Selon Tomé, «parler une langue c’est agir sur le réel et non reproduire un modèle et l’apprentissage s’effectue à travers la réalisation de tâches langagières les plus authentiques possibles, avec une finalité de communication explicite». En ce sens, la visioconférence est, du point de vue didactique, non seulement la forme la plus réuissie de communiquer, mais aussi la plus diversifiée.
Au-delà de sa qualité d’outil d’autoformation exceptionnel nous pouvons remarquer en même temps ses contraintes et ses difficultés, tant pour les apprenants, que pour les enseignants. Le cadre psycho-affectif et celui technico-institutionnel sont essentiels de la même manière : ici on doit assurer des conditions absolument optimales pour réussir ses activités, ce qui, malheureusement, ne se réalise que dans un nombre d’institutions très limité, bien qu’en légère progression.
À partir d’une expérience menée en 2006 entre tuteurs de FLE et apprenants étrangers au travers de la visioconférence pour accomplir différentes tâches, du point de vue des potentialités didactiques, Lyon et Berkeley, on en a tiré les conclusions suivantes:
” – L’implication des protagonistes dans la situation de formation et l’ancrage dans une situation de communication authentique, qui permet d’assurer l’investissement et la motivation des apprenants ;
– La légèreté du dispositif technique, qui le rend utilisable et abordable et permet de pouvoir l’exporter vers d’autres situations éducatives ;
– La visioconférence poste à poste, qui augmente l’authenticité des échanges et permet de travailler la fluidité de la communication ;
– L’utilisation de la multimodalité, qui permet de compenser la pauvreté de la communication en ligne par rapport à la communication en face-à-face par l’ajout d’outils tels que le clavardage. En effet, celui-ci est susceptible de créer de la redondance nécessaire au bon fonctionnement de la communication. Le clavardage donne également la possibilité de désynchroniser les échanges à des fins pédagogiques. Il semble possible de parler de pratiques discursives spécifiques qui sont en cours d’élaboration pour ce type de communication pédagogique en ligne”.
Limites du visiophone : images saccadées, risque de quiproquo sur le sens des mots, des expressions verbales ou faciales, ou de registre. De plus, en ce qui est de la qualité audio/vidéo, elle n’est pas à la hauteur.
Bien que les objectifs majeurs, la fluidité et la spontanéité aient été atteintes, on constate un manque de précision dans l’expression.
Extrapolations à la situation d’enseignement de cette étude:
– La question de l’âge : Malgré une limite d’âge pour bien manipuler certains programmes déterminés, ce sont en général les plus jeunes qui en savent le plus, le rôle fondamental de l’enseignant-médiateur étant l’usage différent de quelque chose qu’ils connaissent déjà très bien.
– Spécificités : La platforme utilisée a ses codes propres et, pour éviter les confusions de langage simultané, une formation à la multimodalité est nécessaire avant son utilisation. De plus, on doit prendre en compte d’un côté l’oral et l’écrit, de l’autre côté les gestes et les mimiques.
Soit-il utile d’employer de tels moyens pour parvenir à certains objectifs communicatifs? Ce sont les chercheurs qui y ont répondu par une analyse conversationnelle qui valide les procédés dont nous avons parlé antérieurement.
Bibliographie
1. Develotte, C., Guichon, N. & Kern, R.: „Allo Berkeley ? Ici Lyon… Vous nous voyez bien ?” Étude d’un dispositif de formation en ligne synchrone franco-américain à travers les discours de ses usagers”, Apprentissage des langues et systèmes d’information et de communication (Alsic), vol. 11, n° 2. 2008
2. TOMÉ, Mario (2009) : Weblogs éducatifs pour l’enseignement d’une Langue Etrangère, in Synergies Espagne n°2, ressources-cla.univ-fcomte.fr/gerflint/Espagne2/tome.pdf