Etape essentielle de la communication, la compréhension de l’oral précède toujours l’expression et met en œuvre des capacités intellectuelles variées (repérage d’indices, recherche d’une information, sélection d’une information parmi d’autres, regroupement de plusieurs informations, inférences).
La compréhension de l’oral est l’un des maillons de l’apprentissage d’une langue. Elle constitue une étape au sein d’un ensemble d’activité d’écoute, de reproduction, d’entraînement et de production. Comprendre n’est pas une simple activité de réception : la compréhension de l’oral suppose la connaissance du système phonologique, la valeur fonctionnelle et sémantique des structures linguistiques véhiculées, mais aussi la connaissance des règles socioculturelles de la communauté dans laquelle s’effectue la communication sans oublier les facteurs extra-linguistiques comme les gestes ou les mimiques. La compétence de la compréhension de l’oral est par conséquent la plus difficile à acquérir, mais en même temps la plus indispensable.
Les objectifs de la compréhension orale sont d’amener les apprenants à :
- Acquérir des stratégies d’écoute
- Comprendre des situations de communication
- Comprendre globalement
- Comprendre en détails
- Découvrir du vocabulaire en situation
- Découvrir différents registres de langue en situation
- Reconnaître des structures grammaticales et des actes de parole en contexte
- Découvrir et comprendre des faits de civilisation.
L’intérêt de l’enseignant ne sera pas alors de tout faire comprendre aux apprenants, même si ceux-ci auront la tendance de demander une définition ou une explication pour chaque mot et/ou expression. Il est primordial de diriger l’activité d’enseignement-apprentissage de telle manière à former et à développer chez les apprenants des compétences de compréhension du/des message/s, des stratégies qui leur seront utiles dans l’apprentissages du fle.
Les supports doivent être le plus possible authentiques et choisis en fonction du niveau des apprenants et de leurs acquis linguistiques :
- Des annonces ou messages brefs
- Des bulletins d’informations ou météo
- Des documentaires radiodiffusés
- Des extraits de films ou dessins animés
- Des conférences ou exposés
- Des enregistrements de discussions entre natifs
- Des publicités
- Des extraits d’entretiens
- Des chansons
- Des reportages télévisés.
Dans tous les cas, il faut veiller à la qualité du son, des bruits de fond, de la durée de l’enregistrement et du débit.
Les supports peuvent être accompagnés d’images qui illustrent le dialogue. Elles ne doivent cependant pas dévoiler de manière explicite le contenu du document afin de ne pas freiner la compétence de compréhension orale. Les images sont là pour aider, non pour remplacer.
Le document authentique est un document destiné aux natifs, n’ayant pas été conçu à des fins pédagogiques. L’usage des documents authentiques en classe de FLE permet d’éveiller la curiosité des apprenants puisqu’ils vont découvrir la réalité socio-culturelle de la langue et de son usage. L’enseignant choisira donc un document en fonction des intérêts et des objectifs de la leçon. La plupart des ressources sont disponibles sur Internet. L’enseignant devra sélectionner avec soin son document qui apportera un véritable intérêt pédagogique. Il ne s’agit pas de seulement regarder un film en classe pour passer le temps, mais de se demander :
– le sujet est-il intéressant ?
– le document est-il adapté à l’âge de mon public ?
– le document est-il adapté au niveau de français de mon public ?
– le sujet est-il facilement compréhensible ? Sinon il faut introduire le contexte et/ou le vocabulaire.
– le document peut-il apporter un atout linguistique ou culturel à la leçon du jour ?, etc.
Enfin, il faut choisir les documents en fonction des objestifs la leçon et de l’intérêt des apprenants et ne pas laisser les préférences individuelles devenir une priorité.
Hypothèse : l’intégration du document authentique oral dans les stratégies d’enseignement-apprentissage en cours de fle peuvent améliorer tant la compétence de la compréhension de l’oral des apprenants que leur compétence à la production orale.
But de l’étude : animer les activités de classe traditionnelles (ayant comme support surtout les documents écrits et les dialogues fabriqués à des buts pédagogiques ou bien des corpus de phrases à lire à haute voix par le professeur).
Coordonnées : Lycée Théorique Panait Cerna, Brăila ; groupes d’élèves étudiant le fle (L.V. 1 et L.V. 2)
Objectifs : éveiller l’intérêt des élèves à l’apprentissage du fle ; améliorer la compétence langagière des apprenants ; motiver les élèves à apprendre à apprendre.
Méthodologie : l’observation directe et systématique, l’explication, la conversation, les questionnaires, les fiches pratiques, le test d’évaluation.
Démarches suivies dans l’exploitation des documents oraux:
1. Activité de pré écoute
Ce type d’activité sert à :
• Préparer la séquence en créant une attente chez l’apprenant
• Contextualiser le document en établissant des liens avec le vécu des apprenants, en sensibilisant les apprenants au thème (grâce à l’observation et à la description d’une ilustration), en facilitant la compréhension des documents (grâce à l’apport d’outils culturels et/ou lexicaux).
• Impliquer les apprenants en leur faisant deviner, anticiper, formuler des hypothèses.
Exemples d’activité :
• Remue-méninges sémantique pour rappeler des mots oubliés ou introduire des termes nouveaux, utiles pour la compréhension du document.
• Remue-méninges thématique – pour mobiliser les connaissances des élèves sur le thème traité par le document et leur faire produire des hypothèses sur le contenu du document.
• Description à partir d’un dcument visuel pour mobiliser les connaissances des élèves liées à la situation de communication présentée et vérifier que la situation de communication est comprise.
• Faire des hypothèses – pour motiver les apprenants en faisant appel à leurs connaissances et leur capacité de réflexion et pour les faire anticiper sur le contenu du document et faciliter sa compréhension.
En partant du connu (la situation) vers l’inconnu (le discours), d’une part les élèves peuvent formuler des hypothèses (prévision de ce qui va se passer grâce à leur expérience personnelle), et d’autre part les formes linguistiques nouvelles prennent plus facilement sens car elles sont intégrées à une situation de communication concrète.
2. Première écoute – compréhension globale
Dès la première écoute, les apprenants auront une tâche à accomplir. L’enseignant leur dira ce qu’ils ont à faire durant cette écoute. Lors de cette première écoute, ils devront comprendre la situation, les intentions de communication, les relations des personnes entre elles. Après la première écoute, les apprenants répondent à des questions et font des hypothèses gràce à ce qu’ils ont entendu. Il s’agit d’un travail collectif auquel participe un maximum d’élèves.
Exemples d’activités :
• Repérage de choses simples telles que la nature du document (interview, dialogue), les interlocuteurs (nombre, nom, profession), le lieu et le sujet du document. On demandera aux apprenants de répondre à des questions telles que : Qui parle à qui ? Combien de personnes parlent ? Ce sont des hommes, des femmes, des enfants ? Où se passe l’action ? De quoi parle-t-on ? Quels registre de langue utilise-t-on ?
• Petite prise de notes pour noter les informations entendus et préparer la restitution orale
• Mise en commun de ce qui a été compris par rapport au repérage demandé
• Vérification des réponses au cours d’une deuxième écoute.
3. Deuxième écoute – compréhension fine/détaillée
Lors de la deuxième écoute, on demandera aux apprenants de vérifier leurs hypothèses et de répondre à des questions de structuration du discours. On les aidera à repérer les liens logiques et les marqueurs chronologiques afin de pouvoir élucider le sens.
Exemples d’activité :
• Repérage de notions plus précises (description d’une personne ou d’un objet, arguments publicitaires, chronologie d’un récit, indications d’un itinéraire)
• Travail avec une fiche d’écoute pour guider l’apprenant
• Ré écoute du document si nécessaire pour confirmer ou infirmer les hypothèses formulées par les apprenants.
L’étape de la compréhension orale proprement dite est à ce point finie. Elle est prolongée et complétée nécessairement à travers les exercices uivants :
1. Activités d’entraînement (lexique/grammaire)
2. Exploitation en production orale/écrite
3. Élargissement culturel/lexical.
La typologie d’exercices pour développer la compréhension orale comprend :
• des questionnaires à choix multiples avec une seule/plusieurs bonne(s) réponses(s) (QCM)
• des questionnaires vrai/faux/on ne sait pas
• des exercices à compléter : exercices à trou ; liste ou texte avec des intrus à repérer/corriger
• des exercices de mise en ordre
• la «pêche aux mots » (chez les débutants) – le principe est de noter tous les mots/suite de mots que l’on comprend. Après l’écoute, ils sont notés au tableau par le professeur sous la dictée des élèves. Cet exercice permet de dresser un panorama lexical et thématique du document, qui constitue ensuite une base solide pour aborder de manière plus organisée son écoute.
• Des exercices de repérages : des termes indiqués avant l’écoute, des champs lexicaux, des indices sur un élément donné (personne, chose, lieu, événement).
Cet exercice peut s’organiser de diverses manières :
• Tous les élèves travaillent sur les mêmes questions
• Le document est découpé et attribué aux élèves, seuls ou en petit groupe
• Des exercices de classement
• Des exercices d’appariement
• Des tableaux à compléter
• Des exercices de reformulation : résumer, trouver un titre
• Des questionnaires à réponses courtes (QROC)
• Des questionnaires ouverts
Conclusions
Pour bien réussir la compréhension de l’oral il faut :
1. Préparer à l’écoute – il est nécessaire de mettre l’apprenant en situation d’écoute active en lui donnant une tâche précise à accomplir avant l’écoute du document
2. Varier les types de discours – pour assurer le développement de la compétence, il faut également varier les types de discours, introduire très vite les discours authentiques.
3. Diversifier les procédures d’exploitation pédagogiques – les procédures d’exploitation doivent se présenter comme des aides à la réception et guider l’apprenant vers l’autonomie.
Une classe communicative ne se construit pas du jour au lendemain. Elle nécessite une ambiance socio-affective favorable, dans laquelle l’apprenant s’investit activement et personnellement, conscient qu’il est respecté pour ce qu’il est, avec ses propres opinions, intérêts, forces et faiblesses, et son mode d’apprentissage préféré. Elle se caractérise par un esprit de coopération, qui fait de l’apprentissage de la langue cible une expérience socialement partagée. On ne connaît pas de panacée pour l’enseignement à la compétence de communication. Il revient toujours à l’enseignant d’adapter les matériels à sa situation particulière : remplacer les dialogues structuraux par un discours naturel, ajouter des textes authentiques at des tâches réalistes afin de rendre l’apprentissage plus significatif.
Bibliographie
Dragomir, M., « Puncte de vedere privind predarea – învăţarea limbii franceze ca limbă străină – Considérations sur l’enseignement – apprentissage du français langue étrangère », Ed. Dacia, Cluj-Napoca, 2001
Mathe, M. et col., Manuel de formation – Projet Ministère de l’Education , de la Recherche, de la Jeunesse et du Sport – SIVECO
Ştefănescu, R., «Démarches d’évaluation des compétences en fle », Ed. Revers, Craiova, 2019