Qu’est-ce que le document authentique? Dans le Dictionnaire de Didactique du Français, Jean-Pierre Cuq nous donne la définition suivante: le terme de document authentique «s’applique à tout message élaboré par des francophones pour des francophones à des fins de communication réelle (…) tout ce qui n’est pas conçu à l’origine pour la classe. » Il ajoute : «Le document authentique n’a de sens qu’inséré dans le cadre d’un programme méthodologique ou pédagogique précis et cohérent»[1].
Une autre définition, donnée par Christine Tagliante dans son ouvrage La Classe de langue vient compléter la première: « La définition la plus courante du document “authentique” de quelque nature qu’il soit (écrit, oral, visuel ou audiovisuel) est qu’il s’agit d’un document qui n’a pas été conçu à des fins pédagogiques»[2].
Les documents authentiques, destinés au départ à des locuteurs natifs, s’opposent aux «documents didactisés», qui sont accompagnés d’une démarche pédagogique. Même si le document authentique est pris pour un matériel non pédagogique, il peut bien servir pendant les cours et l’apprentissage de la langue étrangère.
Ce sont donc des énoncés produits dans des situations réelles de communication d’information ou d’expression, relevant d’échanges entre francophones, que l’enseignant choisit pour utiliser dans des activités qu’il va proposer en classe. Ils sont présentés aux apprenants dans leur état original ayant une fonction communicative. Certains didacticiens les dénomment «document bruts», d’autres les caractérisent comme «documents sociaux».
La classification des documents authentiques
En ce qui concerne la classification des documents authentiques on en a trouvé plusieurs. Une classification très simple est celle qui consiste à opposer des documents dont le code principalement utilisé est l’écrit à des documents qui n’utilisent qu’un seul code, linguistique également, mais, cette fois, oral.
Une autre classification est celle d’après le type du support d’activité. Dans ce cas on peut classer les documents authentiques en trois groupes principaux:
1. Les documents authentiques sonores servant à l’entraînement de l’écoute, ou de la compréhension de l’oral.
Exemples: des interviews, des chansons, des conversations à vif, des extraits d’émission radio : bulletins météo, reportages, débats, etc.
Selon Christine Tagliante, «On introduit les documents sonores dans la classe dès le début de l’apprentissage. En fait, dès la leçon zéro, la prise de contact avec la langue cible, telle qu’elle est vraiment parlée par les natifs, est immédiate.»[3] Tenant compte que les façons de parler, les accents, les intonations, et les expressions varient d’une personne à l’autre, il est important de laisser entendre aux apprenants des voix différentes de celle de leur enseignant.
Aujourd’hui, pour avoir accès à ce type des documents authentiques on a besoin d’un ordinateur et d’un accès Internet.
2. Les documents authentiques visuels étant des représentations figuratives et matérielles du monde réel qui stimulent les étudiants à apprendre et à découvrir.
Exemples: des photographies, des tableaux, des dessins.
L’image fixe contient autant d’informations que les textes, mais il faut savoir la lire. Dans le même ouvrage, Christine Tagliante présente les avantages de l’image fixe: «Si les méthodologies la considèrent comme un support moteur de l’enseignement, c’est qu’elle est motivante pour l’élève, en ce sens qu’elle se rapproche de la vie réelle, qu’elle est porteuse de sens multiples et qu’elle permet des possibilités d’expression extrêmement riche.»[4]
Il est souhaitable de choisir ces documents d’une façon soigneuse afin d’atteindre les meilleurs résultats. L’enseignant doit prendre en considération l’âge de l’apprenant, ses intérêts, son niveau de langue etc. En même temps il faut tenir compte de la pertinence du matériel exploité et de son utilité pour parvenir aux objectifs envisagés.
Ces documents « muets » obligent les élèves à fournir une interprétation. Le but est de favoriser l’expression orale ou écrite. Christine Tagliante parle du fond et de la forme de l’expression orale. D’après elle, «le fond est constitué:
- des idées – des informations, de l’argumentation, des opinions personnelles et des sentiments exprimés ;
- des illustrations orales qui concrétisent les idées;
- de la structuration : de la façon dont on organise la présentation des idées;
- du langage – de la correction linguistique et de l’adéquation socioculturelle de ce que l’on dit.»[5]
Toutes ces parties sont indispensables pour pouvoir interpréter une image, donc avancer la production orale ou écrite.
Parce que les documents audio-visuels se trouvent à la limite des documents visuels et sonores ils peuvent remplir simultanément les trois compétences- celle de la compréhension orale et celle de la production écrite et orale.
3. Les documents authentiques écrits représentent les documents authentiques axés sur la compréhension écrite. Ces documents peuvent paraître aussi sous forme sonore ou visuelle et dans ce cas, ils vont accomplir encore d’autres compétences mentionnées ci-dessus.
Francine Cicurel signale dans son ouvrage: «Devant la multiplicité des écrits constitués par les livres, la presse, le courrier, les publicités, les dépliants, les formulaires, l’enseignant voulant proposer une lecture de documents authentiques est d’abord confronté au difficile problème du choix.»[6] Selon leur fonction, les documents écrits peuvent être divisés en deux groupes:
a) Les textes littéraires. Ce sont les textes qui servent aux lecteurs comme une sorte de détente, ou d’expression artistique. Parmi ses textes littéraires appartiennent:
- les romans,
- les contes,
- les pièces de théâtre (ou leurs extraits),
- les poèmes,
- les contes de fées etc.
b) Les textes non littéraires. Ce sont les textes qui ont généralement la fonction informative. On les lit pour obtenir un renseignement. Dans ce groupe on nomme:
- les extraits des journaux ou des magazines,
- les guides touristiques,
- les inscriptions sur les panneaux,
- les menus, les brochures,
- les programmes de cinéma ou théâtre etc.
Les documents authentiques représentent une partie indispensable de matériels qui sont utilisés et pratiqués pendant le processus de l’enseignement d’une langue étrangère. Grâce aux nouvelles technologies, une large gamme de supports authentiques s’offre à nous.
La troisième classification à laquelle on va faire référence est celle faite par Jean-Pierre Cuq. Selon lui, on a:
- «des documents de la vie quotidienne: plan d’une ville, horaire de train, dépliants touristiques etc.
- des documents d’ordre administratif comme : fiche d’inscription, formulaires pour ouvrir un compte bancaire etc.
- des documents médiatiques écrits, sonores ou télévisés: articles, bulletins météorologiques, publicités etc.
- des documents oraux: chansons, conversation à vif, échanges spontanés, etc.
- des documents qui allient le texte et l’image: films, bande dessinée, etc.
- des documents uniquement iconographiques: tableaux, photos.»[7]
L’exploitation pédagogique de ces documents offre aux apprenants la possibilité d’acquérir les connaissances (grammaire, lexique, civilisation) et les compétences indispensables (compréhension écrite et orale et production écrite et orale). D’après la compétence qu’on veut travailler, on choisit le support d’activité et le type de document authentique.