L’humour en classe de FLE

Les chercheurs s’accordent sur l’importance de l’émotion dans la classe de langue, parce que la « dimension affective atteint tous les aspects de notre existence et de manière très directe ce qui se passe dans la salle de classe, y compris celle de langues étrangères » . Selon Arnold J., l’humour entraîne le désir de communiquer avec une personne concrète, confiance en soi, motivation interpersonnelle, motivation groupale, confiance dans ses possibilités en langue cible, attitudes intergroupe, climat intergroupe et personnalité. Selon ce chercheur femme, il y a un rapport direct entre émotions et efficacité de l’apprentissage car la stimulation de l’empathie, de l’estime de soi peuvent faire plus efficace et faciliter considérablement le processus d’apprentissage d’une langue.

Selon Porcher, par l’humour « je suis un ego qui suscite un alter, (…) l’intersubjectivité, constitutive de toute classe de langue, découvre ici qu’on ne peut pas l’éluder, et que, dans ces conditions, l’interculturel est seulement une condition générale de toute entreprise pédagogique » .

« J’aime le français parce que le professeur est assez marrant, on rit beaucoup et on travaille beaucoup et avec plaisir à la classe de français. »  (dit Gabriel, élève, 17 ans)

Aujourd’hui encore, apprendre est couramment connoté d’austérité et de sérieux. Quand on est dans une classe, souvent, ce n’est pas pour plaisanter, mais pour travailler…donc, comment faire? « Le rire est le propre de l’homme » disait Henri Bergson. Le sourire et surtout le rire sont de véritables vertus thérapeutiques. Le rire entraîne en effet une véritable gymnastique interne du corps en faisant enchaîner moments de contraction et de décontraction pour chaque organe. Il assure les fonctions d’un véritable massage d’organes, favorise la circulation d’oxygène et déclenche le bien-être. En diminuant le tonus musculaire, il élimine aussi tension et agressivité. D’après de récentes études, le rire stimulerait la sécrétion d’endorphines naturelles proches des opiacés, molécules euphorisantes qui, à travers la chimie du cerveau favoriseraient le sentiment de bien-être et parfois d’extase .

Les chercheurs établissent un lien entre émotions et efficacité de l’apprentissage car « le fait de stimuler les différents facteurs émotionnels, comme l’estime de soi, l’empathie, la motivation, peut faciliter considérablement le processus d’apprentissage d’une langue » . Donc, la sensation de bien-être évoquée favorise les relations entre les élèves et les élèves et le maître dans la classe et entraîne un véritable plaisir d’être ensemble, favorise la vitalité et la relaxation.

Humour et motivation

L’humour apporte la variété, réduit la monotonie et l’ennui et ça donne une meilleure motivation. L’humour « constitue une espèce d’effraction, de surgissement dans la tristesse de la dictature didactique » .

L’humour crée les conditions d’une envie d’apprendre par des moments pédagogiques qui apportent des émotions qui désinhibent les enfants. L’humour est fondamentalement centré sur l’apprenant et crée un lien affectif fort entre l’apprenant et la langue qu’il apprend, est un adjuvant pour le processus d’apprentissage. C’est chercher à établir un lien de confiance et de respect avec les apprenants, c’est encore jeter un pont entre la culture française et celle des élèves. L’humour semble plus nécessaire encore pour la maîtrise de la langue, que pour d’autres maîtrises. On sait, en effet, aujourd’hui, que le sentiment de sécurité linguistique est, par sa présence ou son absence, le premier responsable de la réussite ou de l’échec scolaire. Seul le jeu, et jeu sur le jeu qu’est l’humour, permettent d’installer une relation affective positive qui est au cœur de cette sécurité langagière qui caractérise les élèves des milieux favorisés et nourrit leur appétit d’apprendre.

Et voilà ce que suggère J. Arnold pour réduire l’anxiété inhibitrice dans la salle de classe:
« Traiter toujours l’élève avec le plus grand respect et essayer de protéger son moi. Donner aux élèves la possibilité d’exprimer leurs préoccupations. Le fait de vérifier que leurs camarades partagent leurs sentiments d’insécurité, qu’ils ne sont pas les seuls à les en ressentir, peut avoir un effet positif. [… ]. Créer une atmosphère de coopération au lieu de concurrence. Garder une politique sur la correction d’erreurs qui ne soit pas vécue comme une menace de la part des élèves » .

L’humour peut motiver les apprenants qui aiment s’amuser, être avec leurs copains, partager, s’impliquer dans des activités de groupe qui suscitent leur imagination. L’humour en classe de FLE est absolument efficace. Les élèves s’animent quand il s’agit de faire quelque chose amusant, à une telle activité tous veulent participer, toutes les mains sont levées.

C’est pour cette raison que pour travailler, pour faire corriger les petits exercices de langue, on peut utiliser le travail de groupe qui permet une émulation, une diminution de la pression du regard des autres sur ceux au tableau, un gain de temps et, en plus, la fructueuse comparaison de deux travaux différents. L’humour peut désamorcer le stress des apprenants et stimuler la mémorisation. Incitant au jeu sur la langue, l’humour invite aussi les élèves à désacraliser le français en prenant conscience du nécessaire passage par un inter langue en perpétuel mouvement.
L’humour fait les apprenants les plus timides à oublier leur stress de s’exprimer en français et vaincre leurs angoisses. Ils se concentrent mieux, participent avec joie, mémorisent plus facilement. L’émotion déclenchée par le rire contribue à faciliter la mémorisation et est donc un outil précieux dans le processus d’apprentissage.

L’humour peut également motiver l’enseignant et lui rendre le plaisir d’enseigner. La motivation a cet effet de miroir, donc le plaisir d’apprendre et d’enseigner vont très toujours ensemble. L’humour peut apporter aux enseignants plus de joie et d’entrain dans leur travail, peut avoir un effet de régénérer la motivation de chacun. Une bonne ambiance favorise le contexte d’apprentissage.

Les exigences d’autorité pourraient être adaptées à nos propres exigences (celles de conditions de travail viables), et non plus à celles d’un mythique silence.

Références
J. Arnold, Comment les facteurs affectifs influencent-ils l’apprentissage d’une langue étrangère ? en Études de linguistique appliquée, 144, 2006, p. 407-425.
H. Bergson, Le rire. Essai sur la signification du comique, Alcan, Paris, 1900.
E. Charmeux, Et si l’humour… était le meilleur moyen de lutter contre l’illettrisme et l’échec scolaire en général, en H. Lethierry (dir.), Savoir en rire 2, L’humour maître (Didactique et zygomatique), De Boeck Université, Bruxelles, 1997.
E. Piccardo, Humain, trop humain – Une approche pour esprits libres : de la nécessité d’une dimension humaniste dans la didactique des langues. Les cahiers de l’Asdifle, Paris, 2007, 19, 21-49.
L. Porcher, L’humour comme le tango : une pensée triste qui se danse, in FDLM Humour et enseignement des langues. Recherche et application, CLE International, Paris, 2002.
tpedurire.weebly.com/iii-les-bienfaits-du-rire.html.

 


Încadrare în categoriile științelor educației:

prof. Anca Violeta Aparaschivei

Colegiul Național Mihail Sadoveanu, Pașcani (Iaşi), România
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