Qu’est-ce que la compétence? Utilisé pour la première fois par Chomsky en 1965, le concept de compétence a été élargi et complété par le sociolinguiste Hymes en 1991. Pour Chomsky, la connaissance des règles grammaticales (afin de formuler des énoncés correctes) était la seule condition de l’utilisation correcte d’une langue.
Plus tard, les recherches des linguistes des décennies suivantes ont constaté que la notion chomskyenne de « compétence » avait perdu de vue le fait que la réalisation des énoncés se fait dans de différentes situations, dans un contexte qui revendique pourtant la connaissance des règles d’emploi psychologiques, sociales, culturelles. C’est ainsi qu’on a vu la mise en œuvre de la compétence linguistique complétée par une compétence psycho-socio-culturelle pour donner naissance à la « compétence de communication »
Pour Philippe Perrenoud , la compétence est « une capacité d’action efficace face à une famille de situations , qu’on arrive à maitriser parce qu’on dispose à la fois des connaissances nécessaires et de la capacité de les mobiliser à bon escient, en temps opportun, pour identifier et résoudre de vrais problèmes. »
Selon le Conseil de l’Europe, les compétences sont ainsi classifiées :
a) La composante linguistiques qui comprend les aptitudes de réception (écouter, lire) et de production (parler, écrire) qui reposent sur la connaissance du système de la langue (phonétique, lexique, grammaire, syntaxe, sémantique, orthographe).
b) La composante socio-linguistique, c’est-à-dire la forme linguistique doit être adaptée à la situation de communication avec le respect de quelques règles et normes sociales (politesse, sexe, rituels, relations sociales, registre de langue, dialecte etc.).
c) La composante discursive ou énonciative : Quelle est l’intention du locuteur ? Quels types de discours y-a-t-il ? Le locuteur doit adapter son message au destinataire, prendre la parole, conter, décrire en respectant la cohérence et la cohésion de l’énoncé.
d) La composante référentielle suppose la connaissance du monde réel, la culture de la personne à laquelle appartient la langue.
e) La composante stratégique comprend des stratégies verbales et non verbales utilisées par le locuteur pour compenser un certain déficit de langue (langagier).
Officiellement, la notion de « compétence » a été introduite en Europe par la Recommandation du Parlement Européen et du Conseil du 23 avril 2008, établissant le « Cadre européen des certifications pour l’éducation et la formation tout au long de la vie » Selon le même document, la compétence est « la capacité avérée d’utiliser des savoirs, des aptitudes et des dispositions personnelles, sociales ou méthodologiques dans des situations de travail ou d’études et pour le développement professionnel ou personnel. Le cadre européen des certifications fait référence aux compétences en termes de prise de responsabilités et d’autonomie. »
Le concept de l’apprentissage tout au long de la vie est apparu comme une conséquence directe du développement des sciences et des techniques et, implicitement, du marché du travail. Les exigences de plus en plus nombreuses ont conduit à l’idée qu’un individu ne peut pas acquérir toutes les connaissances nécessaires pendant la formation initiale. Il doit s’adapter aux nouvelles demandes, aux changements qui apparaissent dans tous les domaines, donc il se voit obligé à renouveler ses acquisitions et en acquérir d’autres pour, ainsi dire, faire face et améliorer son travail.
En Roumanie, le concept a été introduit dans les Programmes scolaires dans le chapitre sur les « Suggestions méthodologiques » au début des années 2000.
Les compétences clés pour l’éducation et la formation tout au long de la vie sont présentées de la manière suivante :
1. Communication dans la langue maternelle.
2. Communication en langues étrangères.
3. Compétence mathématique et compétences de base en science et technologies.
4. Compétence numérique.
5. Apprendre à apprendre.
6. Compétences sociales et civiques.
7. Esprit d’initiative et d’entreprise.
8. Sensibilité et expression culturelles
Parmi ces compétences-clés, on retrouve en une position privilégiée la maitrise d’une langue étrangère, phénomène qui s’explique naturellement par la forte mobilité des individus, grâce à l’extension de l’Union Européenne. La langue, vue comme principal outil de communication, permet l’ascension dans la carrière professionnelle rêvée. Ceci est justement l’objectif du CECRL : de décrire, de comparer et de comprendre les systèmes d’apprentissages d’une langue étrangère. Il propose une échelle d’évaluation des niveaux de compétences, des démarches d’évaluation et d’auto-évaluation ainsi que des outils pour des apprentissages communs.
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Sophie Moirand, „Enseigner et communiquer en langue étrangère”, Hachette, 1990
Corina-Amelia Georgescu,” La didactique du français langue étrangère: tradition et innovation”, Tiparg, 2011
Recommandation du Parlement européen et du Conseil du 18 décembre 2006 relative à la mobilité transnationale dans la Communauté à des fins d’éducation et de formation: Charte européenne de qualité pour la mobilité-2006/961/CE