Tout enseignant est censé considérer l’erreur d’un apprenant comme une étape de l’apprentissage, absolument nécessaire et source d’enseignement pour tous les autres apprenants qui font partie du groupe – classe. Même si l’évaluateur a tendance à sursanctionner les erreurs commises par les élèves, celui-ci ne saurait pas les considérer comme impardonnables. En effet, les erreurs font partie du processus d’apprentissage témoignant, chez les élèves, du fonctionnement de leur interlangue, d’un système linguistique en train de se mettre à l’oeuvre reflétant une compétence linguistique transitoire qui correspond à un certain moment de l’apprentissage. Il est donc nécessaire d’envisager l’erreur comme un moyen, en évaluation formative, de réaliser des activités de remédiation.
Parmi les sources des erreurs dans l’apprentissage du français, il convient de rappeler : l’interférence de la langue maternelle, l’interlangue et la traduction mot à mot.
Ainsi, le roumain a un impact énorme sur l’apprentissage du fle. Nos élèves n’ayant pas la capacité de maîtriser les interférences, il en résulte des déviances socio – linguistiques. A toute étape du processus d’apprentissage, les apprenants laissent apparaître inconsciemment dans leurs productions orales ou écrites des propriétés du système langagier maternel, la langue maternelle étant alors une cause importante d’erreurs. En fait, il s’agit d’un transfert d’habitudes négatif lequel peut apparaître à n’importe quel niveau linguistique. Par exemple, au niveau phonétique on constate l’habitude des élèves roumains de simplifier la prononciation, en supprimant le son auquel ils ne sont pas habitués et en le remplaçant par celui qui est le plus proche du roumain : /universite/ au lieu de /ynivɛrsite/.
L’interlangue est à mi – chemin entre la langue source (le roumain) et la langue cible (le français). C’est un système linguistique propre à chaque apprenant et l’enseignant a du mal à en comprendre pleinement le fonctionnement dans sa démarche de remédiation.
La traduction mot à mot est, elle aussi, source d’erreurs commises par les élèves. En effet, la plupart du temps, les apprenants roumains communiquant en français, ont tendance à produire un énoncé traduit mot à mot, ou toute une structure qui existent dans la langue source, mais inexistants en langue cible. En d’autres termes, ils revêtent une structure morphosémantique avec laquelle ils parlent en roumain de mots français qu’ils portent en puissance ( – Bună ! Ce mai faci ? devient – Bonjour ! Qu’est-ce que tu fais encore ? au lieu de : – Bonjour ! Comment ça va ?/Comment vas-tu ?).
Dans une approche plus didactique centrée sur les techniques de classe, il y a de l’avis de M. Dragomir , deux cas particuliers à envisager :
- La structure fautive a été déjà conceptualisée par les apprenants et systématisée par l’enseignant – C’est l’occasion d’y revenir par des exercices d’appropriation et de fixation.
- La structure fautive est inconnue pour le moment, mais s’avère être nécessaire pour faire avancer les connaissances en langue.
L’enseignant la donnera, l’expliquera et y reviendra plus tard pour qu’elle soit conceptualisée par les apprenants.
Le parcours d’apprentissasge est parsemé, chez nos élèves, d’une multitude d’erreurs commises tant à l’oral qu’à l’écrit.
Ainsi, en production orale, l’enseignant est tenté de corriger à tout moment en interrompant l’élève qui est en train de parler sur le sujet proposé, or cette démarche pédagogique est entièrement erronnée : il faut permettre à l’apprenant de parler sans aucune interruption, repérer les erreurs les plus fréquentes qui empêchent la compréhension globale du message et y revenir après que l’apprenant a fini son exposé. Il ne faut pas éviter, là où le niveau du groupe – classe le permet, les intercorrections (c’est-à-dire demander aux autres élèves de s’impliquer de manière active au repérage et à la correction des erreurs).
Lors d’une production écrite, l’apprenant a plus de temps à sa disposition, il peut mieux réfléchir, voire consulter des ressources complémentaires (dictionnaires, encyclopédies, tableaux de grammaire, etc.). Les problèmes les plus soumis à l’erreur concernent : la cohérence et la cohésion textuelle (type de texte, ponctuation, paragraphes) et la morphosyntaxe (orthographe, lexique, morphologie des verbes, accord en genre et en nombre, etc.).
L’idéal, ce serait de former chez les élèves des habitudes et des compétences à l’autocorrection, il serait bon que ceux-ci connaissent les questions à se poser lors d’une relecture du texte produit. Par exemple : « Ai-je vérifié les accords en genre et en nombre ? Ai-je vérifié l’utilisation des temps employés ? Mes phrases s’articulent-elles bien entre elles ? Est-ce que mon message est bien structuré ? », etc.
Cela ne suffisant pas, il faut encore pratiquer de temps en temps la correction collective et sélective, en regardant à la loupe les paramètres essentiels et proposer des activités de conceptualisation, de systématisation et de réemploi.
En bref, tout apprenant roumain étudiant le français en milieu scolaire commet des erreurs, alors le rôle, la tâche de même que la responsabilité revenant à l’enseignant sont d’envisager ces erreurs comme une opportunité de consolider et d’élargir l’apprentissage, plutôt qu’un obstacle insurmontable à la communication en cette belle langue.
Bibliographie
Dragomir, M., «Puncte de vedere privind predarea – învăţarea limbii franceze ca limbă străină – Considérations sur l’enseignement – apprentissage du français langue étrangère», Ed. Dacia, Cluj-Napoca, 2001
Mathe, M. et col., Manuel de formation – Projet Ministère de l’Education , de la Recherche, de la Jeunesse et du Sport – SIVECO
www.academia.edu/38967755/La_place_de_lerreur_dans_la_didactique_des_langues_la_conception_de_l_erreur_et_son_traitement_par_l_enseignant_de_langues_vivantes_e_trange_res