important de savoir que l’utilisation de la littérature en classe de FLE n’est pas une simple curiosité ou un auxiliaire à l’apprentissage de la langue, elle est un facteur important pour l’apprentissage d’une langue vivante.
Bibliographie
1. Barrier, I., (2003), Exploitations pédagogiques des documents, Ed, Hachette
2. Mounin, G., (1976), Linguistiques et traduction. Bruxelles : Dessart et Mardaga
3. Riqois, E., Exploitation pédagogique du texte littéraire et lecture littéraire en FLE : un équilibre fragile, 11e rencontres des chercheurs en didactiques de littératures, Genève, mars 2010
Sitographie
1. www.persee.fr
2. alaindependantcanalblog.com/archive